4- LUNA

132 12 31
                                    

Je me suis mis dans de beaux draps. Le lendemain de ma fugue, après m'être complètement alcoolisée et que Emi m'ait ramenée chez moi, j'ai dormi presque toute la journée.

Et quand je me suis levée, je n'ai pas échapper à la "confrontation" de mon père ou plutôt au petit interrogatoire qui se résumait à me demander où j'étais partie, que je le fatiguait et que si je voulais bousiller ma vie c'était mon choix et que je devrait en assumer les conséquences.

Je me suis énervée et j'ai voulu partir m'enfermer dans ma chambre comme à mon habitude mais il n'avait pas apprécié que je parte en plein milieu de la discussion. Il s'est alors levé et m'a attrapé l'avant bras mais comme j'avançais, ça l'a fait tirer dessus et sa main s'est agrippée sur mon poignet. Je n'ai pas pu cacher la douleur que je ressentais suite à ce contact qui m'avait brûlé la peau et c'est à ce moment qu'il l'a découvert.

Mon père à remonté la manche de mon gilet malgré que je me débatte et lorsqu'il a vu mes cicatrices encore fraîches de la veille et d'autres plus anciennes, il s'est décomposé.

J'ai vu son regard changer, ses yeux me poignardant le cœur. Il avait du dégoût, de la colère envers moi et je crois que quelque chose s'est définitivement brisé en moi. Parce qu'il n'a pas cherché à me consoler, ni à comprendre. Il m'a lâché précipitamment sans rien dire et est parti de la maison pendant plusieurs heures sans un mot.

De la honte. Voilà ce que j'ai ressenti.

Je suis resté là pendant une ou peut-être deux heures, à pleurer de pure douleur. J'avais l'impression que la plaie qui avait été ouverte lors de la nuit où elle est décédée venait de se réinfecter. Et elle ne cicatrisera plus jamais.

Nous n'avons presque pas discuté les jours suivants. On ne se voyait que le soir et nos échanges étaient superficiels. Et puis, il y a trois jours, il a enfin lancé une vraie conversation.

- Je t'ai pris rendez-vous chez une psychologue.

- Pourquoi?

Mon cœur battait à mille à l'heure. J'étais terrifiée à l'idée de voir quelqu'un surtout que je sais où elle m'enverra si elle est au courant pour mes blessures. Et j'avais aucune envie d'aller faire un séjour en hôpital psychiatrique.

- Parce que tu as besoin d'aide, Luna.

- Contente que tu ne t'en aperçoive que maintenant...

- Ecoute, je ne peux pas t'aider là. C'est... ça dépasse mes compétences déclare-il avec des difficultés à trouver ses mots.

- Tes compétences? Tu te fout de moi?

- Surveille ton langage!

- Tout ce dont j'avais besoin c'était que tu me parles! C'est la seule chose dont j'ai besoin, qu'on communique! Mais tu te résigne à me parler depuis le décès de Maman. J'ai besoin de toi mais tu n'es jamais là! Tu t'obstine à garder tes distances avec moi!

Les larmes montent automatiquement et ma voix flanche. Je ne peux plus parler alors je baisse la tête et essaie de ravaler mes émotions. Mon père ne réagit pas, ne s'explique pas. A quoi bon? A quoi bon essayer de lui faire comprendre ce qui ne va pas s'il décide de faire le sourd?

Je repousse mon assiette et me lève de table, lâchant avec rage mes couverts.

- Qu'est-ce que tu fais?

- Je n'y peux rien si je lui ressemble autant, papa. Et tu ne peux pas m'en vouloir pour ça.

Je m'empresse de rejoindre ma chambre, claque la porte et glisse sur le sol en essayant de me calmer. Adossée contre ma porte de chambre, j'essaie de contrôler ma respiration avec difficulté. La tête commence à me tourner légèrement et outre le déchirement intérieur qui a lieu en mon être, j'ai l'impression de décrocher de cette réalité.

DAMAGED Où les histoires vivent. Découvrez maintenant