Recueil super héroïque

Reste.

Prompts : Je sens ta respiration contre ma nuque.

J'ai eu peur de te perdre.

***

Tu t'es accroché à mon cou, par derrière, tu me serres contre toi. Je sens ta respiration contre ma nuque, ce qui fait se dresser les poils de mes bras. C'est parce que tu as eu peur, peur de me perdre. Parce que je ne fais pas assez attention à moi, c'est toi qui le dis, mais tu n'es pas le seul. Vous avez peut-être raison, mais je ne peux pas m'en empêcher.

N'empêche que tu t'es accroché à mon cou.

Je suis sûr que même toi tu ne l'as pas vu venir, ton corps a bougé tout seul, tes jambes et tes bras ton trahi, ton corps tout entier a désobéis aux ordres de ton cerveau.

Est-ce que tu as les yeux ouverts ou fermés ? Je sens ton nez contre mes cheveux. Ta bouche si près de ma nuque. Je ne peux plus bouger d'un pas, je ne peux plus avancer. Tu triches là. Est-ce qu'il n'y a pas un règlement contre ce genre de gestes ? Est-ce qu'on ne devrait pas interdire les gens qui nous attrapent et nous serre contre eux si fort qu'on pourrait étouffer ?

Et puis c'est pire quand tu ouvres la bouche et que tu murmures :

— Reste !

Je ne savais même pas que tu pouvais murmurer. Je ne savais même pas qu'on pouvait entendre tant de faiblesse dans ta voix, toi qui gueules pour un oui, pour un non.

Tout à coup tu me parais ébranlable et ça me fait bizarre. Que mon si incroyable modèle puisse flancher, douter, avoir la trouille au ventre.

— Reste, répètes-tu sur le même ton.

Mais je dois y aller non ? Je dois sauver les gens, je dois me battre, je dois me sacrifier s'il le faut. Tu le sais aussi bien que moi. C'est ça être un super héros, c'est vers ce but que je me suis toujours dirigé. Je ne peux pas laisser tomber, quand bien même tu me serres si fort contre toi.

— Si tu y vas quand même Izuku, je te bute, souffles-tu.

Je frissonne. C'est plus fort que moi. Ta voix chaude contre ma nuque. Ta façon de prononcer Izuku comme si tu n'étais pas encore bien sûr que ce soit mon vrai prénom. J'ai l'impression que tout mon corps se transforme en guimauve, j'ai les neurones en marshmallow. Je n'arrive plus bien à penser, plus bien à réfléchir, et je sais que c'est ce que tu désires. J'essaye de respirer à nouveau, j'essaye de me reprendre, de garder la tête dure, les idées claires.

— Kacchan...

— Tu vas y aller n'est-ce pas ?

J'acquiesce et ses bras se resserrent comme s'il pouvait me faire prisonnier.

— Ils ont besoin de moi, j'essaye de lui expliquer.

— J'ai besoin de toi, dit-il parce qu'il sait qu'il touche juste.

Pourquoi est-ce qu'il se gênerait ? Il me serre déjà tellement fort contre lui que j'ai déjà compris ce qu'il ressentait. Kacchan ne ment pas, il détourne parfois la vérité, mais au final sa franchise reprend le dessus. C'est son caractère.

S'il n'avait pas envie de me prendre dans ses bras, il ne l'aurait jamais fait, pas même pour me faire rester.

— Je vais y aller, dis-je d'une voix plus sûre.

Je sens son étreinte se faire plus lâche et je le regrette. Mais tant pis. Doucement j'avance et Kacchan retire ses bras. Je ne sens plus son souffle sur ma nuque, je retrouve mes esprits, je me souviens de ma mission. Je suis prêt.

Mais alors Kacchan avance jusqu'à mes côtés et prend ma main. Il noue nos doigts comme un puzzle.

— Si tu y vas, on y va ensemble, dit-il implacable.

Alors tout à coup, j'ai peur, qu'il soit blessé, de le perdre, d'échouer à le protéger. Je veux dire non, je veux le repousser, je veux qu'il abandonne cette idée. Mais je me tourne vers lui et Kacchan est en train de... De me sourire. Pas une affreuse grimace carnassière, non un vrai sourire. Les coins de sa bouche sont à peine relevés, mais quand même. Je me sens éblouie.

— Je viens avec toi, tu ne peux pas dire non.

Il a raison. Je ne peux pas dire non. Alors j'acquiesce finalement. Et Kacchan montre enfin les dents et beugle :

— Alors c'est parti ! On va tous les crever !

J'espère que j'ai fait le bon choix.

Kacchan me tire avec lui et me dit, comme s'il lisait dans mes pensées.

— Tu fais le bon choix sale nerd, arrête de réfléchir ! On y va !

Et on y va.

Fin.

L'autatrice : une envie comme ça que Bakugo se cramponne à Izuku.