Riven

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Les sages prétendent que la torture apporte des bienfaits, qu'elle questionne et que la douleur répond.

La douleur... cette garce  qui entraîne l'homme dans des labyrinthes contradictoires, des trous noirs où les démons s'amusent à le tournoyer comme une pute autour d'une barre de streap tease.

L'idée me fait sourire, et si j'obligeais ce type à danser comme une salope ?

Il fera moins le malin avec les filles.

— Encore ! ordonné-je à Joe, lui intimant de frapper ce gars d'un autre coup de poing.

Assis en face de moi sur une chaise, Joe lui balance un coup de poing qui explose instantanément son nez.

Le sang gicle de ses narines, il ne tient pas le coup, putain de mauviette.

L'endroit pue l'alcool, je tire sur ma clope pour me débarrasser de cette odeur de merde.

Le salaud relève à peine la tête, ses cheveux bouclés plaqués de sueur sur son visage, son œil enflé et violet, et son pif qui saigne.

Quelle misère !

Je me lève et m'approche de lui, faisant signe à Joe, le molosse, de se retirer.

L'enfoiré est attaché à la chaise, les mains derrière le dos. J'attrape ses cheveux brutalement, de sorte qu'il croise mon regard.

Il gémit de douleur.

— Si tu répètes ces mots derrière moi, je t'épargnerai, dis-je calmement.

Il n'arrive pas à parler, secouant la tête.

— Mec, je t'entends pas !

— Oui... je... je... dirai ce que tu veux, répond-il difficilement.

Je ris, il me fout la gerbe.

— Je...

— Je... répète-t-il.

— suis... une pute, dis-je.

Il se tait.

J'attrape ses cheveux encore plus fort.

— Je suis une pute,  lâche-t-il rapidement.

Joe éclate de rire.

Il me fait marrer, mais putain, j'ai pas envie de rire.

Je n'aime pas rire.

— Riven, tu es là, putain, je t'ai cherché partout ! Tu n'as même pas répondu au téléphone, grogne Grey derrière moi.

Il s'arrête net en découvrant le bordel que j'ai foutu.

— Mais qu'est-ce que tu fous ?

Il s'avance vers lui et reconnaît le petit enfoiré.

— C'est le fils de Reymond Donovan!

Je laisse Grey planté devant le gars, à moitié conscient, et rejoins la chaise pour finir ma clope.

— Je m'en fous, qu'il soit un saint  s'il veut, je lui permettrai pas d'abuser d'une femme fragile, dis-je en repensant au visage terrorisé de la rouquine.

Sans défense, elle était accablée par la peur.

Mon pote me jette un regard, puis se tourne vers le fils de Donovan, l'inspectant un moment avant de lui balancer un coup de poing violent dans le bide.

Je balance le mégot par terre, pendant que Grey jette un coup d'œil à sa montre.

— Ramène-toi, les clients sont arrivés.

— Je vais aux chiottes, puis je te rejoins, dis-je.

J'ai besoin de me laver les mains ensanglantées, j'ai pas envie de subir un interrogatoire de la part de Faith.

— Joe, envoie cette ordure chez son père, lance Grey avant de sortir.

Je me dirige vers les sanitaires, l'adrénaline monte, ma sensation d'euphorie augmente avec , mon rythme cardiaque s'accélère.

Elle commence à faire son effet.

Je lave mes mains, puis penche mon visage sous le lavabo, trompant ma tête avec de l'eau.

Je respire profondément.

Je savourais tranquillement mon joint quand cet abruti a foutu en l'air mon trip.

Ce qui m'a foutu le plus en rogne, c'est de le voir tripoter la rouquine.

Elle me fixait moi , m'a souri, à moi, et il n'avait pas le droit de poser ses sales mains sur elle.

Dès qu'elle est partie, j'ai envoyé Stan à sa poursuite, pour veiller sur elle et vérifier qu'elle est bien rentrée. Puis, j'ai dû enseigner au fils de pute les bonnes manières.

Je sors des toilettes. Il est presque une heure du matin.

Je déambule dans le salon de l'étage, observant de loin ces satanés clients  qui veulent conclure des marchés pour réaliser leurs plus grands désirs et souhaits , avec Grey .

– Tu etait passé où ?

La voix de Ruth claque comme un fouet, mettant fin à mes pensées.

Je préfère l'ignorer comme d'habitude .

J'ajuste mon apparence, mets mes lunettes de vue, puis me tourne vers elle.

Ses lèvres sont plus foncées que ses cheveux caramélisés, et maintenant elle fait la moue.

Elle n'aime pas qu'on l'ignore.

Je lui caresse le visage.

Elle s'adoucit.

— Pourquoi tu es encore là, Ruth ? Dis-je doucement.

— Je t'attendais, dit-elle en battant des cils.

Je m'approche, je sais ce qu'elle veut.

Elle veut passer la nuit avec moi, et moi, j'ai eu ma dose d'elle tout à l'heure.

Même en la baisant, je n'arrivais pas à voir d'autres yeux que les siens.

Depuis que je l'ai croisée à la bibliothèque ce matin, sa façon de regarder, ses yeux jaunes qui reflètent l'innocence, sa façon d'être gênée et de rougir ne faisait que m'exciter davantage.

Je me penche vers Ruth, elle colle tout son corps à moi, je passe une mèche par son oreille et lui murmure.

Elle frissonne.

— Rentre chez toi, Ruth.

Son visage se décompose.

— Tu es sérieux !

Faith apparaît avec une fille.

— Riven, tu étais passé où ? Avoue-t-elle.

Je déteste les questions inutiles.

— Faith rentre à la maison et emmène Ruth avec toi, dis-je simplement, chez elle.

Je précise, il faut toujours préciser.

Elles savent que je n'aime pas répéter mes mots. Faith soupire et emmène Ruth qui me foudroie du regard avant de tourner les talons.

L'autre fille en question reste plantée devant moi comme un chou.

Je l'ai repérée avec Grey tout à l'heure, je l'ai vue avec Donovan juste avant.

— Je suis Daisy, dit-elle.

Je ne dis rien et rejoins le fauteuil.

Voilà une nuit qui s'annonce interminable.

unloved ( Version Non Corrigée/ En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant