𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟏 - 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈

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Heather Hill :

Melbourne - mars 2025

Mon regard s'arrête sur les protections emballées que je viens d'acheter. Tout dans cette salle de sport est conçu pour me permettre de retrouver mes pleines capacités avant la prochaine course.

Le bleu sur mon poignet a diminué, de même que la marque sur mon cou que personne ne voit de toute façon parce que je ne sors plus de ma chambre sans porter de cols roulés.

Le lendemain de l'incident, j'ai eu une conférence de presse avec Alonso sur notre sortie de piste. Christian et le directeur d'Aston Martin étaient aussi présents, pour nous soutenir soit disant.

Je pense plutôt que celui qui s'occupe de Red Bull depuis des années ne souhaitait pas de questions déplacées de la part des journalistes sur ce qu'il s'est passé juste après la course. Et je ne peux que l'en remercier parce que je ne sais pas comment je m'en serais sortie seule.

L'angoisse que j'ai ressentie est encore inscrite en moi, autant, voir plus que la peur de le voir réapparaître.

Lorsque les infirmières et les médecins m'ont autorisé à sortir, Pierre et Kika étaient assis dans ma chambre un café à la main. Ils ont immédiatement proposé de me raccompagner à l'hôtel que la FIA avait réservé pour moi.

J'ai accepté, trop fatiguée pour essayer d'argumenter sur ma capacité à rentrer seule. Cependant, je ne le regrette pas. Francesca est une vraie lumière, elle adore parler et je ne me suis pas ennuyée une seconde avec elle dans les parages.

Pierre semble plus réservé mais le sourire qu'il adresse à sa copine m'a fait fondre plusieurs fois. Il lui arrivait parfois de rebondir sur ce qu'elle disait puis il se taisait à nouveau.

Charles est parti rapidement après l'appel que j'ai passé, sûrement trop effrayé par Vasseur pour ne pas aller chercher sa récompense. Je dois avouer que son sourire et sa fossette m'ont manqué dès qu'il a passé la porte.

– Heather, lâche une voix avec un fort accent que je reconnais immédiatement comme celui de mon coéquipier.

Je me tourne vers Max avec un léger sourire sur les lèvres, sa présence dans une pièce crée toujours un petit esprit de compétition en moi. Devenir championne du monde voudrait dire battre celui qui domine le championnat depuis quelques années déjà et ça serait un honneur pour moi de dépasser Verstappen, coéquipier ou non.

– Bien remise de ta sortie de circuit ? demande-t-il en faisant totalement abstraction de ce qu'il s'est passé ensuite.

Je n'arrive pas à savoir s'il s'en fiche ou s'il choisit délibérément de ne pas l'évoquer avec moi mais je lui en suis reconnaissante. Je me suis sentie épaulée en apprenant que Charles et ses amis étaient venus me voir à l'hôpital et j'ai apprécié être avec eux mais quand c'est la sixième fois qu'on te demande comment tu vas alors que tu voudrais simplement oublier, ça commence à devenir oppressant.

Je hoche la tête, et c'est vrai, je n'ai pas eu le temps d'être triste pour avoir ratée ma première course. Je m'entraîne pour la seconde et j'ai bien l'intention de la remporter haut la main, même si pour ça je dois battre Max.

On peut penser que je suis prétentieuse et ce n'est honnêtement pas totalement faux, sauf que ce monde ferme les portes aux gens qui n'ont pas confiance en eux et qui ne veulent pas atteindre le sommet. Perdre sa confiance en Formule 1, c'est comme perdre la vue avant de traverser la route : tu ne peux plus faire confiance qu'aux autres.

– Je suis prête à reprendre et j'ai bien l'intention de te faire un signe de main en passant, je lui rétorque dans un sourire confiant.

Il arque un sourcil, intrigué par ce que je viens de dire. Max ne doit pas avoir l'habitude de se faire défier par une débutante qui vient de rentrer dans son écurie :

𝐋𝐨𝐯𝐞 𝐨𝐟 𝐑𝐢𝐬𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant