Chapitre 12

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Je pense pouvoir dire sans trop me tromper que je ne suis pas la seule à ressentir, par moment, des émotions étranges, parfois forte, quand je conduis seule. 

Je passe énormément de temps avec ma voiture, et même si cela peut paraître puéril, je suis très matérialiste et je suis très attachée à chaque objet avec lequel je partage des moments. 

C'est donc pour cela que ma voiture est très importante. 

Mes moments préférés sont ceux où le climat se mêle à ma playlist, par exemple Roselyn de Bon Iver sous une pluie battante, où Sunny de Boney M sous le soleil écrasant du mois d'Aout. 

Aujourd'hui, l'automne domine le paysage et les arbres perdent leurs feuilles au gré du vent. 

C'est le week-end, pour le moment, les nuages retiennent la pluie et m'offrent la possibilité d'aller me balader en forêt. 

C'est de loin ma saison préférée, celle où l'on regrette l'été qu'on a trouvé trop chaud sur le moment, et où l'on a hâte de fouler la première neige, même en sachant que désormais, l'hiver n'offre plus de neige. 

Profondément plongée dans mes pensées, j'enfile ma paire de bottes, prends les clés de ma vieille Peugeot 504 et marche jusqu'au garage. 

Sur le court trajet reliant ma maison à ma voiture, je suis un peu déçue d'avoir reçu quelques gouttes de pluie. 

Cependant ce n'est pas ça qui va m'arrêter, alors je monte à bord, attache ma ceinture et démarre avant de quitter mon jardin. 

Je roule une petite demi-heure, ma playlist automnale qui défile dans ma vieille enceinte que je planque dans la boîte à gant m'enveloppe dans cette atmosphère si particulière. 

Arrivée à mon spot de balade préféré, je me gare sur le petit parking naturel réservé aux courageux qui aiment la nature et suis heureuse de constater que je suis la seule voiture aujourd'hui. 

Je descends, puis marche jusqu'au coffre où je mets quelques instants avant de trouver mon ciré, sait-on jamais. 

La météo normande est réputée pour être capricieuse, et je ne peux malheureusement pas contredire cette notoriété. 

Je marche depuis quelques minutes déjà, j'apprécie la solitude et l'ambiance mystique qui règle dans les forêts. 

Par chance, la pluie est toujours retenue captive par les nuages, alors je décide de faire une boucle un peu plus longue que d'habitude. 

Quand j'ai de la chance, il m'arrive d'apercevoir des lièvres, des chevreuils, au loin, et quand ça arrive, j'ai l'impression un peu idiote de découvrir quelque chose de rare et précieux, comme si la forêt me faisait assez confiance pour me laisser rencontrer ses protégés. 

Je m'enfonce encore et toujours plus dans les bois, perdue dans mes songes. 

J'entends soudainement un bruit de craquement bien distinct sur ma gauche, j'ouvre alors attentivement les yeux et balaie la zone à la recherche d'un quelconque renard ou lapin sauvage, mais malheureusement pour moi, ce n'est pas un animal de la forêt que je rencontre. 

C'est un chien. 

Ce qu'il faut savoir, c'est que j'ai une peur démesurée pour les chiens, que ça soit le plus massif des Rottweiler jusqu'au plus mignon des Chih tzu. 

Cette peur s'explique par le fait que, enfant, le chien de mes parents s'est jeté sur moi et ma mordu l'oreille, tellement fort qu'il m'en manque un bout aujourd'hui. 

Il n'a pas l'air du tout menaçant, il s'approche de moi la queue haute et l'air curieux, mais néanmoins je sens mon coeur accélérer dangereusement dans ma poitrine. 

Countdown (Loki)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant