Sidjil fumait sa clope près du portail menant à l'établissement. Celle-ci n'était que peu entamée, ce qui signifiait qu'il avait encore à attendre. Cette idée ne le dérangerait pas car ce matin il était venu plus tôt que prévu.
La fumée de la cigarette se mêlait à celle qu'il expulsait lorsqu'il ouvrait la bouche, la température n'étant pas en sa faveur.
Alors qu'il laissait une fois de plus s'échapper ce nuage toxique, il vit quelqu'un arriver au loin. Il n'était pas rare que des étudiants viennent en avance, ayant besoin d'aller le CDI ou d'utiliser les ordinateurs mis à disposition.
Cela dit qu'il était tout de même relativement tôt.
Le lycéen arriva finalement à son niveau puis s'arrête pour le fixer longuement dans le blanc des yeux.
Sidjil retira son mégot de sa bouche et le jeta à la poubelle pour s'adresser à son camarade.
« - Qu'est ce que tu fais en short blouson ? Quand la météo annonce 8 degrés ça fait pas tilt dans ta tête ?
- J'ai plus de pantalon propre. Justifia Maxime en cachant sa bouche dans son col.
Histoire d'un instant, Sidjil se tut, songeant à la réponse qu'il pouvait apporter.
- Mhhh viens chez moi au pire, j't'en prête un.
Il consulta l'heure sur son téléphone puis décréta ;
- Ouais, à une demi heure c'est parfait.
- Mollo l'asticot j'ai pas dit oui.
- Ah parce que tu crois que là tu vas pas tomber malade alors que la dernière fois tu t'es enrhumé juste parce que t'étais en pull sans tee-shirt ?
- Tu débites trop, reprends ton souffle Eminem.
- Bref accélère. » Conclut le plus grand, en prenant la direction de la bouche de métro.
Maxime savait qu'il ne pouvait pas refuser. Pas parce qu'il avait froid, même si le vent lui brûlait les jambes, mais parce que malgré son éloignement soudain avec son ami, il appréciait toujours sa compagnie.
Ils marchèrent, prirent le métro et marchèrent une nouvelle fois jusqu'à arriver à l'appartement. Pas un mot n'avait été échangé durant tout le trajet mais le silence ne leur était pas inconfortable, au contraire, ils profitaient d'avoir un peu de répit entre toutes ces injures qu'ils se crachaient.
Evidemment qu'ils aimaient se lancer des piques, pour eux, c'était plus une manière de se dire qu'ils s'appréciaient. Parce qu'ils étaient fait comme ça, parce que Maxime surtout, avait instauré ça. Il ne parlait que rarement de ses émotions et s'il le faisait, il savait qu'il finirait par culpabiliser.
Une fois il s'était ouvert à Sidjil et cette unique fois lui avait coûté beaucoup. Il y repensait encore souvent, à cette discussion et à ce qu'il aurait pu ou aurait dû dire. C'était d'ailleurs lors de cette conversation qu'il avait prononcé les mots qu'il regrettait encore aujourd'hui. "J'te demande juste une chose maintenant : fais comme si on ne se connaît pas."
Une phrase, une simple phrase avait suffie à engendrer des événements qu'il n'attendait pas. Mais une nouvelle fois, il n'y arrivait pas, à parler de ses sentiments, alors qu'il suffirait de pas grand chose, pas un long monologue.
Une simple phrase conviendrait. Bien formulée, avec les bons mots au bon endroit. Il savait qu'il pouvait tout réparer dans l'espace d'un instant mais cette peur lui collerait à la peau. Dès qu'il essayait de se faire pardonner, de donner des explications comme Sidjil l'avait fait, il sentait son cœur faire vibrer tout son corps. Chaque pulsation dans sa poitrine était un décompte vers sa fin.
Alors avant qu'il n'explose, que son cœur ne lâche, par le stress et la peur, il se résignait et coupait court à son supplice.
« - Tiens mets celui là j'pense qu'il est à ta taille. Déclara Sidjil en lançant un pantalon marron à Maxime.
- Tu gères.
Sidjil ne bougeait pas et regardait Maxime fixement.
- Change toi par contre, on à pas toute la journée.
- Bah tourne toi ?
- Tu me fais ton prude comme si j'avais pas déjà tout vu. Plaisanta Sidjil en pivotant sur lui même.
- Bah... Ouais comme tu veux. » Finit-il en troquant son short avec le futal de son ami, un faible sourire dont il devrait avoir conscience pour le remarquer collé aux lèvres.
L'hôte entendit Maxime serrer sa ceinture, ce qui signifiait que le jean avait sûrement été enfilé, mais pour être sûr, il demanda tout bas ;
« - Je peux me tourner ?
- Yes you can babe.
- Que prouver à parler anglais même quand y'a pas besoin.
- Ouais mais au moins moi je bégaye pas à chaque fois que je dois passer à l'oral.
- Ça c'est un coup bas.
- C'est surtout un 3-1. »
Sidjil ne s'attendait pas à ce que Maxime continue ce jeu qu'il avait instauré en début d'année mais cela lui prouvait qu'il tenait bel et bien à lui.
De son côté, Maxime scrutait le visage de Sidjil, cherchant à desceller le moindre mouvement, la moindre moue, le moindre écarquillement des yeux qui lui indiquant qu'il avait compris son message.
Maxime ramassait son short pour le mettre dans son sac quand Sidjil réalisa quelque chose. Quand ils s'étaient "dit bonjour" ils avaient tous les deux leurs vestes, mais dès lors qu'ils étaient entrés dans l'habitacle de Sidjil ils les avaient retirés, dévoilant leurs sweats respectifs.
« - Eh t'es habillé en bleu et moi en rose, on est Tv Girl ou quoi ?
- C'est quoi ?
- Comment ça c'est quoi ? Sors de ta grotte de temps en temps.
- Mais explique moi au lieu de m'insulter.
- C'est un groupe de musique.
- Ah c'est tout ?
- Oui c'est tout maintenant accélère on va finir en retard. »
Maxime se retrouvait toujours à marcher derrière son ami, il créait pour lui comme une barrière protectrice. Quelqu'un sur qui il pouvait se reposer.
Il repensait à Tv Girl. Même si Sidjil ne le mentionnait pas souvent, il passait son temps à écouter de la musique. Dès qu'il devait marcher un peu ou attendre il enfilait ses AirPods et lançait sa playlist.
Maxime était reconnaissant qu'il partage avec lui un groupe qu'il apprécie, cela lui permettrait de l'écouter et d'éventuellement partager quelque chose d'ensemble. Il aimait cette proximité.
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Dis moi ton nom [maxime x djilsi]
FanfictionEn première, Sidjil et Maxime vont se rencontrer d'une manière assez incongrue. Étudiants de la même classe et voisins de table, ils vont être amenés à se voir plus souvent qu'ils ne le voudraient. D'abord animés par une rivalité, ils vont finaleme...