Chapitre 29

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L'Hibernation.

L'état d'urgence confinait la population des Radiés dans une planque commune, permettant ainsi l'arrêt du trafic au sein des districts. C'était une mesure de confinement que l'on utilisait principalement pour se cacher de la milice, lorsqu'elle envahissait les souterrains pour réduire en miettes les bidonvilles – ou ce qu'il en restait, depuis des ans.

Mais les Radiés évoluaient sans cesse ; ils n'avaient pas le choix s'ils voulaient survivre. Les nouvelles générations trouvaient toujours un moyen astucieux d'échapper à la milice et dernièrement, Amaury, réputé pour ses compétences de hacking, avait trafiqué les plans des souterrains d'Atlas, créant ainsi un dédale labyrinthique qui semait la confusion au sein de la milice. Ça avait fonctionné une première fois, deux fois, trois fois, plusieurs fois chaque fois qu'elle descendait pour les traquer, mais tous les habitants des souterrains savaient que ça n'était qu'une question de temps avant que la milice ne réalise la supercherie.

Ça avait été un travail de longue haleine qui avait évolué au fil des ans, de pirates en pirates, pour permettre à la combine de prendre et persister. Si tout avait été fait d'un seul coup, ça n'aurait pas marché ; les plus vieux agents en poste au sein de la milice de la military corp, aujourd'hui retraités, connaissaient les bas-fonds de la colonie presque comme leur poche. Un jour, on les consulterait et ils comprendraient que les plans étaient erronées. Alors, la military corp fouillerait dans leurs anciennes archives pour comparer le plan des souterrains avec celle dans la base de données, et les districts seraient à leur merci.

Il y avait un moment que les Radiés faisaient rarement parler d'eux, car mieux valait rester le plus discrets possible afin d'éviter d'attirer l'attention. Tout cela malgré les tentatives d'extinction à leur égard — comme (dernièrement) la répartition d'un gaz toxique dans les souterrains.

L'hibernation palliait à ces problèmes.

Malheureusement, l'arrestation récente d'un jeune Radié avait ranimé les médias et la détermination de la milice. Ce n'était pas seulement parce qu'il avait été surpris à la surface ; c'était à cause de la disparition d'une Azur, qu'on leur collait sur le dos. Les Radiés ignoraient tout de l'affaire mais ils étaient certains d'une chose : Ils n'en étaient pas responsable. Il n'y avait aucun Azur avec eux, ils n'en avaient jamais rencontré personnellement et ils les exécraient.

Les Radiés n'étaient pas dangereux contrairement à ce que les médias prétendaient. Ils étaient simplement des survivants, des hommes qui avaient pu vivre dans l'espace, mais à qui on interdisait l'existence parce qu'ils n'avaient aucun privilège. Ils ne descendaient d'aucune lignée porteur du gène A — qu'ils le possédaient ou non, et ils étaient alors considérés comme des sauvages en raison de leur ignorance et du sang des premier hommes dans leur veine.

Ils étaient une menace pour la survie de l'humanité dans l'espace, car ils étaient les héritiers directs de ceux qui avaient détruits la vie sur Terre.

C'était injuste, car ils n'étaient en rien responsable de la fin de toute vie sur la planète bleue. Elle avait déjà été sérieusement infectée par l'activité humaine et les guerres qui avaient divisés plus que jamais les États, privant les hommes d'une grande partie d'oxygène naturel suite aux radiations nucléaires. Et puis, la nature malade avait terminé le travail ; elle avait soulevé la mer pour engloutir les continents, des tempêtes pour balayer les civilisations, et des tremblements de terre pour détruire ce qu'il en resterait.

Les Radiés et les Azurs descendaient tous de la même lignée ; une poignée d'hommes et de femmes privilégiés, qui avaient abandonné le reste de l'humanité sur une terre à la fois enflammée et noyée, il y a plus de deux milles ans. Tout cela pour recommencer à zéro... Mais puisque les Radiés n'avaient aucun lien avec les expérimentations du nouveau genre humain depuis leur évolution dans l'espace, ils restaient des parias. Pour le gouvernement d'Atlas — et cela depuis mille ans — il était plus simple de détruire tout ce qui les reliait à l'ancienne Terre. Il désirait forger un peuple nouveau. Les Radiés étaient l'engeance des erreurs du Passé ; si Atlas voulait se montrer fidèle à son crédo « Atlas : le dernier espoir de l'humanité », elle devait éradiquer toutes menaces, même si ça impliquait l'extinction d'un groupe d'individus.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 13 ⏰

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Une Touche de Bleu et de NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant