Chapitre 9

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KALINA

La pièce était plutôt spacieuse. Elle accueillait un séjour, un coin cuisine tout en acier inoxydable et une énorme baie vitrée qui donnait sur l'obscurité de l'espace dans lequel ils voyageaient. Ces ténèbres envoûtantes lui évoquèrent les yeux du radié qu'elle venait de rencontrer. Même si elle ne le connaissait pas, qu'elle se trompait peut-être à son sujet, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour Amaury et du sort qui l'attendait. Elle s'assit sur l'un des canapés et se couvrit les jambes avec sa veste. Il faudrait qu'elle le lui rende, elle ne pouvait pas se permettre de la garder alors que les radiés étaient connus pour ne rien posséder. Même si, cette veste, il avait dû la voler.

— Serait-ce un gentleman ? fit remarquer Robby.
— Assez, soupira-t-elle. Ne tournons pas autour du pot.
— Ok, mais j'ai quand même droit à un café ?

Kalina, bien qu'elle afficha une mine renfrognée, ne pouvait pas l'en empêcher.

— Vous en voulez un ?
— Non merci.

Elle n'avait ni le cœur à manger, ni à boire.
Une fois que Robby eut terminé de couler son café, il s'assît à côté d'elle, un mug fumant à la main.  Le portrait de la célèbre actrice d'Atlas, Lara D. L, était gravé dessus, mais il avait perdu en éclat. Kalina releva un sourcil et l'observa souffler dessus. Elle en était certaine à présent qu'il était aussi proche d'elle, qu'il tenait cette tasse entre ses mains ; elle l'avait vraiment déjà vu. Sa frange qui ne retombait que d'un côté de son front, cette mâchoire anguleuse et son long nez droit...

— Je vous ai déjà vu.
— Pardon ? s'étonna t-il.

Et c'était justement aux avants-premières des films dont Lara D. L avait obtenu le premier rôle qu'elle l'avait croisé. Les officiers de la SSA étaient toujours conviés aux avant-premières sur Atlas ainsi que ses plus grandes personnalités. Lara D.L était une actrice prisée après tout. Ce Robby, elle l'avait vu là-bas, plusieurs fois. La tasse à sa main confirma ses doutes.

— Le ministre... vous êtes le fils du ministre ?

Mais ça n'avait aucun sens. Il devait se trouver sur Atlas et non pas sur le Star Hunter, vêtu d'un costume blanc taillé sur mesure et non pas de son cargo à sangles violet et d'un simple sweat blanc.

— Oh. Vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre.
— Ça m'étonnerait, grogna Kalina. N'essayez pas de me faire tourner en bourrique. Vous ne m'avez peut-être jamais rencontrée, mais moi, je vous ai déjà vu aux côtés de votre père.

Robby lui sourit :

— Non, je vous assure, vous me prenez pour un autre.

Kalina l'étudia un moment, se demandant s'il se payait vraiment sa tête ou s'il y avait eu confusion. Et puis, un détail qui lui avait échappé la frappa tout de suite.

— Votre tatouage...

Le fils du ministre ne portait pas de tatouage et même s'il ne s'agissait que d'un fin trait bleu qui contournait sa joue, ça restait trop tape à l'œil. Les tatouages n'étaient pas interdits sur Atlas et quelques personnes appréciaient se faire graver quelques petits motifs sur la peau, notamment avec les technologies actuelles qui leur donnaient un aspect vivant. Mais les dirigeants devaient avoir une tenue exemplaire, alors s'ils en avaient, ils les cachaient. Dans l'esprit de la majorité des gens, les tatouages à l'encre étaient surtout assignés aux rebelles et aux voyous. Ils ne parcouraient pas les rues d'Atlas, dirigée d'une main de fer, mais il n'y avait qu'à voir Wolx ainsi que les autres strikers, originaires des quatre coins de l'espace : tous arboraient fièrement leurs tatouages, plus ou moins gros.

Une Touche de Bleu et de NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant