𝐋𝐨𝐯𝐞 𝐨𝐟 𝐑𝐢𝐬𝐤

𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟏 - 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐗𝐕𝐈

Heather Hill :

Monaco - mai 2025

Les lumières s'allument au dessus de ma tête et je rabats ma visière d'un geste de la main que je serais capable de faire les yeux fermés. Je m'enferme dans mon monde et vide mon esprit de tout ce qui n'est pas le célèbre circuit de Monte-Carlo que je suis persuadée de pouvoir faire, lui aussi, les yeux fermés.

Même si je préférais éviter.

Les feux s'éteignent au dessus de ma tête et mes réflexes s'enclenchent avant mon cerveau en appuyant sur la pédale d'accélérateur. Je ne m'occupe pas des autres véhicules, prends la ligne droite et entre dans le premier virage. Sauf qu'à ma gauche, dans l'un de mes rétroviseurs, apparaît mon coéquipier qui semble bien déterminé à me passer devant.

Je profite de l'avantage d'être à l'intérieur pour reprendre de la vitesse sur ce qui représente la partie la plus simple du circuit. Cependant, les virages en épingle ainsi que ceux à quatre-vingt-dix degrés, juste avant le tunnel, sont ceux que je redoute le plus.

De nombreux accidents ont lieu chaque année à Monaco et je ne souhaite pas faire partie de ceux qui finissent dans un mur alors je ralentis, plus que les autres pilotes à cause de ma prudence qui ne devrait pas être là.

Mon moment de panique laisse l'opportunité à Max de me passer devant lorsque nous entrons dans la nouvelle chicane du circuit. J'essaie de reprendre rapidement confiance en mes capacités et mes réflexes mais je sens déjà que je vais avoir du mal à contenir mon inquiétude pendant les deux heures qui vont suivre.

Plusieurs tours se passent sans encombre, sans même un accident, et je peux toujours apercevoir Max à quelques mètres, en tête du grand prix. Nous avons à peine une seconde d'écart, ce qui me laisse encore une chance de le rattraper même si je ne me fais pas de grands espoirs.

Max est excellent et je ne pense pas avoir encore le niveau pour le doubler à Monaco.

C'est ce moment que choisit Charles pour sortir de nul part et se caler derrière moi pour me mettre la pression. Soit il prendra mon aspiration, soit il utilisera son DRS, soit il profitera de l'épingle pour me doubler. Dans tous les cas, je sais qu'il finira par passer mais ce n'est pas pour autant que je vais lui faciliter la tâche.

– Quinzième tour Heather. Tes pneus soft ?

– Je peux tenir encore six, sept tours. Ceux de Charles ? je demande en sachant qu'il les abîme bien plus vite que moi en continuant ses tentatives de dépassement.

Brian, mon équipe et moi avons décidé que je ferais mon pitstop en même temps que le beau monégasque et je compte bien m'y tenir. Sauf qu'il détériore de plus en plus et ne fera pas non plus d'arrêt avant que je ne fasse le mien.

– Tu es la plus rapide que lui sur deux secteurs mais tu perds toute ton avance entre le cinquième et le neuvième virage. Même Max l'a remarqué, ajoute mon ingénieur de course alors que je serre la mâchoire.

Je suis incapable de me détendre et de laisser mes réflexes dépasser mon instinct de survie. Et cette erreur, qui revient à chaque tour, peut et risque de me valoir un podium que je n'ai pas envie de laisser passer. Tous les grands champions ont fini sur la première marche podium de Monaco et bien que ça ne soit pas celle que je vise aujourd'hui, j'y arriverai.

Je veux ce podium.

– Il vient de dire que tu devais te faire confiance et qu'il ne voulait pas courir s'il savait qu'il allait finir devant toi.

Je ne sais pas si j'ai envie de le frapper ou de le serrer dans mes bras.

Le néerlandais fait extrêmement attention à moi depuis le grand prix de Melbourne où j'ai fini par dépasser deux des meilleurs pilotes de grille. Il m'a expliqué plusieurs fois qu'il me voyait un certain potentiel et qu'il était heureux de m'avoir comme adversaire.