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« - Je pensais que t'étais insolent avant de te rencontrer. Déclara Sidjil relativement bas, enveloppé dans l'intimité de la chambre.

- Ah ouais ? Et maintenant tu me vois comment ? L'heure était aux confessions.

- Comme un petit merdeux de merde. Ou pas.

- T'as autre chose que de la merde au bout de la langue ?

- Ouais j'ai ta bite.

- Mais ta gueule, t'es un malade y'a ton père à côté.

- C'est bon il est sourd l'autre vieux. »

C'était la dernière discussion qu'ils avaient eu avant de rentrer sur Paris, et ils n'avaient même pas pu dire au revoir à Éric, qui était parti 3 jours dans les Cévennes sans prévenir qui que ce soit. C'était Éric, il fallait s'attendre à tout, et rien.

☆ ☆ ☆

Leur premier cours de la semaine était français. Et ils détestaient le français.

Leur seul plaisir lors de cette heure était d'être assis à côté. Leurs jambes qui se frôlent, leurs bras qui se touchent, les regards qu'ils échangent, c'était ça qu'ils aimaient.

Alors quand Maxime avait dû échanger de place avec Romain parce qu'il parlait trop, pour se retrouver tout devant, ça avait été l'une des pires heures de sa vie.

« J'peux pas changer de place monsieur, c'est vous qui l'avez dit en début d'année. » avait-il tenté de se justifier, les bras levés. Peut-être que ça aurait pu marcher s'il n'était pas constamment dans la provocation, et s'il n'avait pas sa doudoune en classe.

Il trouvait ça marrant, ce contraste entre ses envies actuelles et celles 4 mois auparavant. Si on lui avait demandé en septembre où il voulait être dans la classe, il aurait très probablement répondu "Où tu veux tant que j'ai pas l'autre colosse à côté de moi", et c'était vrai.

Mais maintenant, s'il y avait bien un seul endroit où il voulait être assis, c'était à côté de Sidjil. Il ne pouvait plus se passer de ses blagues et des bruits étranges qu'il faisait quand il dormait.

Peut-être qu'il était amoureux.

Peut-être.

A l'heure actuelle il espérait surtout que personne ne puisse lire dans ses pensées, pas qu'il n'assume pas, mais se joignaient à ses réflexions des images très explicites. Des images qu'il n'avait jamais vues en vrai, simplement dans son imaginaire, et ça le comblait.

Il se tourna vers Sidjil, qui comme à son habitude était affalé sur sa table. Il se montrait paisible, juste calme et même probablement endormit.

C'est sans compter l'attention de Maxime qui se concentra sur une seule chose, dissimulée derrière ses bras lourds sur la table.

Sidjil faisait doucement tapoter ses doigts contre le bois de son bureau, presque comme une mélodie. Il allait de son pouce jusque son auriculaire et prenait volontairement plus de temps à parfois passer au doigt suivant. Il lui arrivait même de toucher deux fois de suite sa table avec le même doigt.

Puis il recommençait dans l'autre sens, allant cette fois du plus petit vers le plus gros, et machinalement, il butait aux mêmes endroits.

Cette impression d'entendre un rythme, un tempo occupait l'esprit de Maxime. Parce qu'il ne savait pas pourquoi Sidjil faisait ça.

Dis moi ton nom [maxime x djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant