Scarlett

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Lorsque j'ai aperçu Sam en compagnie de cette femme, une sensation de dégoût a parcouru mon échine. Ma réticence envers son attitude est justifiée. Son visage m'a provoqué un dégoût au point de susciter en moi une envie de vomir.

Heureusement, la présence de Riven a été salvatrice. D'ailleurs, je pouvais discerner son regard scrutateur, et il a certainement compris la situation.

Quoi qu'il en soit, le visage de Sam portait les stigmates - l'œuvre de l'écossais j'imagine- arborant un  pansement au niveau du nez qui lui conférait un aspect ridicule. Je ne m'attendais pas à ce que les coups de Riven soient d'une telle intensité.

Nous avançons sur une route gravillonnée, le silence enveloppe nos échanges. Seul le crissement des cailloux sous les pneus de la voiture nous accompagne désormais. Je réalise soudain que nous sommes perdus au milieu de nulle part, une pensée qui me crispe les nerfs. C'est l'isolement total, aucun signe de vie, aucune présence humaine à l'horizon.

Il m'a assuré que je pouvais lui faire confiance. Celui qui m'a protégée du harcèlement ne peut pas être une menace, du moins c'est ce que je veux croire. Et puis, je me sens en sécurité à ses côtés, son assurance naturelle me rassure. Mais bon sang ! peut-être aurais-je dû éviter de lui parler, de lui accorder ce déjeuner, et surtout de lui tenir la main, car je commence à m'habituer à son contact.

C'est vraiment chiant !

Il conduit calmement, on ne dirait pas qu'il a bu. Pour l'instant du moins.

Mes yeux parcourent son bras, s'attardant sur ses veines saillantes qui serpentent de ses coudes à ses mains. Soudain, je remarque de légères égratignures sur sa peau, telles des marques, des cicatrices.

— On va bientôt arriver, déclare-t-il en sentant mon regard sur lui.

Ma gorge se serre, sans que je comprenne vraiment pourquoi. En réalité, je ne suis pas pressée. J'ai envie de passer encore plus de temps avec lui. Cette confusion qui me ronge commence sérieusement à m'agacer. Sans un mot, je me tourne vers la vitre.

Au bout d’un kilomètre environ, il arrête la voiture. Je regarde par la vitre et ne vois rien d’autre que de l’herbe et des arbres. Des fleurs sauvages jaunes ornent les talus, et une brise très agréable caresse mes joues. Il faut reconnaître que cet endroit est calme et paisible, et je me sens totalement à ma place. Mais pourquoi m’a-t-il amenée ici?

Je descends de la voiture, interrogative.

— Qu'est-ce qu'on est venus faire ici ? dis-je en soupirant.

— Tu vas voir, répond-il en me devançant.

Je le suis, parcourant une clairière où l'herbe est aplatie par les nombreux promeneurs.

Tout devient calme, un silence partagé. Je me demande s'il pense comme moi, s'il se pose les mêmes questions, s'il ressent le même besoin de franchir une étape dans notre relation. Relation ? Mais de quoi je parle ?

— Tu es souvent moins bavarde ? demande-t-il.

— Je ne sais pas, réponds-je franchement. Je suis de nature calme.

— Tu l'as toujours été, avant ?

Je ne suis pas certaine. Il me faut un instant pour éviter de parler du passé.

— Je suis marrante et sympa parfois, sauf avec Daisy bien-sûr.

Un souvenir me revient, me faisant éclater de rire.

— Chaque hiver, on se jette toutes nues dans un lac à moitié gelé .

Le visage magnifique de Riven s'illumine d'un sourire étrange et volontaire.

unloved ( Version Non Corrigée/ En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant