𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟏 - 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈

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Heather Hill :

Bahreïn - mars 2025

Une main se pose doucement sur mon épaule et je replonge dans les yeux foncés d'Horner. Son visage est détendu, sûrement grâce à la victoire de Max cependant, je sais déjà ce qu'il va me dire avant même qu'il ouvre la bouche :

– Ne t'en veux pas trop, tu n'as pas fait d'erreur. Et tu as fait une magnifique première partie de course, sois en fière.

Je hausse les épaules, indifférente à sa remarque. Avoir fait un quart d'une course, qu'elle soit parfaite ou non, ne me convient pas et ne me conviendra jamais. Encore moins maintenant que je cours pour l'écurie qui a bercé mon adolescence.

J'ai souvent tendance à être trop dure envers moi-même, plus dure qu'aucun supérieur ne pourra l'être alors une partie des critiques ne passe plus. Qu'elles soient positives ou négatives, elles ne sont jamais suffisantes pour me faire oublier ce que mon cerveau pense de moi.

– Vous féliciterez Max de ma part, je ne pense pas avoir le temps de le faire avant la conférence, explique-je en sortant un demi-mensonge.

Je n'aurai ni le temps, ni l'envie d'être vue avec lui. Je sais qu'à la première faille de l'un de nous, les journalistes s'en empareront pour faire leur gros titres. Sauf que je ne peux pas leur en vouloir.

J'ai été formé pour conduire l'une des vingt voitures les plus puissantes du monde et gagner des courses, tandis qu'eux ont appris à poser les questions qui nous feront tomber de nos podiums le plus rapidement possible. Le monde du sport automobile est comme ça et ce n'est pas aujourd'hui que quelque chose changera.

Une femme dans l'industrie ne fera pas évoluer des milliers d'hommes qui pensent que leur comportement est justifié. Encore moins quand il paie leur salaire.

Nous sommes interrompus par la voix nasillarde de Marin qui retentit dans mes oreilles et me fait carrer les épaules. Je m'éloigne de mon patron, presque honteuse de l'avoir amené devant les caméras avec moi pour mon premier Grand Prix.

– Ma chérie ! Comment vas-tu ? J'ai vu ton accident, tu es sûre d'aller bien ?

Il pose une question et sans même attendre la réponse, en pose une nouvelle, en balayant ce que je ressens en cet instant d'un révère de la main évasif.

Il me prend dans ses bras alors que j'essaie de nous éloigner des caméras discrètement, je peux voir d'ici des paires d'yeux et des objectifs se poser sur nous. Une vague de honte s'infiltre jusque dans mes veines tandis qu'il me serre contre lui.

– Je t'avais dit que c'était dangereux de courir en Formule 1 ! Tu n'as pas les épaules pour faire des courses avec eux, rajoute-t-il comme si j'étais la dernière des idiotes, incapable de comprendre à quel point ce qui me rend vivante me fait risquer ma vie. Tu t'imagines être au niveau de Charles ?

Je serre la mâchoire, blessée par sa remarque déplacée et totalement vide de sens. J'ai autant les épaules que n'importe lequel des pilotes contre qui j'ai couru dans ma carrière. La preuve : j'ai été prise et je concours avec eux pour le titre de championne du monde.

Red Bull avait une place pour moi parce que j'ai obtenu ma Super Licence et que j'ai gagné les championnats de F3 en moins d'un an, parce que je sais manier une voiture mieux que ce prétentieux ne le saura jamais, parce que j'ai travaillé dur toute ma vie pour ce moment.

𝐋𝐨𝐯𝐞 𝐨𝐟 𝐑𝐢𝐬𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant