Chapitre 6 : Confins

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Chapitre 6 : Confins


EVELYNN


Le hall du bâtiment était lui aussi moderne, uniquement composé d'un gris taupe et d'un doux blanc crème. De quoi bien changer l'ambiance qui régnait en haut de cette tour. Meredith avança devant moi et ouvrit la porte pour me la tenir. D'ici, je vis une sublime voiture noire dernier cri aux mille reflets. Je devais avouer que je ne m'y connaissais pas du tout en voiture, et ça ne m'avait jamais réellement intéressé. Néanmoins, le logo indiquait clairement la marque Bugatti, et vu la tête de cette voiture sans défaut et propre, elle devait valoir une bonne fortune. Nous ne risquions pas de passer inaperçus dans les rues avec un tel engin.

Mon premier pas à l'extérieur depuis un bon bout de temps fut assez désagréable par ce vent froid d'hiver qui me fouettait la peau à travers le léger tissu que je portais. Mes expirations créaient de légères fumées blanches qui se mélangèrent à l'air.

En me frottant les bras, je regardais attentivement les alentours. Je ne reconnaissais définitivement pas cet endroit. Il y avait du monde, du bruit, de la musique, une tonne de restaurants et de magasins, mais aussi et surtout beaucoup de gratte-ciels comme celui dont on venait de sortir. Des villes comme ça, il y en avait tout un tas en Amérique, et n'ayant jamais bougé de mon trou paumé, à Leavenworth, au nord-est de Washington, à part pour me perdre en vélo dans les forêts, je ne m'étais jamais rendue dans les grandes villes. Alors, sur un coup de tête, je m'imaginais à New-York, c'est-à-dire l'autre à bout des États-Unis.

Un homme brun en costard noir, à la mine blafarde, et portant des lunettes noires, nous ouvrit la porte arrière. Meredith monta la première. Complètement perdue, et soudainement apeurée par l'immensité de cette ville inconnue, sans téléphone pour m'aider à me localiser, je perdis tout espoir quant à ma fuite. Je n'allais pas pouvoir partir maintenant, et je craignais l'endroit où elle comptait me mener, étant donné qu'elle avait déjà évoqué un laboratoire avec Hayden. J'ai pris sur moi en entrant dans la voiture. Après avoir remarquée mes difficultés à m'attacher à cause de mes tremblements, Meredith m'aida à boucler ma ceinture. La porte se referma sur nous et tous mes espoirs s'évaporèrent entièrement. Je me sentis condamnée.

— Ça ne va pas ? S'inquiéta la gothique.

— Si si... Je suis juste... Soupirai-je avant de faire preuve d'honnêteté. Je me sens totalement perdue. La ville où nous sommes me paraît si grande et bien trop animée. J'ai l'impression de n'être... Qu'une fourmi ?

— Oh. Ce n'est que Seattle, tu sais. Il y existe des villes bien plus impressionnantes !

J'ai ravalé ma salive face à l'information précieuse dont elle venait de me faire part, et qui me rassura grandement au passage. Contre toute attente, nous étions étonnement très proches de la petite commune où je vivais. Je lui souris nerveusement en entrelaçant mes doigts pour les stabiliser.

Un blanc s'installa quand mon accompagnatrice mit sa tête contre la vitre pour regarder le paysage défiler. Elle devait déjà avoir prévenu notre chauffeur du lieu où elle m'emmenait, parce qu'elle ne lui en avait pas parlé devant moi.

Le trajet dura presque une heure en voiture. Nous étions les seuls à traverser une route au beau milieu d'une forêt. Au fur et à mesure, entouré d'une épaisse brume, une immense et ancienne structure s'éleva. C'était une demeure sombre semblable à un château, qui prenait facilement un kilomètre à elle seule. Je compris, sans qu'on ait besoin de me le dire, qu'il s'agissait du fameux Confins.

Blood Lust (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant