HUIT

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- Comment vous nommez-vous ?
Demanda l'homme d'une voix claire, pensant qu'elle avait délibérément évité de répondre à sa première question.

La jeune femme en face de lui était d'une beauté saisissante, voire même extrême. Elle semblait à la fois simple et sophistiquée. Peut-être une petite nymphe habitée par de sombres démons ? Elle semblait traîner derrière elle une longue histoire.

- ...euh...Lydy et vous?
Murmura-t-elle d'une voix si douce qu'il n'aurait rien entendu s'il n'avait pas eu une ouïe fine.
Et cela lui plut. Ivan sourit. Elle semblait douce, et pas seulement délicieuse. Mais était-ce vrai qu'elle ne le connaissait pas dutout?

Il s'arrêta juste devant elle et commença à jouer avec une mèche rebelle de ses cheveux. Il était si proche qu'elle pouvait sentir son parfum ; un arôme aussi envoûtant que sauvage ; une odeur musquée. Lydy ferma les yeux. Tout à coup, elle trembla. Lui, il sourit davantage, conscient du pouvoir qu'il exerçait sur elle.

- D'ordinaire, elles me prient de ne pas les vouvoyer en retour, ma chère Hastal.
Chuchota-t-il, poussant délibérément le bouchon plus loin, même si en général les jeunes femmes qui entraient dans cette chambre étaient plus audacieuses. À cet instant précis, ils pourraient être tous les deux dénudés ou bien dans une position, s'offrant mutuellement du plaisir.

- ...pourquoi ?... Et qui êtes-vous monsieur.

Lança-t-elle, peinant à garder son sang-froid.

Il s'éloigna et alla s'asseoir dans le petit salon de son balcon. Apparemment, cette femme était bourrée de surprise. Elle ne le connaissait pas, ne comprenait pas pourquoi ils étaient là, et était pour couronner le tout d'une toute autre trempe que celle qu'il avait l'habitude de côtoyer.

- Probablement parce que c'est ainsi. N'est-ce pas le cas pour vous, ma chère Hastal ? Je m'appelle Ivan Banoda.
Répondit-il.

- Je suis votre fiancée. Ou du moins, nous allons faire semblant que je le suis...

Il réfléchit à ses paroles.

- Et alors ?...
Finit-il par dire, curieux.
Est-ce que cette femme avait bu?

- Je crois comprendre que ce n'est pas nécessaire d'être comme tout le monde monsieur, qu'est-ce que vous faites dans la vie?

Ivan ne put s'empêcher de sourire.

- Oui, et quelle est votre proposition ? Je suis un criminel mademoiselle.

- ...oh eh bien, je veux rester fidèle à moi-même. Et vous, vous n'avez qu'à me laisser jouer à ma façon.

Qu'entendait-elle par jouer à sa façon, était-ce une autre manière de s'amuser qu'elle allait lui montrer ?

Deux minutes s'écoulèrent.

- Eh bien ! Je suis d'accord.
Dit-il sans vraiment comprendre ce que cette mystérieuse nymphe voulait lui montrer, mais tout de même prêt à lui donner une chance.

Ivan se leva et ajusta son costume.

- et vous qui êtes-vous réellement?

Elle était une femme perdu, elle ne savait même pas pourquoi elle était chez lui.

- je....je suis...Lydy Hastal, prête à vous servir monsieur.
Incapable de soutenir le regard de l'homme, Lydy tremblait de tout son long. Elle avait eu raison d'avoir peur et maintenant devait expressément sauver sa vie.

- D'accord et qu'avez-vous à me proposer pour commencer ?

Plus de marche arrière, mais elle ne pouvait pas encore dire la vérité, elle devait faire semblant d'être la vraie.

- je vous propose une visite chez vos parents... oui... ou vos amis... je ne sais pas... une visite à ceux que vous voulez tromper, pour tester les eaux.

Il ferma la bouche et la regarda surpris. De quoi parlait-elle ?

- Vos... vos anciennes...

- Non. En effet, c'est la première fois que j'entends ce genre de choses, Lydy.

- Eh bien !...
Elle abaissa son regard et mordilla sa lèvre inférieure. En effet, cette femme n'avait aucune conscience de sa propre beauté.

- Vous voulez rencontrer mes parents.

- Oui...

L'homme acquiesça de la tête et quitta la pièce, perplexe.
Que venait-il de se passer? Qui avait-on ramené ici?

- je vous attends dans la salle à manger.
Dit-il.

Perdue, Lydy quitta la chambre, dès qu'elle fut sûr qu'il était lui-même assez loin. avançant d'un pas incertain, elle était résolu à fuir de là mais se retrouva face à son fiancé, attablé dans la vaste salle à manger, devant une multitude de mets alléchants. Aulieu de fuir elle venait de se rendre à son premier rencard.

- Puis-je m'asseoir ?
Finalement, après une éternité d'hésitation, elle osa demander, puis s'installa sous le regard de l'homme.
Finalement ce n'était pas encore l'heure de la grande fuite et espérons qu'elle ne se ferait pas démasqué avant que ce moment arrive.

- Parlez-moi un peu de vous, mademoiselle Hastal.
Entendit-elle, tandis qu'Ivan continuait de se délecter.

- euh....je suis née dans l'une de nos provinces, j'y ai grandi et je suis arrivée ici il y a seulement trois ans. Je gagne ma vie en tant que réceptionniste et caissière dans une petite boutique non loin de chez moi, et j'ai vingt-deux ans, c'est tout.

Il savoura une bouchée de carottes coupées, délectant chaque saveur qui chatouillait ses papilles, léchant à un moment sa fourchette avec une sensualité presque interdite. Et elle déglutit devant cette scène, consciente de la contraction qu'elle sentait dans le coton de sa culotte, un frisson délicieux parcourant son corps.
Pour quelle raison diabolique devait exercer une telle attraction sur elle, un criminel qui allait d'une minute à l'autre en finir avec elle?

- Et c'est tout?

- Oui, c'est tout, du moins tout ce que vous devez savoir.
Conclut-elle, précipitamment, ses mots s'échappant de sa bouche comme des oiseaux effrayés.
Bien-sûr qu'il en savait plus, Walter n'avait-il pas déclaré qu'ils savaient tout sur tout le monde?

- D'accord.
Concéda-t-il, son regard perçant plongeant dans le sien, cherchant à percer les secrets qui se cachaient derrière ses yeux.

Et il continua de manger, savourant chaque bouchée avec une dévotion presque religieuse, puis lui demanda pourquoi elle n'en faisait pas de même, elle-même. Elle mangea à peine un peu de viande, son appétit étouffé par les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête.

- Vous avez de la chance, je vais justement voir ma mère demain; nous déjeunerons ensemble.
Lui apprit-il à la fin du repas, en se levant de table avec une grâce naturelle.

- Eh bien, c'est parfait !
S'exclama-t-elle, voulant paraître normale, mais son cœur battait la chamade, trahissant l'ampleur de son trouble.

PLUS JAMAIS NULLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant