Chapitre 18

135 20 6
                                    


/!\ public averti : nudité

Starbite. Une colonie bâtit selon les principes du libre arbitre. L'humain, seul, jugeât et agît comme bon lui semble. Les règles ne valurent que pour ceux suffisamment puissants pour les faire appliquer. N'obéissent que les faibles (pour ceux encore en vie), car prévaut la loi du plus fort. Luttèrent les puissants pour régner sur des voleurs et des meurtriers.

Starbite fût la sauvagerie à l'état pure, la brutalité d'un ancien temps que les générations futures eurent tenté d'annihiler. Mais les cœurs sauvages, assoiffés de piraterie et de liberté, eurent fait perdurer le crime. Et puisque l'espace fût un titan obscur indomptable, les voyous eurent battis leur propre empire sur un tas d'os et une mare de sang. Régnât depuis l'ascension de leur dynastie, la Reine Complotiste et le Roi de la Corruption.

Starbite était pareil à un amoncellement incohérent de boites de conserves. Les bâtiments en fer s'élevaient et étouffaient dans des halos de lumières vives et colorées. L'obscurité tentait de marquer la cité de son emprunte mais les publicités pornographiques se pavanaient sur les murs, les toits et dans le vide en plein cœur des ruelles, que des ruches de câbles noués envahissaient. Les sols étaient humides de fluides douteux et la foule en mouvement qui s'amassait aux quatre coins de la minuscule planète artificielle diffusait sa chaleur. Jointe à l'humidité, le climat était lourd et poisseux. Tant d'odeurs se mélangeaient, qu'il devenait impossible d'en identifier une en particulier. Sueur, humidité, effluve corporelle, urine, alcool, fumée, pollution, gaz ? Le tout à la fois, nauséabonde, mais dont personne ne se souciait, car tout le monde sans exception portait des masques.

Ils allaient du design parfaitement sobre au plus excentrique, comme les coupes de cheveux, les piercings, les tatouages, et les styles vestimentaires noir ou excessivement coloré des habitants. Certains d'entre eux étaient abondamment maquillés, offrant un tableau à la fois envoutant et troublant. Leurs cils s'étendaient tels le plumage d'un paon, et il n'était pas rare de croiser des artistes passionnés par tous les animaux d'autrefois qu'ils tentaient de représenter via une mode provocante qu'ils exhibaient, parfois à moitié nu.

Kalina et Amaury s'étaient tous les deux scotchés aux vitres du StarHunter qui s'engageait dans le hangar. Survoler Starbite leur permettait de se faire une idée de ce nouveau monde qu'ils allaient découvrir. Wolx leur avait répété mille et une fois que la cité était dangereuse, qu'il ne fallait surtout pas quitter le groupe des strikers et par-dessus-tout, rester aux abords du vaisseau. Mais Amaury avait d'autres plans en tête. D'abord, il voulait visiter. Il ne craignait pas le danger, et il lui était inconcevable de rester enfermer dans un hangar alors qu'il mettait les pieds ailleurs que sur Atlas. Sa base de données avait besoin de souvenirs concrets, non pas de tout ce qu'il avait pu piocher sur le net.

Ensuite, Wolx. Il voulait savoir ce qu'il voulait régler comme affaire sur Starbite. Qu'est-ce qu'il y avait de si important qui nécessitait une escale alors qu'il y avait plus urgent : s'assurer que son vaisseau abordé et son équipage soient saufs. Kalina ignorait peut-être tout de cette mission alors Amaury ne lui en parlât pas. Toutefois, il se demandait comment la convaincre de le laisser partir car elle ne semblait pas vouloir le quitter d'une semelle. Ils traversaient le hangar à grande enjambées, alors que les strikers s'étaient réunis de l'autre côté des docks.

— Hors de question que tu t'en ailles tout seul ! Où tu crois pouvoir aller ? Et s'il t'arrivait quelque chose ?

— Alors tu n'as qu'à venir, ce n'est pas comme si je cherchais à m'enfuir.

Il voulait rentrer sur Atlas avant tout.

— Et si on se perd ?

— J'ai déjà consulté les plans de Starbite.

Une Touche de Bleu et de NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant