Chapitre 5

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Je mis mes pieds sur le sol froid de ma chambre. Un frisson me parcourra le corps. La pièce était plongée dans le noir. Un noir d'encre semblable à celui des abysses. C'était bien ma chambre. Pourtant j'avais l'impression d'y être étranger. Dehors, le vent sifflait. Je distinguais le bruissement des arbres qui se pliai face aux bourrasques. L'idée qu'un monstre se trouvait tapis dans l'ombre me parut plus plausible que jamais. Il était tôt. Un cauchemar m'avais tiré du sommeille. Le garçon de ma vision se faisait tué de mille manière différente devant moi. De la sueur ruisselet de mon corps. L'eau froide sur mon visage, m'ancra dans la réalité. Je suis resté comme ça un moment avant de relever les yeux. Dans le miroir mon visage se confondait avec celui du garçon. Je déglutis difficilement. J'éteignis les lumières et le garçon disparus. Sans plus attendre, je regagnas mon lit.

Quelques heures plus tard, c'est une odeur de fumé qui me réveilla. Le couloir était rempli d'une odeur de brûlée. Dans la cuisine mes parents se noyaient dans la fumée. La fenêtre ouverte, ils s'agitaient pour tenter de faire sortir la fumée au plus vite de la pièce. Le froid s'engouffrait dans la pièce. Tout me poussait à quitter cet endroit au plus vite. Ce sentiment d'insécurité, je le mettais sur le compte de ma vision de la veille. J'avais encore quelques nausées et vertiges, et la sensation que je pourrai vomir à n'importe quel moment entravait mes mouvements. Mes parents s'étaient organisés pour m'emmener et me ramener jusqu'à la fin de la semaine. Dans la voiture de mon père, la radio me scia les oreilles. Je dus me faire violence pour ne pas lui demander de faire demi-tour.

Je vacillais dans la cour, jusqu'à ce que mes jambes s'écroulent juste à côté de Marc. Voyant mon état il se leva d'un bond m'intimant de rentrer chez moi. La première sonnerie retentit. Prudemment je me relevai. Luca posa sa main sur mon coude. Je le repoussa doucement avec le peu de force que je possédais. Rosalie était passée devant nous sans nous prêter la moindre attention. Aussitôt que mes yeux s'étaient illuminés j'étais droit comme un piquet et tentai ma chance en lui adressant un bonjour amical. Elle se retourna et me jugea des pieds à la tête avec un air de dégoût. Luca me donna une tape amicale dans le dos avant que l'on reprenne notre chemin. Ils me suivirent jusque devant ma classe. Je me redressai, pris une grande inspiration avant de passer la porte. Devant moi, le regard d'Émeric croisa celui de mes amis. Il me regarda avec sévérité et il vint se placer à côté de moi.

-Ça va ?

Je répondis par l'affirmatif sans le regarder. Du coin de l'œil je le vit adresser un message à un certain Bruno sur son téléphone. Plusieurs fois durant la matinée je surpris mes professeurs me regarder inquiet par mon état. Ça n'avait rien d'étonnant puisque plus le temps passait plus je me sentais mal. Seulement je ne voulais pas rentrer chez moi et me retrouver seul. Pas avec la désagréable impression que l'on m'avais dérobé quelque chose.

Je n'avais pas touché à mon assiette. J'avais bien essayé mais les pattes posées sur ma langue me donnaient la nausée. Le simple fait de regarder mon assiette me retournait le ventre. A l'intérieur de la cantine je portais mon manteau, mes bras entouraient ma taille, ma tête était sur le point d'exploser, je tremblais. J'avais posé mon front sur la table. Fermant les yeux quelques instants, mes douleurs semblèrent s'être apaisées. Luca me tapota le dos, en relevant la tête une vue splendide s'offrit à moi. Rosalie. Attablé quelques tables plus loin avec Célia. Pris d'un sursaut. Je redressai mon dos, remis mon plateau et mon manteau en place et commença à manger comme si de rien n'était.

De la bile ne tarda pas à monter dans ma gorge. Un marteau piqueur se trouvait désormais dans ma tête et dans mon dos. J'adressai un sourire à Rosalie avant qu'une envie irrépressible de régurgiter ce que j'avais dans mon ventre me fis sortir de la cantine en courant. Je vis, du coin de l'œil, Émeric entrer dans l'infirmerie. J'étais à peine rentré dans une cabine que mon ventre se mit en action. Le bourdonnement dans ma tête s'intensifiait au point de me paralyser. Je tombai à genoux. Recroquevillé dans un coin des toilettes, ma tête dans mes genoux, mes mains sur mes oreilles, je n'avais jamais connu une douleur pareille. La porte s'ouvrit brutalement.

Alonzo Dernières VisionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant