Chapitre 14

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Lou

Nous sommes le 15 octobre, le temps est gris, comme s'il avait décidé de s'accorder à mon état d'âme. Je n'ai pas envie de me lever, je n'ai pas non plus envie de manger, j'ai simplement envie de rester à me morfondre sous ma couette en aillant comme seule compagnie ma peine. Le 15 octobre est le jour de décès de mon frère, et cela fait maintenant 4 ans qu'une partie de mon cœur est partie rejoindre le paradis avec lui.

Il était tout pour moi, mon épaule pour pleurer, mon protecteur et ma bouée de sauvetage quand les vagues étaient trop dur à affronter. Rien qu'en repensant à son rire lorsqu'on se chamaillait mon coeur se serre et mes larmes coulent de plus belle.

Je ne serai décrire ce que je ressens au plus profond de moi. C'est comme si mon esprit s'amusait à transformer nos plus beaux moments passés avec mon frère pour en faire un diaporama bien triste où seules les images défilent, sans aucune musique. Chaque souvenir me serre les tripes à un point où je me demande même si je ne vais pas vomir.
Quatres longues années sont passées sans lui à mes côtés pourtant je n'ai toujours pas fait mon deuil, comme me reprochent beaucoup de gens. Seulement, ai-je vraiment envie de le faire ? Je suis la seule à pouvoir le décider et je sais que je ne suis pas prête à tourner la page car ça signifierait l'oublier. Je veux me rappeler la couleur de ses yeux et le son de sa voix pour toujours, je ne veux perdre aucun souvenir.

En regardant rapidement par ma fenêtre je remarque que la journée est déjà bien entamée. Je n'ai même pas pris la peine d'allumer mon téléphone sachant que mes amis vont tous m'envoyer des messages de soutien qui me feront encore plus souffrir et me rappeler que ce n'est pas un cauchemar, seulement la vie et ses dures réalités.
En me levant, je me regarde dans le miroir posé dans un angle de ma chambre, mes cernes à cause de ma nuit blanche prouvent que pleurer n'arrange rien à mon affreuse mine et mes pouces sont en sang à force de gratter les cuticules autour. Mon reflet est affreux et la migraine qui persiste depuis quelques heures maintenant me rend irritable. Je pars en direction de la salle de bain afin de prendre un Doliprane et remarque qu'un post-it est accroché sur la porte.

"Je voulais prendre un jour de congés pour rester avec toi mais je me suis rappelée que j'étais encore étudiante et que mes parents payaient une fortune mon école alors je me devais d'aller en cours...quelle nouille mdr ! T'as déjà pensé à changer de meilleure amie ? non je suis sérieuse parce que là je me demande comment on va s'en sortir si je ne suis même pas foutu de comprendre que si la bouilloire ne fonctionne pas c'est qu'elle n'est pas branchée...J'ai passé 15 minutes à l'insulter en décidant finalement de boire un café alors que je déteste ce truc qui a le goût de chaussette. C'est une fois ma tasse terminee que j'ai remarqué le fil de la bouilloire pendre dans le vide.
Je rentre vers 14h, je t'aime ♡ "

C'est Julie. Son mot réussi à me faire oublier ma peine pendant quelques secondes.

Je traîne les pieds pour arriver devant le placard à pharmacie. Une fois le médicament ingéré, je pars me recoucher, épuisée, dû à mon manque de sommeil. Toutes les années c'est pareil, je suis incapable de faire autre chose que de pleurer et d'en vouloir à la terre entière. Pourquoi fallait-il que ce soit lui ? J'avais besoin de lui, j'ai besoin de lui. On me l'a arraché alors qu'il avait encore toute le vie devant lui, il devait voir le monde, rouler des milliers d'heures dans sa voiture à écouter des musiques des années 90. Il ne méritait pas de mourir si jeune, il n'avait que 23 ans. Je voulais devenir tata et pouvoir porter son enfant dans mes bras, l'enlacer en lui murmurant qu'il est l'enfant le plus chanceux du monde d'avoir mon frère comme papa.
Je pleure encore de longues minutes, la peau sous mes yeux m'irrite à cause des larmes qui ne cessent de couler. Je replie mes jambes contre mon torse et les entoure avec mes bras. Ma tête repose sur mes genoux et seul ma respiration saccadée s'entend dans le silence pesant de ma chambre.

Nos yeux remplaceront nos motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant