Riven

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— Et toi, tu es drôlement pathétique, dit-elle en me retirant le livre des mains.

Aurais-je rêvé ou elle vient de hausser le ton ?

Une fille passionnée de littérature est probablement une personne intellectuellement stimulée et profonde. Celle-là, c'est différent.

Elle manifeste un intérêt plus particulier pour la complexité des personnages et des intrigues dans les œuvres de Tolstoï, reflétant ainsi un côté sombre de la réflexion et de la compréhension approfondie. Le plus énervant, c'est qu'elle essaie de me contredire. On voit bien qu'elle cherche simplement à me défier, et elle me traite de pathétique ? Petite garce.

—  Pathétique parce que je vois le beau côté des choses ? déclaré-je en m'approchant davantage d'elle.

Son parfum de fruits caresse mes narines, il dégage une énergie joyeuse. Comment me faire comprendre ? Son apparence complète est contradictoire avec ce qu'elle dit . Par exemple, elle incarne une gentille fille naïve, tout en ayant un beau piercing au nombril qui montre un petit côté sauvage.

Elle se tait et me fixe du regard, ses cheveux roux sont flamboyants, on dirait que c'est elle qui vient d'Écosse et pas moi.

Elle est superbe, avec des lèvres pulpeuses naturelles, de hautes pommettes et des yeux jaunes comme le soleil. Elle paraît d'abord surprise et écarquille légèrement les yeux, son expression se fait féroce tandis qu'elle étudie mon visage.

Elle est à toi. Saisis-la, dit une voix dans ma tête.

L'ordre est sauvage. Quelque chose craque en moi...

—  Quoi, tu n'as plus de réponses ?

Elle lance un petit rire ironique.

—  Je suis juste réaliste, l'ère de se sacrifier pour la passion a disparu, on est pas dans un conte de fées.

Elle ose dire ça. Si elle était à moi, je lui aurais infligé une bonne correction.

Je m'approche davantage sans la toucher mais elle recule en se heurtant contre l'étagère.

— Qui a parlé de notre époque ? Tu es si désespérée, j'avais raison.

Elle me foudroie du regard, puis me pousse et part.

Mais qu'est-ce qui lui prend ? Elle a un sérieux problème. Je la vois partir remarque son sacré joli minois. Je regarde les alentours pour voir si quelqu'un nous a vu, puis quitte cette bibliothèque à mon tour.

Je saute dans la Ford Mustang noire de 1967 de mon père, ma complice sur quatre roues. J'allume le moteur et quitte le campus.

C'est ma dernière année ici aux États-Unis, ce pays de rêves pour certains, ce n'est pas la grande joie qui m'a amené ici. Depuis la mort de mon père, rien ne me retenait en Écosse. Son décès a semé le chaos autour de moi, me plongeant dans l'obscurité totale.

J'efface ces pensées inutiles et me concentre sur la route. J'ouvre la fenêtre, laissant le vent californien caresser mes cheveux et mes tempes puis j'allume la radio, tombant sur un son rétro des années cinquante , je tape sur le volant au rythme de la musique.

Je roule le long de la côte ouest. Avant tout, je dois passer chez moi pour me doucher, changer de vêtements et de bagnole avant de me diriger vers le bar.

Ivan revient d'Italie aujourd'hui.

Le portail de la villa s'ouvre, les molosses se précipitent pour m'accueillir. J'ouvre la portière, descends et leurs balance les clés pour qu'ils ramènent la voiture au garage.

unloved ( Version Non Corrigée/ En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant