CHAPITRE 56

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Roxanne

23 h 30, Casino de Monte-Carlo, Monaco

J'arrive dans le bureau au pas de course. Lorsque j'ouvre la porte, mon cœur se serre. La main s'activant avec frénésie dans ses cheveux, Victor fait les cent pas. Il est sans nouvelle de Simon depuis la fin de l'après-midi. S'il arrive que Simon disparaisse de temps en temps et ignore les appels de Victor, on le retrouve souvent soit en bas de la résidence soit au restaurant de son père. Aujourd'hui, il n'était à aucun des lieux de prédilection. Sans attendre, je m'approche de lui et pose une main tendre sur son bras. Il tente de canaliser son anxiété grandissante en m'enserrant avec force.

— Ça va aller, Saran'ah, susurré-je contre son torse, on va le retrouver.

— Une heure, il a une heure de retard, il ne répond à aucun de mes messages et son père n'a aucune idée d'où il peut être. Forcément sa localisation est désactivée.

— Peut-être qu'il est avec... Ela.

Sans surprise, il se détache de moi et me fusille du regard. Il n'a pas vraiment apprécié que j'aille à l'encontre de son exigence et laisse Ela gérer le dossier Simon il y a deux nuits de ça.

— Je sais ce que tu penses Victor, admis-je, mais on ne peut pas les empêcher de se voir.

— Donc, tu veux qu'elle meure, crache-t-il avec froideur.

Mes sourcils se froncent avant que je vocifère une longue liste de juron en coréen. Je lui extorque un sourire, il me ramène à lui tandis que la tension dans ses muscles redescend légèrement.

— Que de mots d'amour, je suis flatté, se marre-t-il avant de déposer un baiser sur mon front.

La porte qui claque contre le mur avec violence me fait sursauter. Simon, les pupilles dilatées et la chemise ensanglantée apparaissent. Il se rue sur le whisky, en avale deux verres d'une traite, au troisième, Victor l'arrête. Il se dégage de sa prise et allume dans l'urgence une cigarette.

— Je vais vous laisser, suggéré-je.

— Reste, m'ordonne-t-il d'une voix bien plus grave que d'ordinaire.

Je m'exécute, le corps tendu comme un arc. Je n'ai aucune envie de finir décapiter. Il sort de sa poche arrière un téléphone et le balance sur le bureau.

— J'ai retrouvé ça hier soir au pied du loft, c'était lui et c'était volontaire.

— Pourquoi ? demande Victor.

— Parce que j'étais avec Ela.

Les yeux de Victor s'assombrissent et ses narines frémissent d'une colère sourde qui risque de faire de gros dégâts si elle explose. Sa bouche s'entrouvre, cependant je le devance pour retarder la bombe qu'il est.

— Le sang ?

— Patrick Valence.

Je déglutis, ces derniers temps, Simon a la gâchette facile. Depuis qu'il a obtenu la liste des suspects, il les plombe les uns après les autres. Incapable de trouver une solution convenable et pressé par Simon qui s'impatientait, Victor a retiré un nom sur cette liste. Nous avons tous la certitude que ce nom-là est le réel complice du Marqueur, seulement, l'équipe de Victor manque de preuves. Donc, tant qu'ils n'ont rien de concret, ils laissent Simon se déchaîner sur les noms de la liste. Si je trouve ça écœurant, je ne peux que remercier Victor d'avoir dissimulé ce principal suspect.

— Pourquoi étais-tu avec Elaïa ? rugit Victor connaissant tout aussi bien que moi la réponse.

— Parce que j'en avais envie.

Sous Le Masque Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant