Chapitre 6

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Je fais souvent le même rêve.

En fait, je fais ce rêve depuis toujours, du moins, aussi loin que je m'en souvienne.

C'est étrange, parce qu'au fil des ans, j'ai l'impression qu'il grandit avec moi.

Quand j'étais petite fille, je me souviens seulement de la personne qui habite ce rêve, de son visage.
Cette même personne qui depuis plus de vingt ans ne cesse de m'accompagner presque chaque nuit.

En fait, ce n'est pas vraiment exact.
Ce n'est pas systématiquement le même rêve qui me hante, mais plutôt la même personne.

Le rêve lui change plus ou moins, que ça soit de lieu, d'époque ... Seul lui est toujours

Je me suis longtemps demandé pourquoi je faisais ce genre de rêve, et après avoir questionné les personnes autour de moi, je m'étais vite rendu compte que j'étais la seule à avoir un seul et même protagoniste dans mes rêves.

Bref, ce soir encore, je pose ma tête sur mon oreiller en me demandant cette fois-ci ou mon subconscient allait m'emmener.

Je lis un bref instant, pose mes lunettes sur ma table de chevet et éteint ma lampe.

Comme chaque nuit, je sombre dans les bras de Morphée en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Il fait nuit.
Je ne perçois rien autour de moi, mais je sais que je ne suis pas en danger.
Je pose mes paumes devant moi, ce que je touche et moelleux et ressemble fortement à un matelas.
Je frissonne, l'air s'est soudainement refroidit.
Instinctivement je cherche du bout des doigts un interrupteur quelconque me permettant de voir où je me trouve.
Je touche un fil, et en le suivant, j'arrive rapidement à un bouton.
Je reconnais cet endroit.
C'est ma chambre.
Je me redresse dans mon lit et écarte les couvertures pour pouvoir me lever.
Mes pieds nus font grincer les lattes du parquet, je marche du bout des orteils comme pour ne réveiller personne alors que je suis seule.
Je m'approche de la fenêtre, l'extérieur est sombre mais je distingue quand même un jardin.
Ce n'est pas mon jardin.
Celui-ci semble magique, des fleurs poussent aléatoirement ici et là, leur couleur est si éclatante qu'elle perce même l'obscurité de la nuit.
Un peu plus loin, je distingue une gloriette avec des fleurs grimpantes qui habillent toute l'armature.
En m'attardant un peu plus, je distingue une silhouette de dos.
Un homme.
Mon cœur s'emballe dans ma poitrine quand celui-ci se retourne et me fixe désormais en restant immobile.
D'instinct je me recule de la fenêtre mais je butte contre quelque chose de dur.
Je me retourne et tombe sur l'homme de mes rêves.
Ses yeux verts me transpercent et les traits fins de son visage sont tendus, il semble contrarié.
J'ouvre la bouche pour dire quelque chose mais il pose son index sur mes lèvres.
C'est la première fois qu'il me touche.
Mon corps est électrisé.
Face à mon état déboussolé, il sourit et semble se détendre.
« Je suis là ».

Je reprends connaissance, mon cœur bat si fort qu'il raisonne dans mes tympans.
C'était quoi ce rêve de malade ?
Je cherche l'interrupteur de ma lampe de chevet et ne tarde pas à la trouver.
Je me redresse dans mon lit et tente de comprendre ce qu'il vient de m'arriver.

« Pardon d'avoir écourté ta nuit ».

Je hurle.
Rapidement, il s'approche de moi et plaque sa main glacée sur ma bouche.

« Chut ! Tu vas réveiller tes voisins ! »

Je suis encore en train de rêver.

Je pince l'intérieur de mon bras, mais bien évidemment rien ne se produit.

« Je sais que tu es choquée, jeune humaine, mais ça va passer ».

Si je ne rêve pas, et que c'est bien la réalité, alors bon sang j'ai besoin d'un remontant.

Je me lève sans même lui accorder un regard et disparais dans ma cuisine.
Bien sûr il me suit et ne semble pas apprécier mon ignorance.

Cependant je continue ce pourquoi j'étais venue dans cette pièce : prendre un verre.
Je saisie dans le placard un verre à ballon et ouvre la porte de mon réfrigérateur pour en sortir une bouteille de vin blanc entamé.

J'avale l'entièreté de mon verre et me pince l'arrête du nez.

« Ok. Je suis prête à écouter ».

J'avais très clairement reconnue mon interlocuteur à la seconde où je suis tombée dans son regard.

Il semblait un peu déboussolé par mon comportement, mais pas moins amusé.

« Elena ... Je suis venu parce que je suis autant tourmenté que toi. Depuis quelques années, quand je m'endors, je ne vois que toi ».

Mon cœur se serre dans ma poitrine, il fixe sur moi un tel regard que je peine à écouter ce qu'il me dit.

«  J'ai enfin réussi à trouver le moyen de te rejoindre, après 28 ans de recherche. Je viens de réussir ».

Il passe une main nerveusement dans ses cheveux ébène et semble en proie à ses propres émotions.

« Comment vous connaissez mon nom ? Et pourquoi vous ressemblez autant à cette personne dans mes rêves ? Je comprends rien ... » dis-je en perdant l'assurance dans ma voix.

Il m'offre un sourire ravageur et s'approche de moi.

« C'est tellement long à expliquer ... Que le mieux est que tu viennes voir par toi-même ».

Countdown (Loki)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant