Chapitre 11

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Lou

Il est 18h, les garçons jouent à la Play, Clarisse est assise sur les genoux de Matt et Julie et moi sommes dans la cuisine. Nous essayons de préparer des pâtes à la carbonara pour tout le monde...on va sûrement se faire une soirée télé en regardant FastandFurious.

Je n'ai pas reparlé à Matt depuis notre dernière altercation mais je pense qu'il n'a pas dit son dernier mot. Personne n'a reparlé du conflit de tout à l'heure, nous savions qu'il était préférable de l'oublier. Mes amis ne sont pas intervenus parce qu'ils ne savent pas comment faire, je ne montre à personne mes émotions négatives, je ne parle pas de mes problèmes personnels encore moins de ma vie sentimentale au quotidien. Je remarque simplement que Bastien est devenu plus distant avec Matt, prenant ma défense comme il le peut. Quant à Julie, elle me soutient en silence mais n'interviendra que si je lui demande. Je pars du principe que je ne veux recevoir de l'aide de personne, sauf si je le demande. Et tous mes amis sont au courant, c'est pour ça qu'ils ont gardé le silence durant notre altercation avec Matt mais par soutient, Bastien est froid avec ce dernier et Julie reste silencieuse, sûrement entrain de réfléchir à un plan machiavélique pour émasculer mon adversaire.

J'avoue ne pas m'être vraiment remis de ce qu'il m'a dit. Ma vie sentimentale est un sujet que j'aborde seulement avec Julie et tout le monde sait que je n'aime pas en parler. J'en rigole mais je ne sais pas en parler sérieusement quand il s'agit de mon cas. Je suis souvent Cupidon, à écouter les problèmes de cœur de mes amis mais jamais je ne raconterai ce que je ressens moi.

- Est-ce que ça va ma belle ? me demande Julie qui vient me caresser le dos avec sa main droite.

Je suis entrain de remuer les pâtes et je me serre de ce prétexte pour ne pas la regarder, je ne suis pas d'humeur. Je ne suis plus d'humeur.

- Oui t'inquiètes pas, je m'en fou, ce n'est pas le premier hein ! dis-je en riant jaune.

- Je ne sais pas ce que tu lui as répondu et je m'en fou, j'espère simplement que tu lui as fait fermer sa grande bouche. Tu le sais déjà mais je te le redis, je suis fière de toi. Dit-elle en replaçant une mèche derrière mon oreille.

Elle sait. Elle me connaît mieux que ma mère ne me connaît, elle sait que ses paroles m'ont touché, plus que je ne le voulais. Et dans ce genre de moment, où elle vient me soutenir alors que je n'ai qu'une envie c'est d'aller m'enfermer dans ma chambre, seule, j'ai envie de craquer. Ces moments où on perd la force de garder le sourire et où les larmes risquent de sortir à la moindre faiblesse. Ce n'est pas le plus agréable, surtout lorsqu'on a des invités, certes lointain, mais qui peuvent voir vos faiblesses si jamais ils ne s'approchaient trop.

La vie m'en a fait voir des plus dur et c'est ce qui me permet de me relever, qui fait que je m'accroche. Je me suis toujours promise de me relever. On pourrait se dire que ce n'est rien, seulement un mauvais moment à passer mais je ne suis pas d'accord. Ce n'est certes que 10 min dans une journée de 24h, dans une semaine de 168h, mais purée, qu'est-ce que c'est douloureux. C'est douloureux parce que les paroles étaient violentes et c'est douloureux parce qu'il y en a eu d'autres avant elles et que celles que vous venez d'entendre font remonter ses copines du passé qui auraient dû rester dans l'oubli. Alors oui, ça ne devrait pas m'atteindre mais c'est comme ça. Je ne me laisse pas souvent blesser par des mots mais cette fois ci je n'ai pas le choix, les mots étaient trop curieux et malsains pour ne pas s'insérer dans mon esprit. Il avait bien choisi son discours, il avait remarqué mon silence, il voulait me voir vulnérable.

-Regardes moi Lou, me dis Julie en chuchotant

-Je ne peux pas, murmure-je.

Je sens les larmes monter mais je ne veux pas pleurer. La fatigue n'arrange rien.

Nos yeux remplaceront nos motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant