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Deux discussions se déroulaient dans le même appartement, au même moment. Dans la salle de bain se trouvaient Élian et Maxime, tandis que Sidjil, Manas et Grim occupaient la chambre.

Mathis ne participait pas à l'échange, il s'était simplement fait virer de la salle de bain, commentant toute la discussion comme s'il regardait une télé réalité.

« - Mais il s'est passé quoi pour qu'il te déteste autant ? Tenta de comprendre Nicolas.

- Rien c'est lui il se monte la tête tout seul. C'est bon j'ai stressé une fois et lui il pète un plomb. Faut vraiment qu'il aille se faire soigner ce mec. Un blanc prit place, laissant un certain malaise flotter dans l'air.

- Mais tu veux sortir avec lui ? Demanda Mathis en dégustant un Kinder Surprise trouvé dans le tiroir de la table de chevet.

- Non, si il veut pas j'vais pas forcer mais par contre j'veux que ce soit mon pote et ça il a pas trop le choix. »

Du côté des Corses, la discussion était légèrement différente, plus haute en couleur et animée. Maxime menait cette dernière et n'arrivait pas à se calmer.

« - Il me casse les couilles ! J'ai pas envie de le voir sérieux il force de fou pour qu'on se parle alors que j'ai grave pas envie. C'est un gamin de merde qui sait pas ce qu'il veut c'est trop chiant !

- Mais frérot Manas il m'a dit que tu voulais absolument le voir demain ?

- Pour taffer Élian, on a un projet de groupe à rendre. Et puis même c'est bon j'suis pas en kiff sur lui, j'ai juste voulu profiter un peu mais maintenant c'est fini. Cette dernière phrase semblait plus être là pour se convaincre lui-même.

- J'te crois pas. Avoua Elian.

- Ecoute fais comme tu veux, moi j'me taille.

- Max s'il te plait reste un peu, juste pour me faire plaisir. J'passe un bon moment et j'aimerais le partager avec toi aussi.

- C'est bon, c'est bon, arrête de faire le sentimental ça me met mal à l'aise. »

☆ ☆ ☆

Après toute cette pagaille, l'ambiance avait quelque peu changée et une atmosphère lourde pesait entre Sidjil et Maxime qui ne s'échangeaient pas même un regard.

Le plus grand, épuisé de toute cette tension sortit de l'appartement et descendit les escaliers deux à deux. Arrivé en bas de celui-ci, il sortit son paquet de cigarette et attrapa l'une d'elle avant de tirer son briquet de sa poche. Il essaya tant bien que mal d'allumer sa clope mais la faible flamme s'éteignait à chaque coup de vent.

« - Tu me fais tirer ?

Consterné, Sidjil se tourna vers la provenance de la voix et y découvrit Maxime, adossé au mur en pierre.

- Tu serais pas bipolaire toi ? Un coup tu veux pas me parler, un coup tu me suis jusqu'ici, fais un choix à un moment.

- J'veux juste qu'on discute.

- Vas-y, je t'écoute.

Maxime réfléchit une seconde à quoi dire. A la fois il avait envie de lui dire qu'il aimerait que tout redevienne comme avant, même si c'est juste pour être plan cul, même si c'est juste pour être potes, même si c'est juste pour redevenir des inconnus et apprendre à se connaître pour de vrai.

Mais en même temps il voulait lui dire de ne plus jamais lui parler, de s'éloigner le plus loin possible car il en avait marre de ces sentiments qu'il ressentait alors il préférait se blesser lui-même en les repoussant. C'était comme ça qu'il avait l'habitude de fonctionner.

- Non rien. » Finit-il par lâcher en empruntant le chemin pour sa maison, chose qu'il regretterait sûrement.

Sidjil, lui, laissa couler et remonta simplement chez Manas après sa cigarette.

☆ ☆ ☆

Le Toulousain s'était posé dans les couloirs durant la récréation et révisait son cours de français, ayant une évaluation juste après. Il profitait de la chaleur que les bâtiments lui offraient quand des pas résonnèrent dans les escaliers. Il aurait presque pu le reconnaître, ce bruit irrégulier que Maxime créait lorsqu'il marchait.

Puis finalement, il le vit apparaître.

« - Tu me suis ou quoi ? Brigua l'homme assis à même le sol.

C'est seulement là que Maxime releva la tête et prit conscience qu'il n'était pas seul. Las, il retira ses écouteurs et rétorqua de sa voix cassée par la maladie ;

- T'as vraiment de la chance que je sois crevé. Tu révises le contrôle ? » Demanda-t-il en s'asseyant à côté de lui, jetant par la même occasion un coup d'œil à la feuille qu'il tenait.

Sidjil hocha naturellement la tête pour confirmer, n'ajoutant pas plus de mots à cet échange.

La sonnerie retentit une première fois et tous les élèves se bousculèrent dans les couloirs, tentant d'atteindre leur classe à temps.

Les deux protagonistes restaient encore un peu assis ensemble, appréciant leur proximité mais ce fut de courte durée puisque le prof sortit de la classe, cherchant les élèves manquant et tombant directement sur eux.

Avant de pouvoir se faire disputer ils se levèrent et entrèrent aussi vite que possible dans leur salle.

La double copie était déjà sur la table lorsqu'ils s'assirent et les exercices leurs paraissaient plus longs les uns que les autres, n'en voyant plus le bout.

Le contraste entre les deux voisins de table était amusant à voir. Sidjil ne comprenait pas un piètre mot de ce qui était écrit sur sa feuille et les seules choses qu'il avait pu écrire correctement étaient son nom ainsi que son prénom. Ses révisions de dernière minute n'avaient apparement pas porté ses fruits.

Maxime lui, complétait aisément les trous laissés par le professeur et maniait le stylo bille comme un dieu. Les mots glissaient sous ses doigts.

Après les deux heures imposées pour l'évaluation, Maxime proposa à son camarade de ramener les copies au professeur, lui permettant ainsi de ne pas avoir à se lever.

A mi-chemin, il s'appuya sur une table et intervertit les prénoms à l'aide d'un blanco et d'un stylo dissimulés dans sa poche, offrant ainsi à Sidjil une bonne note.

Il pensait avoir été discret et que le Toulousain ne l'avait pas remarqué mais malheureusement pour lui, il l'avait vu se pencher et écrire sur les feuilles, ne comprenant pas ce qu'il faisait.

Innocemment il se rassit à sa place, espérant de tout son cœur que Sidjil ne comprenne pas ce qu'il venait de faire. Il savait qu'il le verrait au rendu des contrôles mais qu'alors jusque là il n'aurait pas besoin de se justifier.

« - Au fait j't'ai dit qu'on allait en boîte avec Manas samedi prochain ?

- Non. Mais c'est sensé m'intéresser ?

- J'sais pas, tu veux pas venir avec nous ?

- Tu vois mes couilles ?

- Ouais.

- Imagine les sur un barbecue.

- Ouais.

- Qu'elles BRÛLENT si je viens.

- Ok ok c'est bon. Laisse tes noisettes tranquilles mon gâté.

- Pas des noisettes, des noix de coco.

- Mouais. »

Dis moi ton nom [maxime x djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant