Lou
Je suis épuisée, je pense que si le café n'existait pas, je serai morte de fatigue depuis bien longtemps. Il est tard, 00h30 je crois, et j'ai enfin terminé cette journée de travail. J'adore mon boulot mais quand votre corps ne tourne qu'au café pour maintenir vos yeux ouverts, il faut dire que c'est assez dur de garder le sourire.
J'enlace Stephen, mon collègue maquilleur puis je rejoins ma voiture. Je profite de cette petite marche seule pour contempler les voitures défiler devant moi, quelques piétons attendent eux aussi que le feu passe au rouge pour traverser la route et quelques livreurs pressés zigzaguent sur leur scooter entre les automobilistes encore présents à cette heure tardive. Malgré tout, en cette fin d'octobre, l'agitation de la ville s'est apaisée et il ne reste que ceux qui ont l'obligation de sortir. Le vent fait flotter mes cheveux dans l'air parisien et je resserre mon manteau pour maintenir la chaleur à l'intérieur. J'ai le cerveau en compote mais l'air frais me garde éveillée, me laissant admirer la capitale plongée dans le noir.
Je traverse le passage piéton puis m'approche de ma voiture, garée dans une ruelle adjacente à un hôtel luxueux.
Les soirées où je termine tard, j'adore traîner dans Paris, à pied ou en voiture, mais ce soir, je suis trop épuisée pour une balade nocturne.
- Lou !!! Lou, Lou, Lou... tu ne vas pas deviner ?!
J'ai à peine le temps de refermer la porte d'entrée que Julie arrive en courant. Elle porte un pyjama rouge écossais et son visage est recouvert d'un masque au charbon. Ses cheveux sont tenus par un bandeau en pilou pilou avec des oreilles de lapin assez mignonnes, tout ça ne la met pas en valeur mais c'est assez drôle à voir.
- Non je ne vais pas deviner...Qu'est-ce qu'il y a ? Je baille et enlève mon manteau en attendant que ma meilleure amie m'explique ce qui la rend aussi euphorique à cette heure ci.
- Je t'ai envoyé des messages toute la soirée pour te dire de te magner car j'avais une super nouvelle à t'annoncer, et tu m'as mis un énorme remis d'ailleurs ! Le défilé ! Dit-elle en bondissant comme une cinglée.
J'ai peur qu'elle réveille les voisins du dessous tellement elle s'agite. Elle saute et atterrit sans aucune délicatesse, on pourrait la comparer à un éléphant vu le bruit mais pourtant elle ne pèse à peine 60 kg.
Je la regarde sans comprendre, je n'ai pas assez les idées claires pour savoir à quoi elle fait référence. Je crois que j'étais censée réagir comme elle en entendant le mot défilé vu l'air déçu qu'elle affiche lorsqu'elle remarque que mon cerveau n'arrive pas à faire le lien.
- Le défilé pour mon école, en décembre, là où on est en duo pour essayer de montrer notre vision de la mode. Celui où seuls les meilleurs étudiants de l'école s'affrontent, Lou ! Fait un effort !!!
Je suis décidément la pire amie qui existe, je n'ai aucun souvenir de ce sois disant défilé. Elle a dû m'en parler, pourtant, mes idées ne me reviennent pas.
Elle se tire les cheveux, dépitée et cherche un nouvel indice à me donner pour que mon cerveau face tilt.
- Lorsque j'ai su que ce concours allait avoir lieu cette année, on s'est retrouvée toute les deux dans un bar et j'ai pointé un mec du doigt. J'ai dit que je voulais l'avoir comme mannequin tellement il était canon. Il nous a vu...
- Et il t'a demandé ton numéro !! Me rappelle-je soudain avec un regain d'énergie.
Elle sourit et on explose de rire jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
- Est-ce qu'on reparle du moment qui a suivit ? Demande-je en continuant de rire.
- Celui où le mec en question est venu me demander mon numéro pour me proposer un poste de mannequin dans une publicité pour des yaourts aux fruits ? Non ce n'est pas nécessaire. Répond-elle en se faisant du vent à l'aide de ses mains devant les yeux pour éviter que des gouttes tombent sur son masque.
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Nos yeux remplaceront nos mots
Romance"Parfois, il vaut mieux se taire et admirer car les yeux ont le pouvoir de parler. Il suffit simplement de trouver le bon regard." Un passé douloureux et des secrets bien trop lourds à avouer, Matt et Lou sont bien loin d'imaginer ce que l'autre a v...