Chapitre 16

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Matt

Depuis combien de temps je suis planté dans cette pièce, à regarder le visage de ma mère se crisper de stress ?

Je suis incapable d’arrêter les tremblements de mon corps, mon sang pulse dans mes veines si fort que seul le bruit de mon cœur qui bat à toute vitesse résonne à l’intérieur de moi. Je comprends que je suis entrain de perdre le control, ce qui suffit à me plonger dans une colère puissante. Après toutes ces années, évoquer un lien avec cet homme me fait perdre pied et je déteste ça, il n’a pas avoir autant d’emprise sur moi, je me l’interdis. 

- Matt, je suis désolée, je ne devais pas te…

Je n’entends pas la suite, j’ai quitté la pièce en trombe sans attendre que ma mère termine sa phrase. Je m’éloigne car il faut que je me calme, je sais que ma colère est entrain de prendre possession de mon corps et je ne veux blesser personne. La respiration me manque mais je continu de faire les cents pas dans ma chambre, en essayant de penser à autre chose.

« La prison à appeler… prison…appeler… Matt… Matt la prison à appeler… »

Les mots de ma mère n’arrivent pas à quitter mon cerveau. Je suis entrain d’atteindre un stade où la colère et la panique se mélangent et c’est un mélange très dangereux. Je ne sais plus quoi faire, j’ai envie de retourner toute ma chambre, me fracasser le crâne contre un mur et hurler. J’attrape le premier objet qui me passe sous la main et l’explose contre le mur en face de moi. Je n’aurai pas dû faire ça car je ne vais pas pouvoir m’arrêter, j’en attrape un deuxième et l’envoie valser dans la pièce à son tour. Je me tire les cheveux et ferme les yeux pour essayer de retrouver du calme mais je n’y arrive pas. Je suis toujours debout, à piétiner le sol mais mes tremblements ne veulent pas quitter mon corps. Petit à petit, je ne réfléchis plus, mon corps passe en mode automatique et la violence devient mon alliée. L’étagère à ma gauche se retrouve par terre, laissant tout son contenant s’écraser sur le sol.

- Putain !!!! Hurle-je

Je m’entrave dans un livre qui finit par voler à son tour. Je m’apprête à exploser mon poing dans la porte mais je stoppe mon geste en voyant qu’elle s’ouvre lentement. J’aperçois le visage d’Anna apparaître, des larmes ont coulé sur ses joues et son corps n’ose même pas s’aventurer dans cette zone de violence. J’effraie ma sœur, je ne le vois rien qu’à son regard et ça me ronge de l’intérieur.

- Les violons sont désaccordés, murmure-t-elle.

C’est notre code pour indiquer que nos parents sont entrain de s’embrouiller et que ça ne sent pas bon.

- C’est bon reste là, ça va aller, dis-je plus froidement que voulu.

Lorsque je fais des crises comme aujourd’hui, rien ne peut m’en sortir, c’est à moi de me calmer. Mais parfois, une simple phrase du quotidien est capable de me ramener à la réalité. Anna le sait car c’est souvent elle qui parvient à me sortir de ma transe.

Je descends les escaliers d’un pas déterminé sans vraiment savoir ce que je vais pouvoir dire ou faire. J’entends mon père hausser le ton alors que ma mère lui demande de parler moins fort. Mon visage est redevenu de marbre, ne voulant pas afficher la colère qui brûle en moi. En descendant la dernière marche, un silence de plomb s’installe dans la grande pièce. Alex est posé contre une chaise de la table à manger ne voulant pas s’immiscer dans la dispute entre mes parents. Quant à eux, ma mère se frotte le visage, signe de culpabilité et mon père a les traits de visage tendus, prêt à affronter sa femme de nouveau.

Nos yeux remplaceront nos motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant