CHAPITRE 46

56 4 0
                                    

Le Marqueur
⚠️
2009, 2 h Levens

Nous roulons pendant près de quarante-cinq minutes avant d'atteindre le hangar. Je suppose que l'heure est à l'aventure car pour la première fois nous quittons Monaco. Je l'observe concentrée sur la route, elle est magnifique, son sourire si élargi qu'il prend presque ses joues en otage. Excité par cette nuit qui s'annonce exquise, je me retourne et attrape la main de Simon. D'un revers violent, il la repousse et détourne le regard vers l'extérieur. Ma mâchoire se contracte et accuse le coup. Ces dernières semaines, je ne peux plus le toucher. Il n'était pas aussi réfractaire avant que Victor n'entreprenne de lui bourrer le crâne au quotidien avec des conneries plus grosses les unes que les autres. Comment peut-il se montrer aussi ingrat face à l'amour qu'on lui porte ? Que je lui porte. On fait tout ça pour lui, pour l'aider à aller mieux au-delà de le faire pour notre plaisir personnel. Il me rejette et je ne le supporte pas. Je pensais avoir démotivé Victor dans sa quête de retourner Simon contre nous. Il faut croire que j'ai sous-estimé sa détermination. Je vais devoir régler le problème rapidement.

Le contact se coupe, elle nous observe tour à tour.

— Rappelez-moi les règles.

— Pas de prénom, juste un surnom, m'empressé-je de rétorquer. Si elle crie, elle n'a pas mal, c'est une manière d'en redemander. Son consentement n'est pas nécessaire, si elle est ici avec nous, c'est qu'elle le veut.

Je jette une œillade furtive vers Simon qui se désintéresse totalement du moment.

— Et on ne s'excuse pas, jamais, c'est pour les faibles, sifflé-je.

Sans m'adresser un seul regard, son doigt d'honneur se visse dans les airs.

Rappelez-vous, ce qui affaiblit l'humain est l'erreur. Une seule et il y aura une conséquence. Compris ? renchérit-elle à son tour.

J'acquiesce, impatient d'entrer dans le hangar. Nous nous tournons simultanément vers Simon qui demeure mutique. Mes sourcils se froncent, j'expire, irrité par son comportement insupportable. Je commence à croire qu'il cherche à être puni, que c'est ça qui l'excite plus que tout le reste. S'il est une proie parfaitement silencieuse comme je les aime, je préfère de très loin les femmes.

Simon ? insiste-t-elle

Compris, murmure-t-il à peine audible.

Je plisse les yeux, il n'est pas avec nous et il va me gâcher mon plaisir. Tout ça parce que Victor existe. Elle m'embrasse à pleine bouche avant que nous nous dirigions vers le hangar, Simon nous suit d'un pas traînant. Lorsque la lumière éclaire la pièce, mon entrejambe accueille un premier spasme d'excitation devant le corps endormi de la femme.

Elle pose le sac spécifique à nos nuits et l'ouvre.

— Bien, annonce-t-elle d'un ton sérieux, ce soir, vous choisissez votre arme signature.

Elle dépose un chalumeau, un briquet, un allume-gaz et des allumettes.

Ne réfléchissez pas et prenez celui qui vous parle le plus.

Il y a un piège. Elle teste notre capacité à choisir le bon matériel pour être efficace et pouvoir les faire jouir comme il se doit. Motivé à passer à l'étape supérieure, je m'avance vers la table et sans aucune hésitation j'attrape le chalumeau. Je l'enclenche la seconde d'après et m'extasie devant la flamme intense qui brille devant mes yeux. Toutefois, les minutes s'allongent dans le temps et rien ne se passe. Je fronce les sourcils et mes narines se dilatent face à l'inaction de Simon. L'épaule collée contre un pilier, il reste dans la pénombre et comme d'ordinaire se cantonne à observer la scène. Putain de voyeur!

Sous Le Masque Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant