Chapitre 25

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Matt

- Tu es prêt ?

- Oui.

- Tu as dormi ?

- ...

- S'il te plaît, je ne te demande qu'une chose : essaies de contenir ta colère jusqu'à ce qu'on sorte, Matt.

- Je vais essayer.

- Et n'insultes pas notre avocate. Elle nous coûte bien assez chère comme ça.

Mon père ricane de sa dernière phrase tandis que ma mère est tendue des orteils jusqu'au sommet de son crâne. Ils sont si opposés qu'on penserait presque assister à une parodie. Quant à moi, je n'affiche aucune émotion. Je ne parle que très peu, par peur que mes mots trahissent le stress qui est en train de s'emparer de mon corps.

L'ascenseur nous dépose à l'étage du rendez-vous puis redescends vers le rez-de-chaussée, tandis que nous nous rapprochons de la porte où est inscris le nom « Maître Alina MOREAU ».

Je n'ai pas envie de franchir cette porte lorsqu'elle s'ouvrira. Mais je n'ai pas non plus envie de partir comme ça, laissant une chance au diable de s'immiscer encore plus dans ma vie. J'ai rencontré des dizaines d'avocats dans ma vie. Ils voulaient tous me venir en aide, soi-disant. Ils me promettaient la lune, et le pire dans tout ça, c'est que j'y ai cru. Leurs promesses n'ont été que mensonges, la preuve, je dois retourner aujourd'hui chez l'un d'eux, pour réaffronter mon passé. Et essayer de le garder derrière les barreaux.

- Bonjour, Maître Alina MOREAU, se présente la brune bien gaulée face à nous.

On sait qui tu es, t'inquiètes...

Mes parents lui serrent la main poliment et je fais de même, ne voulant pas me donner une sale image dès le départ.

La pièce est éclairée par le soleil de cette fin d'après midi. Elle renvoie malgré tout une atmosphère trop sérieuse et luxueuse. Tout cet immeuble pu le frique, alors je ne vois pas pourquoi je suis étonné devant des meubles de grands designers et de la décoration épurée mais sûrement chère.

Mes souvenirs me reviennent comme si c'était hier. Je me revois dans ces bureaux sans âmes et silencieux, histoire que les traumatismes que vous êtes en train de raconter résonnent à la perfection sur ces murs blancs. Je ne suis pas un grand bavard. Raconter ce qu'il m'a fait subir a été un des actes les plus durs à surmonter dans ma vie. Les endurer est une chose, les raconter devant un avocat, puis devant une salle entière en est une autre.

Moi qui m'étais promis de ne plus revivre cet enfer, me revoilà assis en face d'une brune qu'on surnomme Maître...

- ...Matt ?

Je relève les yeux et comprends que j'étais censé répondre à l'avocate.

- Je disais qu'il allait me falloir...comment dire...plus de détails sur cette période..., explique-t-elle doucement.

On dirait qu'elle est gênée de me demander ça.

- Mais je n'avais que trois ans ? M'exclame-je.

Ma mère pose sa main sur ma cuisse mais je la repousse, ne voulant pas de sa pitié.

- Il est écris dans le dossier de l'affaire que vous avez avoué posséder des tonnes de souvenirs mais qu'aucun d'eux ne suffiraient à convaincre le juge. Pourquoi ? Ajoute-t-elle.

- Les interviews sur mon passé ne sont pas ma tasse de thé, mais...très bien. Commence-je, sarcastique.

- Disons que quoi que je raconte, je ne sors pas du lot. Je suis comme tous ces gamins, qu'on plaint mais qu'on n'écoute pas vraiment. Alors à quoi bon en raconter davantage ?

Nos yeux remplaceront nos motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant