La nuit est tombée sur Blois quand nous rentrons de notre sortie kayak.
"Eh ! Regarde là-bas!" crie Louis.
Il pointe du doigt le renfoncement dans notre petite cabane en bois où nous rangeons normalement les kayak.
Je plisse les yeux mais je n'ai pas remis mes lunettes, je suis incapable de discerner quoi que ce soit.
"T'as vu quoi ? Un lapin ?" plaisante Jade.
Pas inquiètes par les hallucinations de notre ami, nous traînons nos embarcations jusqu'à la cabane.
Malgré ma myopie et l'obscurité qui nous enveloppe, je vois un mouvement dans le renfoncement, trop gros pour que ça soit un lapin.
Un sanglier ?
Mais comment a-t-il pu atterrir ici, alors que nous sommes dans un jardin grillagé ? Il n'a pas non plus pu traverser la Loire, si ?
Je panique un peu et lance un regard inquiet à Louis.
Il est à ma gauche et jette à son tour un coup d'œil.
"Bordel ... C'est quelqu'un". Chuchote t'il.
Jade ricane, moi je ne fais aucune remarque, parce que je trouve que son hypothèse est plausible.
Je largue mon kayak à quelques mètres de la cabane, vite imitée par mes deux amis.
"Tu fous quoi Aimée ?!" demande Jade.
Je place mon index sur ma bouche pour l'inciter à se taire et approche à pas de loup le renfoncement sombre de la cabane.
Bordel.
Louis a raison.
Je discerne, difficilement, mais quand même, la silhouette d'un homme recroquevillé au sol.
Louis a aussi compris, il place son bras devant moi pour que j'arrête d'avancer.
"Attends ... C'est pas normal qu'il y ai quelqu'un ici. Il se cache ? Il est blessé ?"
Je sens de l'anxiété dans sa voix.
Pour ma part, c'est la curiosité qui prend le dessus, et j'ai qu'une envie, m'approcher de cette personne.
Je m'écarte de Louis en silence.
"Tu fais quoi ?!"
"T'inquiète pas, il va rien m'arriver !"
"Comment tu peux en être aussi sûre ..." bougonne t'il.
Je lève les yeux au ciel, je sais qu'il ne peut pas me voir, mais c'est un vieux réflexe.
Plus je m'avance, plus mon cœur accélère dans ma poitrine.
Je finis par m'arrêter à quelques centimètres, plus de doute possible, quelqu'un était bien recroquevillé ici.
Il semblait en mauvais point, j'entends sa respiration lourde et plaintive.
La théorie de Louis est donc vraie, cet homme est blessé.
Je me tourne vers mes deux amis qui sont restés un peu en retrait.
"Il a besoin d'aide".
Puis je me penche au dessus de lui.
J'approche ma main de son visage et je peux déjà sentir la chaleur qui se dégage de son corps, certainement du à la fièvre.
Soudain, mon poignet est brutalement agrippé et je crie sous la surprise.
Louis et Jade viennent jusqu'à moi, alertés par mon exclamation.
