Monomanie - Tome I - Rouge passion

Chapitre 12

Camélia balaye d'un coup vif le rideau de la cabine d'essayage pour se pavaner dans la robe rose qu'elle vient d'enfiler.

- Alors t'en penses quoi ? demande-t-elle en se contemplant dans le grand miroir.

Assise sur le canapé de l'élégante et lumineuse boutique, je l'observe dans les moindres coutures avant de rendre mon verdict.

- Je crois que c'est la bonne.

- Ah ouais ? T'es sûre ?

- Évidemment que je suis sûre. De toute façon Solal n'aura d'yeux que pour toi à ce dîner !

- Ouais mais je veux quand même être la plus belle, ricane-t-elle.

Elle se retourne vers moi, les mains sur les hanches.

- Tu n'essayes rien, toi ?

- Pour quelle occasion ? rétorqué-je, blasée. Personne ne m'amène au restaurant je te rappelle.

La mine boudeuse, je me retourne dans un soupire vers la grande vitrine transparente qui donne sur la rue commerçante juste derrière moi. J'observe d'un air las le boulevard parisien où taxis, motos, vélos et passants se succèdent dans un chassé-croisé urbain.

- Peu importe, d'habitude tu adores faire les boutiques ! s'étonne Camélia en s'asseyant à côté de moi.

- Je n'ai pas très envie d'essayer quoi que ce soit.

- Je te trouve ailleurs en ce moment...

- Moi ? Non, pas du tout.

- C'est les exams qui te tracassent ?

- Non, il n'y a rien je te dis.

- Si, si, insiste-t-elle. C'est ce voisin, j'en suis sûre.

- Caleb ? Absolument pas, je n'y pense jamais, mentis-je.

Elle éclate de rire.

- Tu m'en veux si je ne te crois pas ?

Je croise les bras en pestant.

- Je ne te juge pas, ajoute-t-elle plus sérieusement. C'est cool, si tu ressens quelque chose.

- Même si c'est de la colère ?

- Bin, c'est mieux que rien, non ?

- Peut-être...

Je crois que Camélia a raison. Aussi insupportable soit-il, Caleb agit sur moi comme un défibrillateur sur un cœur inanimé. Et cette sensation est aussi puissante qu'intenable. Aussi douloureuse qu'enivrante.

Camélia se lève pour se contempler de nouveau.

- Et au fait, comment avance ton enquête sur les tableaux ? me demande-t-elle en s'adressant à mon reflet dans le miroir.

- Au point mort, dis-je excédée. En attendant les infos de Lilian, j'ai tenté de contacter un musée qui a, d'après Internet, également été victime d'un vol.

- Et alors ?

- Ils m'ont mis un gros stop. Ils sont déçus par les conclusions de l'enquête et veulent juste « tourner la page ».

- Merde...

- Mais j'ai peut-être une idée pour avancer plus vite sur ce dossier.

Ou plus exactement, sur le dossier Caleb.