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Noémie

10 jours plus tard.

Je suis sortie de l'hôpital hier. J'ai dormi chez Ema, parce c'était impossible pour moi de monter les 4 étages de mon immeuble. Je galère à marcher, à respirer, et à bouger tout court. Ça fait aussi 10 jours que je n'ai pas vu Ethan, mon petit frère, qui est hospitalisé depuis de longues années. Il ne peut pas sortir comme il veut de l'hôpital, et moi je n'étais pas en état d'aller le voir. J'avais peur de l'effrayer avec ma démarche bancale et mes bleus qui couvrent la partie gauche de mon corps. Alors aujourd'hui c'est en taxi que je me rends à Necker, l'hôpital pour enfants malades qui se trouve à Paris. Je vais profiter de cette virée à l'hôpital pour aller y voir mes amis qui y travaillent.

Ethan n'est pas dans sa chambre, il est en soin. Selon l'infirmier que j'ai croisé il en a pour une bonne heure. Je l'ai loupé de peu... C'est en boitant que je me dirige vers les ascenseurs et que je monte au dernier étage. Cet étage est en cour d'aménagement, ce qui fait qu'aucun enfant n'a sa chambre ici. Ce coin de l'hôpital est notamment utilisé par le personnel médical. On y retrouve des salles de sieste, en attendant que ça devienne des chambres, et même des sorte des salles avec des télés, des consoles et des jeux-vidéos, pour les futures salles de divertissement. Je connais ce bâtiment par cœur. Je l'ai arpenté tellement de fois, que ce soit en plein jour comme aujourd'hui, ou en plein milieu de la nuit. Je connais presque aussi bien chaque personne travaillant ici, des médecins, aux cuisiniers en passant par le personnel de ménage. Ces gens sont mon quotidien depuis bientôt 5 ans. 5 longues années à les croiser presque tous les jours. Pour certains ce quotidien pourrait paraitre lassant, voir étouffant, mais pour moi c'est comme si c'était nécessaire. Ils me permettent de me raccrocher à l'espoir que mon frère puisse sortir un jour. Ces gens, tous autant qu'ils sont, contribuent à sa guérison. Ils sont ma lueur d'espoir.

Je m'arrête devant ce qui va devenir une sorte de salle de contrôle pour les pensionnaires de cet étage. Ce genre de salles sert aux médecins, afin qu'ils aient un accès centralisé aux données vitales de tout le monde. Une sorte de QG de la médecine en soit. Cette pièce est presque entièrement vitrée, depuis l'intérieur on a une vue imprenable sur les couloirs, mais depuis l'extérieur on ne voit rien de ce qu'il se passe dedans. C'est plutôt déstabilisant au départ mais je m'y suis faite. Enfin bref, sous l'une des vitres se trouve un petit piano électronique, il est branché en plus. Je m'approche et l'allume. Mes doigts se posent sur quelques touches et je grimace en entendant le son affreux qu'il propose. Comme dirait mon prof de piano de quand j'avais 7 ans, c'est pas le piano qui fait le pianiste, mais c'est le pianiste qui fait le piano. Il mentait mais bon je peux pas lui en vouloir j'étais qu'une enfant. Je décide de passer outre l'agression auditive que me procure cet instrument et commence à jouer le premier morceaux qui me vient en tête : In Memoriam de Kirill Richter. Je connais ce morceau sur le bout des doigts, littéralement. Une fois les dernière notes résonnant dans ce couloir vide, je réfléchis quelques secondes avant de jouer une autre chanson. La chanson préférée de ma sœur : Crazy, mais la version de Madilyn Bailey. Aux notes de piano se mêle ma voix. J'adore chanter depuis petite, apparemment, selon mes proches, je chante bien. De toute façon y'a personne ici, alors autant en profiter. Pendant que je chante il m'arrive de grimacer lors de grandes inspirations afin d'avoir l'air suffisant pour les prochaines notes, cela me fait super mal aux côtes mais j'arrive à continuer malgré tout. Des applaudissements se font entendre à la dernière note de piano. Je n'étais donc pas seule. Je me tourne vers la seule et unique personne qui m'applaudis et un sourire prend place sur mon visage en voyant Mathis, mon meilleur ami depuis 5 ans.

-Je comprends toujours pas pourquoi t'as pas accepté de faire The Voice... râle-t-il en s'approchant pour venir me donner une petite claque derrière la tête.

Bizarrement je suis bien contente qu'il ait eu ce geste envers moi, d'habitude ça me fait râler mais pas aujourd'hui. Tout le monde me ménage depuis 10 jours, pas de mots plus haut que l'autre, pas de grand câlin pour ne pas me faire mal aux côtes, mais malgré mon trauma crânien mon pote, qui est interne en médecine, n'a pas hésité à abattre sa main sur l'arrière de mon crâne, avec bien moins de force que d'habitude mais tout de même.

-J'ai tes médocs, m'indique-t-il en brandissant le sac en papier qu'il tient dans sa main gauche.

Je suis pas emballée à l'idée de me bourrer d'anti-douleur mais bon avec des potes médecins je vais pas avoir le choix... Et puis j'ai tellement mal que quelques médicaments ne vont pas me tuer. Il me fait un signe de tête pour qu'on entre dans la salle de contrôle. Il ouvre la porte et se stoppe net sur le pas de celle-ci. Je le percute, surprise par son arrêt. Je me frotte la tête quand enfin il avance à nouveau.

-Oh merde... jurais-je en comprenant le beug de mon pote quelques instants plus tôt.

Mathis me regarde avec un mélange bizarre entre « désolé que ce genre de chose n'arrive qu'à toi » et de « tu vas quand même poser ton cul ici pour prendre tes médicaments ». Je souffle mais je prends quand même place sur la chaise qui se trouve à ses côtés.


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Premier petit chapitre pour débuter cette histoire
Les choses sérieuses vont commencer dans le prochain chapitre...
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Toi, et seulement toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant