CHAPITRE 51

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Simon

3 h 50, Loft de Simon, Nice.

Elle tourne les talons tandis que mes dents mordent l'intérieur de ma joue. J'avale une longue gorgée de whisky et repose la bouteille sur la table basse. Sa main se pose sur la poignée, je me relève dans une ridicule lenteur. Je dois lui dire que je préfère largement sa présence à celle de Roxanne.

— Non, attends, marmonné-je.

Elle secoue la tête, mes yeux s'écarquillent pour les garder ouverts avant que mes paupières ne clignent encore un peu. Pourquoi faut-il que l'alcool ait un effet aussi détestable sur le corps ? Ce n'est plus la migraine du lendemain qui m'inquiète mais ce que l'ivresse pourrait me faire dire comme âneries. Elle reste immobile devant la porte, je sens bien qu'elle hésite et si je veux qu'elle reste, je dois réfléchir et faire les choses bien. Réfléchir... ça risque d'être un peu compliqué avec du sang qui n'est plus que whisky. Je crois que j'ai un peu trop bu cette fois.

«Tu as un cœur et il bat pour Elaïa.»

Je déteste cette conviction de merde qu'a Victor.

«Simon, tu l'as dans la peau.»

Ça, j'admets que c'est peut-être un peu vrai. Dès qu'elle me touche, j'ai l'impression de découvrir de nouvelles sensations agréables. Quand elle est à mes côtés, j'ai besoin de sentir ne serait-ce qu'un effleurement. C'est aussi insupportable que nouveau. Parfois, je voudrais que l'envie s'arrête, je déteste l'effet qu'elle procure à mon corps. Parfois, comme cette nuit, je voudrais qu'il anime mon corps sans qu'il n'y ait aucune répercussion chaotique. Je titube jusqu'à me planter derrière elle. La main posée sur le meuble pour garder un semblant de contenance, je porte ma bouche à son oreille.

— Je... déteste... l'effet que tu as sur moi, articulé-je. Je voudrais ne jamais, jamais, jamais, t'avoir rencontrée.

— Le déplaisir est vraiment, vraiment, vraiment partagé, soupire-t-elle sans se retourner.

— T'es une ignoble petite sorcière, aux pouvoirs délétable... délétérble... délétères, repris-je en sentant la pièce tourner beaucoup trop.

— Et toi t'es un connard.

Ma bouche s'entrouvre, mais rien ne sort. Les mots ne veulent pas s'extirper de ma gorge. Même arraché, je n'arrive pas à lui dire tout ce que je pense. Ma tête refuse de lâcher prise, ça tourne en boucle comme une tornade qui danse sous mon crâne. Elle pivote, abandonnant temporairement de quitter la pièce. Pièce qui tourne vraiment beaucoup trop.

— Je ne t'ai pas dans la peau ! craché-je moins froidement que je l'aurais voulu.

— Génial.

— Génial.

Je cligne excessivement des yeux pendant que le silence envahit l'espace entre nous. Ses épaules s'abaissent après sa longue et lourde expiration. Elle dépose son casque, son sac à dos et ses clés sur le meuble de l'entrée. Sans attendre l'autorisation, elle place mon bras autour de sa nuque et m'accompagne... je ne sais pas trop où en fait.

Elle ouvre une porte, mais peste quand elle s'aperçoit que ce sont les toilettes. Elle continue son chemin jusqu'à la seconde porte, l'ouvre, traverse ma chambre pour ouvrir celle qui donne sur la salle de bain. Elle m'incite à m'asseoir dans la douche, alors que je m'apprête à protester, le jet d'eau glacé m'explose au visage.

— Ela ! beuglé-je bien plus éveillé que la seconde précédente.

— Co-nn-ard !

— C'est glacé Ela, bordel !

Sous Le Masque Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant