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        Une nouvelle matinée, encore ce soleil à peine levé et les bruits de leurs chaussures sur le goudron. C'était sa cinquième journée dans ce qui s'appelait lycée, et dont les paroles qui y étaient dispensées intéressaient le jeune homme qui s'était vu poser moulte questions par le médecin lors de leur dîner, le premier soir. Lucien s'était plutôt fait discret, à vrai dire. L'idée de parler ne lui avait pas plus tapé l'esprit que cela.

    Face à ses une réponses sur cinq, le docteur s'était inquiété quant à son intégration, de la difficulté du niveau scolaire ou bien de ses potentielles lacunes dû à son amnésie. Alors il avait questionné son neveu pour s'assurer qu'il n'ait pas été seul pour son premier jour. "Nahara m'a dit que ça s'était bien passé" avait été la seule affirmation qu'Aheen avait sorti. D'un certain sens, Lucien appréciait l'inquiétude du poivre et sel. Il n'avait plus l'impression d'être seulement un patient en convalescence mais plus un adolescent dans un milieu inconnu.

    En revanche, ce qu'il ne comprenait pas c'était l'attitude d'Aheen à la sortie de l'établissement. Lorsque la fin des cours avait sonné, Aheen avait aperçu son nouveau colocataire avec Rith. Lucien avait croisé le garçon dans les escaliers et s'était retrouvé à écouter son récit de sa longue journée, malgré lui. Quoique ça ne l'avait pas plus dérangé que cela. Aheen s'était soudainement incrusté dans la conversation et avait froidement rejeté Rith. Lucien avait été choqué par son comportement, ainsi que par le regard de Rith, qui avait légèrement hérissé les poils de l'amnésique. Il n'avait réussi à cerner cette tension entre les deux. Et sincèrement, il ne voulait pas vraiment le savoir non plus !

    Aheen avait pris les devants par la suite et ordonné à Lucien de le suivre, qu'ils rentraient et qu'il ferait mieux de ne pas traîner. Ne connaissant pas le chemin du retour, il s'était dépêché de le suivre après avoir servi un fin sourire désolé au garçon. Pourtant, il n'avait pas questionné Aheen. À vrai dire, il n'avait pas eu besoin puisque le neveu s'était aussitôt empressé de qualifier Rith de "mauvaise fréquentation". Mais qu'est-ce que ça signifiait ? Jusqu'à présent, du moment où l'avait rencontré jusqu'à cet instant, il avait été sympa.

    Alors, lorsque cette nouvelle journée s'annonçait déjà comme la précédente, Lucien s'attendait à revivre la même que celle de lundi et celle d'hier. À retrouver les deux filles près d'arbres, à croiser le regard glacial de la rouquine et le sourire trop lumineux de l'autre. Pourtant, quand le neveu s'était éloigné de lui en lui demandant d'attendre, le temps que Nahara le rejoigne, il n'avait pas eût à rester seul bien longtemps. Lucien avait rapidement croisé le regard de Rith, le même machin dans les mains. Il n'avait toujours pas idée de ce que c'était mais apparemment, Rith y tenait. L'adolescent s'était rapproché du nouvel étudiant, qui n'avait pas bougé d'un poil.

– T'es quoi ?; commença-t-il en le regardant de haut en bas; son chien ?

    Lucien fronça les sourcils. C'était dégradant et méchant. N'avait-il donc aucun tact ?

– Et toi ?; voulut-il se défendre; il ne t'a pas dit de ne pas m'approcher ?

– Parce que tu crois que je vais l'écouter ? Lui ?

    Rith se mit à rire quelques instants comme si c'était absurde.

– Plutôt me couper la main !; d'une voix basse comme si cela était un secret.

    Il y avait un différent que Lucien ne comprenait pas. Pourquoi est-ce que les deux ne semblaient pas se supporter ?

    Un peu surpris par l'hyperbole de ses propos, Lucien eut un mouvement de recul en écarquillant les yeux.

– Je ne rigole qu'à moitié; précisa-t-il.

    Pas convaincu de cela, Lucien le toisa quelques instants avant de regarder le hall rempli d'élèves. À y réfléchir plus sérieusement, il n'avait eu aucune forme de familiarité avec le bâtiment dans son ensemble. Rien ne semblait lui dire quelque chose. Rien que le mot 'lycée' lui était précédemment inconnu. D'après ce qu'il avait compris du monologue de Rith de la semaine, les paroles dispensées par des adultes s'appelaient 'cours', leurs métiers étaient 'prof' ou 'professeur', et la pause repas était en grande partie dans la pièce appelée 'réfectoire'. Quatre nouveaux mots appris, Lucien se sentait un peu plus en confiance quant au fait d'entendre les autres parler. Il ne sentait plus en reste.

Déchu  (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant