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        Lucien avait invité Neeve sous son toit, dans l'espoir d'apaiser son chagrin avant de le laisser seul. Ils étaient rentrés à pied, c'étaient donc trempés qu'ils avaient franchi le seuil de la porte. Les vêtements agrippés à des cintres coincés en dehors du placard, ils ne s'étaient rien dit. Neeve était éteint d'un silence tandis que le noiraud n'avait osé ouvrir son clapet. Il n'avait su quoi dire, que faire pour lui apporter son aide et soutien. Sur le porche, le plus petit avait tout de même retenu sa manche, la tête basse il avait soupiré lourdement avant de se blottir contre le buste du garçon. À part le minuscule 'ça va ?' de Lucien, leurs deux voix ne se rencontraient pas.

– Glannon ?; retentit à l'étage; je pars dans cinq minutes, promis.

    Elle râlait. Aheen, la moto dans la cour avant, était lui aussi rentré. Malheureusement pour Lucien, il était descendu trop vite au silence qui avait répondu à sa place. La tête brune du garçon avait de suite trouvé le visage déconfit de son meilleur ami. Déstabilisé, il s'était approché de lui en fronçant les sourcils. Neeve avait repris un sanglot en perdant l'équilibre, à quelques centimètres de la main de Aheen – il avait sans doute dû penser qu'il l'évitait. Le regard noir qu'il lança par la suite à Lucien avait glacé son sang. Il se rappelait nettement de la douleur et se serait bien passé de sentir sa peau sur sa gorge, la sensation de brûlure intense sur chaque millimètre de son épiderme, ses yeux aussi vifs que du sang et l'ambiance pesante qu'il traînait avec lui.

– Qu'est-ce que tu as foutu, sale pouilleux ?; cracha-t-il.

– Heen !; sanglota Neeve en tirant son bras.

– Tu l'as fait pleurer ? Tu n'as rien de mieux à faire ?

    Il frappa la tête de Lucien contre la porte, le bruit sourd résonna dans toute l'entrée, ça l'avait sonné. Un instant sa vision s'était brouillée, il ne savait même plus s'il clignait des yeux.

– Tu ne peux pas te rentrer dans le crâne qu'on ne veut pas de toi ?

    Le coup de poing décroché dans sa mâchoire avait fait vaciller Lucien, qui tombait dans un bruit sourd.

– Heen ! Mais arrête; tenta toujours le pauvre garçon.

    Malgré lui, Lucien toussait à en couvrir sa voix, s'appuyant sur la porte derrière lui. À peine une dizaine de secondes après, il entendit Neeve protester de vive voix et camoufler le noiraud de son dos. Il se remettait tout juste de son coup derrière le crâne qu'il ne suivait pas la discussion.

– Décale-toi; grogna Aheen, mauvais.

    Il y avait tout de même une touche de bienveillance dans sa voix, chose qui hérissa le poil de Lucien.

– S'il te plaît; sanglota Neeve; ne lui fait pas de mal.

– Je lui remets juste les idées en place.

– Aheen, il n'a rien fait.

    Légèrement incommodé des différentes douleurs insignifiantes, Lucien avait laissé ses mains s'agripper au dos du pull de son ami. Ils étaient déjà bouleversés de cette journée, et Aheen n'aidait en rien le sentiment pesant qu'ils trimballaient.

– Mais qu'est-ce qui te prend ?; demanda le blondinet d'une voix chevrotante. Ça a été une journée horrible, une amie est morte et tu ne trouves rien de mieux que de te déchaîner sur Lucien ?

    La douleur peignait chaque souffle.

– C'est qui ?; interrogea-t-il seulement d'une voix blanche.

– Pauline, mais quelle importance ça à pour toi ?

    Finalement, le nom lui disait quelque chose. Rith en avait déjà parlé. Il ne se rappelait plus exactement de qui elle était, néanmoins sa relation avec Neeve avait été citée à ce moment-là. Proche, de ce dont il se souvenait.

Déchu  (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant