CHAPITRE 52

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Elaïa

17 h, Nice, Maison de Marie.

Je donne le goûter à Gaby avant de m'atteler au nettoyage de la vaisselle quand Eliott tire sur le torchon et attends avec patience les plats. Je lui lance quelques gouttelettes d'eau puis étire un sourire timide sur mes lèvres.

— Mon petit doigt m'a dit que ça se passait plutôt bien avec Justine.

Il acquiesce, ses joues rouges trahissant sa gêne.

— Elle m'a accompagné à l'hôpital vendredi dernier. Elle est restée pendant tout le traitement et le lendemain, elle a demandé à son père de nous emmener au parc. Je crois que je l'aime bien.

— Tant mieux, Eliott, je suis contente pour toi.

— Vraiment ?

Je hoche la tête.

— On ne dirait pas.

Je fronce les sourcils et penche la tête sur le côté, étonnée qu'il puisse penser une seule seconde que son bonheur ne m'importe pas. Alors que je m'apprête à répondre, il renchérit :

— Tu es triste, Ela. Maman s'inquiète pour toi. Apparemment Cam a appelé Arthur qui a prévenu Laurent qui a appelé maman. Il paraît qu'appart nous, tu ne donnes plus signe de vie à personne.

— Tout va bien, il n'y a pas besoin de s'inquiéter. Je vais bien.

Sa bouille enfantine se tord en une grimace et sa tête se secoue de droite à gauche. Ma bouche se pince furtivement avant de lui adresser un sourire crispé qui se voudrait convaincant mais qui est loin de l'être.

— Laurent a appelé maman, Ela, insiste-t-il. La dernière fois que c'est arrivé...

Je ravale le nœud qui se formait dans ma gorge. La dernière fois c'était quand, après ma sortie de centre de rééducation, j'avais entrepris de retrouver le Marqueur. De nuit blanche en nuit blanche, je refusais chaque appel, seule Carla était dans la confidence. Eliott l'était aussi parce qu'il avait la sale manie d'écouter aux portes. Face aux menaces de Laurent de se pointer à Nice et d'y rester, j'avais cédé et je m'étais confié à Arthur. Deux jours plus tard, il était dans mon appartement. Pendant plus d'une semaine, il était resté à me surveiller comme un condamné. J'avais accepté qu'il rencontre Carla et je leur avais exposé mon plan. Bien évidemment, ils étaient contre. Ils ont fini par capituler l'un et l'autre voyant que je refusais de lâcher prise. Que Laurent appelle Marie est l'alarme qui prouve que je me mens à moi-même. Je vais mal. Le problème c'est que l'admettre engendrerait des discussions que je refuse d'avoir. J'éprouve déjà des difficultés à me confier à ma psychologue, ce n'est pas pour m'étaler sur tous les maux qui m'abîment le cœur auprès de Laurent. Je sais bien qu'il voudrait que je lui laisse plus de place, seulement même si je l'affectionne, le passé a laissé des séquelles dans notre relation.

— Ché vrai que t'es trischte, intervient Gaby, la bouche pleine. Tu choue plus aux kapplas avec moi !

Je lâche un petit rire et délaisse la vaisselle pour regarder ces deux petites brunes. Si Eliott ressemble énormément à Carla et donc à son défunt père, Gaby a hérité de la génétique de Marie. Le partage est le même pour les personnalités de chacun. Gaby est sensible, émotif et demandeur d'attention quand Eliott s'avère bien plus réservé et dur même à son jeune âge. Il est de nature plus solitaire que Gaby. Mon lien avec Eliott s'est créé instantanément malgré sa grande méfiance quand celui avec Gaby a mis plus de temps. Je n'ai jamais considéré Tiffany comme ma sœur et les Ballant n'ont jamais été ma famille. En revanche, ces deux petits monstres, Carla et Marie l'ont été à la seconde où j'ai passé le pas de leur porte. Tout était évident quand j'étais avec eux.

Sous Le Masque Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant