𝐋𝐨𝐯𝐞 𝐨𝐟 𝐑𝐢𝐬𝐤

𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟏 - 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐈

Heather Hill :

Melbourne - mars 2025

Après les essais libres de vendredi et les qualifications d'hier, je sais maintenant à quelle place je vais commencer mon second Grand Prix.

P2.

Une putain de P2. Bordel de merde.

1 minutes, 17 secondes. Voilà le temps que j'ai réalisé et qui me fait commencer juste après Max Verstappen. Red Bull débute cette course avec deux voitures sur les deux plus hautes marches et je n'ai pas intérêt à me foirer. Je finirai cette course, pour de vrai cette fois.

– Mademoiselle Hill ? demande une jeune femme qui m'invite à m'approcher pour qu'on puisse s'entendre.

Je fais ce qu'elle me demande avec un sourire qu'elle me rend immédiatement. Sa peau mate, ses cheveux bouclés et ses yeux mordorés lui donnent un air de poupée. Tout chez elle la rend plus lumineuse.

– Une petite Carolina demande à vous voir, m'annonce-t-elle en me tendant trois pass paddock.

Je les prends dans la paume de ma main, heureuse de pouvoir les offrir à Carolina et sa famille.

– Merci beaucoup, tu es géniale Léa.

La sortie du bâtiment est un peu encombrée mais je parviens à m'en extirper pour me diriger vers les grilles extérieures. Des dizaines de personnes attendent derrière et j'entends mon nom résonner dans mes oreilles. Des maillots Red Bull me sont tendus et je lâche un rire, suivi d'une petite remarque qui j'espère détendra l'atmosphère, ou moi du moins :

– Vous me demandez déjà des signatures alors que je vais sûrement finir dans un nouveau mur !

Des téléphones me filment alors que j'attrape un marqueur pour faire une première dédicace, et lorsque je commence à être plus à l'aise, je les enchaîne. Je les laisse prendre des photos de moi en train de signer et quelques téléphones me sont tendus.

Je n'hésite pas une seconde avant de les prendre un par un pour faire des selfies avec les fans. Je réponds le plus possible à leurs questions et finis par remarquer Carolina et ses parents dans la foule.

L'un des vigiles se dirige vers moi et je pointe la petite fille du doigt. Il les invite à rentrer et je demande aux gens de se reculer, ce qu'il font, lui permettant de rentrer, elle et ses tuteurs.

– Et voilà la star de la journée ! je m'exclame tandis qu'elle court vers moi.

Je la rattrape en me baissant et la cale sur ma hanche. Son poids plume me surprend presque alors qu'elle passe ses bras autour de mon cou. Après la projection, j'ai pu parlé avec ses parents qui m'ont expliqué qu'elle était malade.

Carolina a une leucémie depuis deux ans maintenant. Elle a, pour le moment, toujours bien réagi aux traitements que les médecins lui ont donné mais ils estiment qu'elle possède moins de trois ans d'espérance de vie. Quand ils m'ont annoncé ça, j'ai eu l'impression que je venais d'avaler une pierre.

J'ai tenté de ne pas réagir parce qu'elle me regardait, de continuer à agir normalement. Et je sais que le mieux pour elle est que je continue de la même manière qu'avant parce qu'elle n'est pas définie par sa maladie et je souhaite qu'elle ait de beaux souvenirs à raconter demain à ses amis.

Sauf que je n'ai jamais été confronté à la mort.

– Je suis trop fière de toi ! Tu es deuxième ! elle s'écrit alors que mon oreille est à quelques centimètres.

Je rigole en lui passant son pass au dessus de la tête, je tends les deux autres à ses parents et leur serre la main. Je peux voir dans leurs yeux qu'ils me remercient et je détourne les miens, de peur qu'ils ne remarquent mon émotion.