Chapitre 5

108 19 16
                                    

CALYPSO

Calypso se précipita hors du bâtiment. Escalader les armatures en fer devint difficile, ses forces lui manquèrent. Il se laissa tomber jusqu'au sol et ne retint pas le cri de souffrance lorsque ses baskets heurtèrent le bitume. La douleur intense à sa cheville le lança, comme un courant qui l'électrifia sur place. Il était aussi agile qu'un félin, il avait toujours eu une sacré détente malgré sa petite taille et surtout, il savait retomber sur ses quatre pattes. Mais suite à sa confrontation avec Kalina, il ne pouvait plus poser le pied par terre. Malheureusement, s'il ne trouvait pas un moyen de s'enfuir, le lieutenant Day le rattraperait - ou l'homme avec elle, et tous ses plans tomberaient à l'eau. Plus qu'une mauvaise passe, c'était probablement la mort qui l'attendrait. Ça n'était pas dans ses projets. Rencontrer D. en personne non plus. Comment réagirait-elle si elle apprenait qui il était vraiment ? L'aurait-elle laissé s'échapper ? Non... Il avait vu son regard. Et rien que d'y penser, un profond malaise l'envahît. Il grimaça, la douleur à sa cheville rappelant qu'elle existait toujours et il essaya de garder la tête froide. Il continua de courir, sautillant sur un pied, posant parfois seulement le bout de ses orteils sur la route, jusqu'à perdre l'équilibre, jusqu'à ce que le sang battant à ses tempes lui fila le tournis. La nausée le prit en grippe et il retira son masque, s'époumonant presque alors qu'il reprenait son souffle. L'air frais lui brûla la gorge.

Alors qu'il tenta de reprendre ses esprits, une voix grave l'interpella. Mais ce n'était pas celle de l'agent qui avait fait un détour pour le surprendre en bas. D'ailleurs, il réalisa qu'en effet, il n'était pas là. Cette voix était plus grave, plus féroce. Calypso releva la tête et son sang se figea dans ses veines. Il lui sembla que le temps s'était arrêté brusquement.

Ça non plus ça ne faisait pas parti de ses plans.

— Où tu comptes aller, Bouclette ?

Le sol parut se dérober à ses pieds. Calypso se maintint contre un mur, à bout de souffle. Ce n'était pas qu'il manquait d'air, même s'il aurait apprécié un peu de répit. Il peina à réaliser l'ampleur du bourbier dans lequel il s'était mis. Et son cerveau eut beau fuser à toute allure, la panique - pour une fois - eut raison de sa lucidité habituelle. Il tourna la tête et constata qu'il était encerclé. Il reconnaissait ces hommes et ces femmes masqués, même s'il ne s'était jamais retrouvé en face d'eux. Les chiens du Starhunter, les strikers.

Il devait bien admettre que cette fois-ci, il était cuit. Mais il n'était pas suffisamment résigné pour se laisser faire. Il releva le menton vers cette masse imposante qui se dirigeait vers lui. Elle tenait une cigarette entre ses doigts, et son avant bras à lui seul, avec sa veine gonflée, témoignait sa puissance. Une montagne de muscles prête à régler ses comptes. Il n'était pas exagéré de penser qu'un seul coup de poing de cet homme-là suffirait à vous arracher la tête. Et Calypso en avait, des comptes à régler avec lui.

— J't'ai posé une question, il s'arrêta face à lui et le dévisagea, t'es plus petit que c'que j'pensais. Les gars, z'êtes sûr c'est vraiment lui ?

Si Wolx n'en était pas certain lui-même, c'est que quelque chose ne tournait pas rond. Mais on ne laissa pas le bénéfice du doute. D'un coup, Calypso se plia en deux alors qu'une douleur étouffante heurta son estomac. Il crut recracher ses tripes. S'il avait mangé quelque chose, il aurait tout rendu. Wolx n'y allait pas de main morte.

— J'vais m'en assurer moi-même, reprit Wolx.

Il ne laissa pas à Calypso le loisir de reprendre ses esprits, il se saisit de ses cheveux, et le plaqua violemment contre le mur sur lequel il se maintenait. La douleur de son dos contre le bâtiment lui coupa - encore une fois - le souffle. Calypso grimaça et retint un gémissement. D'une main, Wolx lui attrapa les joues et de l'autre, il fouilla le garçon à la recherche... de quoi exactement ?

Une Touche de Bleu et de NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant