Chapitre 8

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Matt

Je me regarde dans le miroir du pare-soleil de ma voiture, ma cravate me serre le cou alors qu'une mèche me retombe devant l'œil droit, quel contraste. Je regarde par la fenêtre en posant mon coude sur la portière pour poser ma tête afin de réfléchir. Je viens d'arriver avec 1 heure de retard mais je m'en fou, ce genre d'évènement est un supplice pour moi sachant que ma sœur et son compagnon ne sont même pas présents pour limiter l'ennuie. Mes parents et m'a petite sœur ont dû arriver en avance, bien apprêtés avec leur plus beau sourire contrairement à moi qui arrive en retard et ne va même pas aller saluer les invités.

Il y a des jours comme ça, des événements qui font que je me comporte tel un petit con. Je sais que mes proches souffrent de mon comportement mais je ne peux rien faire d'autre, je ne peux pas changer ou du moins pas tout de suite...la vérité est trop lourde pour l'accepter calmement.

J'imagine ma mère s'énerver et mon père essayant de la calmer tout en me maudissant intérieurement de leur infliger mon insolence. Elle mise tellement d'espoir en moi mais je la déçois trop souvent, malgré tout, il y a des moments paisibles qui permettent d'oublier les plus durs. Je m'en veux souvent de leur mener la vie dur tel un ado de 17 ans alors que j'en ai 25. Nous n'habitons plus la même maison, seulement la même ville mais cela ne nous empêche pas de vivre des moments de conflit. Mon père, lui, on pourrait dire qu'il attend que le temps passe, il explique à ma mère que c'est une période dure à traverser mais que dans quelques temps, nous nous en relèverons plus forts. Même s'il sait que nous ne partageons pas le même avis, il sait être patient et compréhensif avec moi, nous ne sommes pas très proches au quotidien mais nous avons un lien invisible, inexplicable, qui fait que le simple fait d'être dans la même pièce, nous devinons l'état d'esprit de l'autre. J'aime mon père, tout autant que ma mère c'est certains, mais je n'ai plus envie de me prendre la tête à mener une vie normale, jouer ma vie tel une comédie remplie de joie et d'amour alors qu''en coulisse, le script a disparu. Il a disparu depuis mes 16 ans.

Je regarde l'heure affichée sur la tablette de bord de ma voiture et m'aperçois que 10 minutes sont passées depuis mon arrivée, il serait judicieux que je me dépêche si je ne veux pas finir déshérité. J'enlève le mode avion de mon téléphone et m'aperçois que j'ai environ 5 appels manqués de mes parents, qu'est-ce que j'avais dit ?

Je sors finalement de ma voiture tout en m'allumant une cigarette. Je reste quelques secondes à respirer l'air frais de ce mois d'octobre. Le vent vient agiter mes cheveux mais j'aime bien la sensation du froid sur mon crâne. Je range mon paquet de cigarettes dans la poche intérieur de mon veston. Aujourd'hui, j'ai dû enfiler mon plus beau costard. C'est l'anniversaire de ma tante, je crois qu'elle fête ses 50 ans et disons qu'elle a vu les choses en grand de ce que j'ai compris dans les explicatifs que m'a fourni ma mère...en même temps elle a le budget.

Je rentre dans la salle en cherchant des yeux ma famille. J'aperçois au loin mon père assis aux côtés de ma mère. Il s'arrête un instant et me salue d'un signe de tête puis préviens ma mère de mon arrivée. Je remarque qu'elle retire son sourire lorsqu'elle pose ses yeux sur moi et reprend vite sa conversation avec leurs amis, sûrement trop en colère pour m'accorder plus d'intérêt. Je remarque que ma sœur a une place vide à sa droite, je pense qu'elle m'est destinée.

Nous sommes à peu près une soixantaine d'invités, certains sont de la famille, d'autres des collègues ou des amis. Je ne connais même pas le quart de ces gens...Ma tante a organisé l'événement dans une grande salle où une table immense en forme de U prend pratiquement tout l'espace. Des fleurs dans les tons de violet, sa couleur préférée, sont l'élément principal de la décoration qu'elle a sûrement fait faire par une entreprise afin de viser la perfection. J'avoue ne pas avoir de grands liens avec cette femme, elle ne m'a jamais vraiment porté dans son cœur.

Nos yeux remplaceront nos motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant