Nos yeux remplaceront nos mots

Chapitre 5

Matt

Me revoilà, dans la même boîte de nuit, toujours un verre à la main, accompagné d'Alex, ses potes...et cette fille. Je crois qu'on était tous les deux surpris de se revoir. Cette soirée me gave d'avance, il va falloir que j'enchaîne les verres histoire de tenir le coup. Alex m'a supplié de les rejoindre au moins pour assister à la soirée, heureusement j'ai réussi à échapper au dîner...

- Allez viens, on va s'asseoir avec eux, me dis Alex

Nous partons en direction de la table où tous les autres sont déjà entrain de s'enchaîner une ligne de shots. Alex me laisse m'asseoir en premier sur la banquette du fond, à côté d'un certain Théo qui a déjà les yeux vitreux signe qu'il n'en est pas à son premier verre. Alex vient se coller à ma gauche, faute de places...si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais pris une table en VIP sérieux. Je n'aime pas avoir autant de proximité avec les gens, surtout ceux que je ne connais pas.

- Bon alors, Matt c'est ça ?... me demande hésitant le brun, assis en face de moi.

J'approuve d'un signe de tête, mal à l'aise que les regards se tournent vers moi.

- Tu habites Paris depuis longtemps ? poursuit-il, comme s'il regrettait déjà d'avoir entamé la conversation.

- Heu oui, je suis arrivé dans mon enfance, je ne sais plus quand exactement, répondis-je, voulant éviter de déballer ma vie à ces inconnus.

Je ne suis pas à ma place, je le sens. Leurs regards sont remplis de questions et pour certains, de jugement. Je n'ai jamais aimé devoir m'intégrer, et actuellement, je crois que je n'ai pas le choix. Je me dis que c'est pour Alex, je peux bien faire un effort.

Le brun, hésite un instant puis pose son verre pour me tendre sa main.

- Hé bien enchanté, moi c'est Bastien !

Il paraît bien euphorique mais je suis presque certain que l'alcool y est pour beaucoup. Je ne lui en veux pas car je suis autant bourré que lui, j'ai simplement plus l'habitude de me mettre minable.

- Je te retournerai ce compliment à la fin de la soirée, quand je te connaîtrais un peu mieux mec, mais c'est gentil, réponds-je en lui serrant la main en retour.

Heureusement, tout le monde se met à rire. Je pense que ce Bastien a compris que je n'allais pas être un grand bavard, il nous a évité un grand moment de solitude à tous les deux et c'est déjà sympa de sa part.

Il n'est finalement pas si chiant qu'il en à l'air...

Partenaire Particulier entraîne la plupart du groupe sur la piste de danse, sauf moi et une fille, Julie je crois.

- Bon, je suis complètement épuisée, alors j'en profite pour faire les présentations. Débute-elle. Moi c'est Julie, dit-elle en se rapprochant légèrement de moi comme si elle avait deviné mon hésitation. Ici, c'est Jules, lui et moi on se connaît que depuis la rentrée, nous nous sommes rencontrés en école de mode, m'explique-t-elle en pointant du menton un petit blond habillé d'habits simple mais très colorés. Ensuite là, tu as Bastien, ce mec est le plus fêtard de tous mais c'est le plus bon délire. Je l'observe et remarque qu'il porte un pantalon Ralph Lauren bleu marine accompagné d'un tee shirt blanc de la même marque, sur sa tête est posé une casquette à l'envers. Après tu as Théo, l'ami parfait, tu t'en rendras vite compte, continu-t-elle en le pointant du doigt. C'est le mec qui était assis à côté de moi tout à l'heure, il est grand mais musclé, avec une carrure de rugbyman.

Je sais d'avance que j'éviterai d'aller lui chercher la merde au risque de finir à l'hosto.

- Julie, on t'a jamais appris de ne pas pointer du doigt ? Rigole sa copine en revenant un verre à la main.

C'est seulement après qu'elle se soit assise à côté de Julie que je la reconnais, simplement en remarquant ses yeux.

- Et elle c'est Lou, ma meilleure amie et la plus grande fille que t'ai jamais connu, cette dernière rigole après avoir entendu la dernière phrase de Julie.

On se regarde mutuellement en se saluant d'un sourire discret.

- Je peux savoir ton nom, maintenant que tu connais le mien ? Me demande-t-elle en rapprochant sa tête de la mienne pour que je puisse l'entendre malgré la musique, d'un ton curieux, ses yeux verts scrutant les miens.

- Matt, je m'appelle Matt, répondis-je, surpris par le peu de distance qui nous sépare à ce moment là.

- Ravis de te connaître, me dit-elle, tout en se remettant dans une bonne position à côté de son amie, comme si elle n'était pas non plus à l'aise de cette proximité soudaine.

Alex revient, transpirant comme un bœuf, accompagné d'une fille. Elle fait partie de son groupe d'amis mais on dirait qu'ils vont être un peu plus qu'amis pour la soirée.

- Ha et moi c'est Sara au cas-où, me crie-t-elle avant de s'asseoir sur les genoux de mon meilleur pote.

Lou et Julie décident de repartir danser pendant que les autres gars reviennent s'asseoir. J'en profite pour regarder Lou, pas par ambiguïté, simplement par curiosité. Son corps commence à bouger en rythme avec la musique de Beyoncé, ses cheveux court s'agite à folle allure alors que sa robe noir moulante permet de dessiner ses jolies courbes. Tout le monde me parle de sa taille, effectivement, elle est grande pour une fille, mais je dois bien mesurer dix centimètres de plus qu'elle. Je la trouve différente des autres, elle ne rentre pas dans le moule mais ce n'est pas dérangeant, c'est ce qui fait son charme, je suppose.

La soirée se poursuit tranquillement, on boit, on rigole. J'avoue que je m'attendais à pire, ces gens sont plutôt cool. A un moment, Alex me demande les clés de l'appart, signe qu'il a des choses à faire. Je les lui donne puis il part, accompagné de Sara. En les voyant partir, Julie et Marc se foutent d'eux et j'avoue me joindre à eux. Quant à Marc, je ne sais pas quoi en penser, il est drôle mais souvent gênant voir lourd. On dirait qu'il n'aime pas voir Alex avec cette fille.

Je regarde mon téléphone et aperçois qu'il affiche 4h41. Je vais rentrer, l'alcool a bien envahit mon corps et je suis fatigué, très fatigué. Théo qui remarque ma tête me demande ce qu'il se passe.

- Je vais rentrer, annonce-je.

- Tu vas réussir, même dans cet état ? me questionne-t-il, sceptique.

-Oui oui, répondis-je malgré que je ne sois pas sûre du temps que je vais mettre à cause mon ébriété.

- Rentre avec moi, j'habite à cinq minutes à pieds d'ici, mon canapé est vraiment confortable, me propose-t-il.

- Heu, je sais pas...je..., mes idées n'arrivent pas à s'accorder vu la quantité d'alcool que j'ai avalé.

-Aller viens, conclut-il.

Il me tends la main pour m'aider à me relever.

J'adresse un signe de la main aux personnes du groupe restantes, je n'arrive pas à distinguer correctement leur visage mais je m'en fou, je veux juste rentrer me coucher. Théo leur dit au revoir à son tour, leur demande s'ils ont besoin d'aide pour rentrer puis passe son bras sur mes épaules et m'entraîne vers la sortie.

En sortant, l'air froid de cette nuit de début octobre me fouette le visage mais c'est agréable. Je m'allume une clope et en propose une à Théo, qui la refuse poliment. Et c'est dans un silence tranquille que nous nous dirigeons vers l'appartement de Théo. Ce dernier me tiens toujours par les épaules, il doit sûrement avoir peur que je m'écroule à tout moment...et il a raison. Je trébuche et manque de manger le béton à plusieurs reprises malgré la courte distance à parcourir. Théo, qui lui a beaucoup moins bu que moi, réussi à me rattraper à chaque fois, sans manquer de se moquer gentiment.

Et c'est après dix longues minutes de marche qui m'ont parues interminables, que je me retrouve couché, savourant le moelleux du canapé de Théo, sous une couverture en laine pour m'endormir tel un bébé.