Chapitre 4

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KALINA

— C'est par ici, lança Simon d'une voix qui transperça le silence de la nuit.

Au loin, quelques bruit sourds se faisaient entendre du centre ville et de ses quartiers, mais sur les docks, l'atmosphère était calme. Un peu sinistre. Tout était entouré d'armatures en fers qui s'élevaient haut à un point imperceptible sous la brume des usines.

Quelques vaisseaux reposaient sur les quais, mais le dôme était fermé. La SSA contrôlait les moindres allées et venues d'Atlas et seuls les identifiés qui en détenaient l'autorisation pouvaient se permettre une escapade dans l'espace, de voyager d'une colonie à une autre. Certains habitants d'Atlas n'avaient même jamais quitté leur foyer.  C'était le cas de Simon, qui n'avait connu qu'Atlas et ses zones. Kalina, elle, pouvait quitter la colonie jusqu'à la SSA, et vice-versa, tous les jours depuis quatre ans. Depuis qu'on avait fait d'elle une employée officielle de la Station Spatiale. Elle ne voyait pas cela comme une chance, même si sa situation n'était pas à plaindre. Tout du moins, bénéficiait-elle d'un certain confort et d'un statut qu'on lui enviait. Elle pouvait le comprendre, elle avait vécu en Zone C durant son enfance. Non, Kalina craignait l'obscurité de l'espace. Elle savait qu'il s'agissait d'un gouffre mortel et qui s'y perdait, n'y revenait jamais. Il lui arrivait parfois de se demander comment avaient fait les humains sur leur ancienne Terre, grande, généreuse et pleine de vie. S'étaient-ils sentis libre ou avaient-ils craint l'espace, eux aussi ? Mais quand elle divaguait si loin dans ses pensées, elle se remémorait soudain que la superficie de la Terre n'avait rien à voir avec celle de la Colonie et que les Hommes avaient été plus libres que leur descendance ne l'avait jamais été. 

Ils marchèrent encore quelques minutes jusqu'à atteindre une zone éloignée des quais, dont le sol était parcouru de divers câbles. Au loin, par delà les hauts bâtiments éteints et silencieux, sinuaient les néons des spots publicitaires de la ville. Un frisson parcourut ses épaules et Kalina réajusta sa veste par-dessus sa robe blanche. Loin de la foule, la température était plus basse. Elle dissimulait ainsi son blazer accroché à sa ceinture, car ni elle ni son frère ne s'en séparaient, témoignant leur assignation en tant que policiers. L'arme savait se montrer convaincante à sa simple vue, et même si la criminalité était très timide sur Atlas, ils avaient tous les deux appris à la garder à la ceinture.

— Bizarre.
— Qu'y a-t-il ?

Kalina se tourna vers son frère qui inspecta les environs. Enfin, il trouva une borne. Il trifouilla dedans mais rien ne se passa. D'ordinaire, elle laissait apparaître un néon jaune qui s'étendait jusqu'aux bornes jumelles.  « POLICE LINE DO NOT CROSS » devait défiler en gros caractères. La jeune femme s'approcha.

— Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Une scène de crime ?

Elle n'avait rien entendu de tel à la SSA et si ça avait été le cas, elle aurait fait partie des premiers au courant.

— Non, 'fin je sais pas pourquoi on nous a demandé de barricader la zone. Par contre, ce que je sais, c'est que jusqu'à ce soir le ruban était activé.

Ils échangèrent un regard sceptique et tous deux sortirent leur blazer de leur ceinture.

— Quelqu'un l'aurait désactivé et serait entré ?

Sur Atlas, on évitait de se faire remarquer par la Police et de braver les interdits. Alors, souvent, les rubans de délimitation servait à eux seuls à empêcher les curieux d'entrer. Mais s'ils avaient été désactivés... Simon fut alors convaincu d'une chose : un rat trainait encore dans le coin. Sa sœur et lui le débusqueraient. Ils avancèrent prudemment, les sens alertes et Simon s'arrêta brusquement. Kalina suivit son regard jusqu'à un petit capteur planté dans le sol, pas plus grand qu'une balle de tennis, non loin de la borne mais parfaitement dissimulé dans le décor.

Une Touche de Bleu et de NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant