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        Lucien ouvrit les yeux lentement. Ses paupières étaient si sèches qu'il crut en perdre ses cils, il cligna plusieurs fois pour retrouver l'humidité convenable afin de dissiper ce flou. La luminosité était pourtant moindre, le soleil se couchait et les derniers rayons caressaient son visage. Il inspira longuement, craquant son dos par la même occasion avant de toussoter. Il avait soif.

    Lorsqu'il se calma, il tourna la tête vers l'astre naturel qui déclinait à vue d'œil. Il en était au début de son sommeil. Si Lucien appréciait d'être réveillé ainsi, il referma rapidement les yeux en comprenant le paysage devant lui, à travers la fenêtre.

    Il était à l'hôpital, dans sa chambre habituelle.

    Glannon lui avait promis de ne l'y emmener qu'en cas de grande nécessité. Or Lucien eut du mal à placer des images, des mots, des ressentis sur ce qu'il s'était passé. Pourtant, en frôlant son œil droit, il n'était plus si sec. Son index était mouillé d'une larme dégringolant sa tempe.

– Lucien.

    La voix était douce et accueillante. Il se redressa lorsque le docteur s'approcha de son lit, les épaules basses et le visage épuisé. Il ne le connaissait pas sous un tel jour. Et encore moins habillé en noir, ce qui marquait encore plus ses traits.

– Glannon ? Pourquoi suis-je ici ?; d'une voix fort enrouée.

    Il attrapa la chaise qui se trouvait près de la porte, cette fois-ci. Il s'y assit sous le regard interloqué de Lucien. Quelque chose clochait, et ce n'était pas de la culpabilité de l'avoir ramené ici.

– Qu'est-ce qu'il y a ?; s'enquit-il aussitôt.

    D'abord il ne dit rien, mordillant sa lèvre inférieure et triturant ses mains sèches et abimées. Puis il finit par lever la tête, le mot "désolé" écrit sur chaque pore de son visage.

– Je me suis de nouveau retrouvé dans des ennuis ? Où est Rith ?

    Le docteur secoua la tête et attrapa délicatement une de ses mains, Lucien ne le repoussa pas.

– Rith n'est pas là.

    Sa voix était teintée d'une sonorité triste et défaite. Lucien fronça les sourcils.  

– Qu'ai-je encore oublié ?

– Lucien; l'interrompit-il doucement; sache d'abord que tu es resté inconscient un mois.

    La mâchoire lui en tomba. Il n'avait jamais passé autant de temps endormi.

– Et que rien n'est de ta faute.

– Ma faute ?; se méfia-t-il d'emblée.

– Nous avons retrouvé Maeve; lui annonça-t-il.

    Une drôle de sentiment naquit dans son cœur et il ouvrit grand les mirettes.

– Quoi ? Où est-elle ? Comment l'avez-vous retrouvé ? M'a-t-elle rendu visite ?; se précipita l'ange, soudain heureux de trouver quelqu'un de son ancienne vie qui ne voulait pas sa peau.

– Non, Lucien; l'arrêta l'adulte. Elle n'est pas venue.

– Mais... Mais pourquoi ?

    La déception fut grande et ses épaules se baissèrent comme si le poids de la Terre y pesait. Et ce fut à cet instant que Lucien vit dans les yeux du docteur qu'il cherchait ses mots, qu'il ne voulait pas lui dire mais qu'il en était obligé.

– Maeve a...; se coinça sa voix dans sa gorge. Maeve a tué Neeve.

    Son monde s'écroula. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Maeve, Aheen, Rith, ses ailes et ses foutus problèmes. Sa raison d'être n'était plus et à cet instant, il ne s'en rappelait pas. Néanmoins l'information le fouetta d'une violence inouïe.

Déchu  (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant