La fièvre me fait délirer. Je sens des gouttes de sueur perler sur mon visage. J'ai mal, j'ai si mal, c'est un calvaire. Je serre les dents, crispée par cette douleur saisissante et tenace dans le bras. Tout est flou, j'ai la tête qui tourne, je ne sais pas où je suis, je gémis de douleur mais ne parviens pas à reprendre connaissance.
Je suis plongée, empêtrée dans un cauchemar. Ou plutôt dans un souvenir. Je me revois deux ans en arrière, en Bretagne, sur ce pont. Des larmes ruisselant sur mes joues, je regarde les vagues déferler à plusieurs mètres sous mes pieds. Je suis au bord, prête à sauter. L'envie de mourir imprègne chaque partie de mon âme, la mer m'appelle, je veux en finir.
J'ai tout perdu : ma vie, mes parents, le bonheur. Tout est trop dur, trop injuste, je ne peux plus, je n'ai plus la force. Mais... j'hésite. Quelque chose en moi ne veut pas s'éteindre. Quelque chose me murmure que le malheur connaît une fin. Que tout ira mieux. Que quelqu'un d'autre m'attend ailleurs.
Dans le ciel brumeux, j'entends sa voix rauque vibrer au loin, je vois ses yeux bleus se confondre avec la mer et tout prend sens. Je comprends enfin pourquoi, ce jour-là, je n'ai pas sauté. Caleb est la réponse que le destin m'a réservée. Sa voix résonne encore et encore, comme un écho insaisissable venant m'arracher à ce souvenir terrible.
- Je suis... là... C'est moi... Iris... Calme toi... tout va bien... Je suis... là.
Mon corps me lâche, mon esprit s'évanouit. Revoilà le noir complet.
***
Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, j'ai le souffle court, l'esprit hagard. Je mets quelque seconde à revenir sur Terre et observe la pièce qui m'entoure d'un œil inquiet.
Je me trouve sur un lit recouvert de draps en satin, dans une immense chambre aux murs tapissés de pierres brunes. Je comprends immédiatement que je suis dans la maison de Caleb. Une imposante baie vitrée laisse passer les rayons du soleil qui éclairent la pièce. La vue donne sur la Méditerranée qui scintille jusqu'à se perdre dans l'horizon. Il fait bon et le vent chaud balaye délicatement les rideaux. Il n'y a personne, pas un bruit, sauf celui des vagues.
Je saisis mon téléphone et découvre que j'ai dormi presque 24 heures. Les images de l'attaque me reviennent alors comme un coup de boule en pleine tête. Je grimace en passant la main sur mon épaule recouverte d'un bandage. Quelqu'un s'est visiblement occupé de retirer la balle gentiment offerte par le comité d'accueil... Il n'y a pas à dire, ils savent recevoir ici.
Cet événement, aussi terrible soit-il, me confirme au moins que je ne délirais pas : ce motard assassin me suivait bien depuis des semaines. Mais pourquoi ? Et surtout, qui est-ce...? Si vous avez des idées, je pense que c'est le moment de m'en faire part, ne faites pas vos radins.
Je me redresse et tente de me lever. Mais bordel qu'est-ce que j'ai mal. Mon crâne tangue, tous les membres de mon corps sont engourdis. Il faut que je marche, que je prenne l'air, ça va me faire du bien. Hauts les cœurs Iris, tu es en vie, tu as déjà connu pire ma vieille.
Je passe une tête dans l'immense couloir qui mène à ma chambre. Tout est calme, la voie semble libre. Je m'aventure doucement dans cette bâtisse de rois, en caressant du bout des doigts la pierre qui orne les murs.
- C'est donc ici, chez lui, murmuré-je à voix basse, subjuguée.
J'arrive au rez-de-chaussée et découvre une pièce de vie spacieuse, construite sous un plafond qui culmine à plusieurs mètres de hauteur. Il y a d'un côté le salon et ses canapés design, qui font ressortir le charme naturel du bâtiment. Puis au fond, cette cuisine ouverte, faite d'un doux mélange de bois et de marbre. Tout est très moderne, encore plus luxueux que dans son appartement parisien. Au milieu de la pièce trône un immense escalier vitré. Et de grandes fenêtres offrent une vue panoramique sur la mer. Lui qui aime les vues dégagées, il est servi, remarqué-je face à ce panorama à couper le souffle.
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Monomanie - Tome I - Rouge passion
RomanceSa peau. Son parfum. Son regard. Pourquoi ce voisin m'obsède-t-il ? Que cache cet homme arrogant ? Il ne laisse dans son sillage que doutes, mystères et questions sans réponses. Ses yeux bleu lagon agitent mes nuits. Sa froideur hante mes jours. J...