16 : #20FF1C

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        Les jours qui suivirent furent tristes. Le temps se prêtait à l'état d'esprit morose que Lucien vivait depuis une grosse et interminable semaine.

    Il fuyait. Il se cachait dans le grenier de Zliot, celui de sa chambre dont la lumière passait à peine par la minuscule fenêtre condamnée. Il était entouré de livres mais n'avait pas eu le cœur à les ouvrir, à en apprendre davantage.

    Rith avait désapprouvé le fait qu'il en ait parlé à Neeve. De vive voix, il lui avait fait comprendre que c'était irréfléchi et définitivement trop dangereux de faire confiance à un humain. Lucien n'avait rien dit depuis qu'il eut demandé à Glannon de raccompagner l'humain chez lui. Depuis, ils ne s'étaient pas croisés et il dormait dans le salon, ne venant dans sa propre chambre uniquement pour prendre une douche et s'habiller.

    Il l'informait de quelques banalités et que Neeve était venu trois fois en demandant à le voir. Il avait aussi dit que le lycée ne serait pas inquiété de son absence car il avait signé une lettre prétextant un accident de voiture à cause d'un chauffard ivre. Ce à quoi, il n'avait rien répondu.

    Il se cachait de Aheen aussi. Il se disait qu'en restant immobile dans un endroit inconnu, il ne le trouverait pas et ne s'en prendrait pas à lui.

    Néanmoins Glannon, aujourd'hui, lui avait demandé de ne pas se transformer en pierre et que se renfermer sur lui-même n'allait pas arranger la situation. Mais depuis, il ne s'était résolu à descendre.

    Il avait donc testé sa résistance. Il n'était pas affamé, ni déshydraté et il ne ressentait aucun grand besoin. Sauf celui d'entendre la voix de Neeve, elle lui manquait. Et son visage aussi, son sourire lui permettait de ne pas sombrer dans les larmes de la frustration. En fait, il lui manquait tout court.

    Il n'avait pas réussi à creuser sa mémoire à la recherche de son ancienne vie, ni d'une quelconque réponse sur sa chute et sa situation... particulière. Il n'y avait que la tignasse blonde qui envahissait nuit et jour son esprit.

    Il s'en voulait de s'être emporté contre lui, de l'avoir rejeté de la sorte et d'avoir décidé à sa place de s'il devait oui ou non faire partie de son monde. Il le voulait, évidemment, si cela était sans risque.

    Ayant marre de se transformer en statue de poussière, Lucien finit par descendre de sa cachette à la nuit tombée. L'hiver avait un crépuscule plus long, il donc n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. En revanche, il pleuvait, il l'entendait.

    Il descendit les escaliers avec peu d'entrain, les muscles encore endoloris et le froid anesthésiant ses pieds nus. Il avait emprunté un pantalon fluide noir à l'adulte et un pauvre tee-shirt blanc taché qui servait de pyajama. La maison était plongée dans le noir, le silence regnait et la solitude l'enveloppait lentement mais sûrement.

    Lucien sentit le besoin soudain de sortir, de prendre l'air frais. Il étouffait.

    Il attrapa des baskets à la volée, une veste qui trainait sur le meuble de l'entrée, les clés et il referma la porte. En tournant le verrou, il enfila ses chaussures et finit par la veste. Il faisait froid, il avait frissonné en se retournant pour descendre les marches. Arrivé au portail au pas de course, il rangea les clés dans son pantalon et s'arrêta sur le trottoir. Et maintenant ? Qu'allait-il faire ? Il pleuvait des cordes et le vent était trop fort pour faire une grande balade.

    Il n'y avait personne sur sa gauche, et seules quelques voitures disparaissaient dans l'angle de la rue. En revanche, sur sa droite, il y avait de la vie. Une voiture à l'arrêt au feu mais aussi une présence assise sur le rebord fin du muret du voisin, un parapluie couvrant son corps recroquevillé. Elle s'était levée aussitôt elle vit Lucien.

Déchu  (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant