Les rayons du soleil qui traversent les rideaux de mon petit appartement parisien me chatouillent le visage.
Emmitouflée sous ma couette, j'essaye tant bien que mal d'ouvrir les yeux, déjà démotivée par la brise fraîche que j'entends souffler à l'extérieur. Je sais, on se croirait dans un de ces romans à l'eau de rose qui débute par une scène où l'héroïne se réveille en étirant les bras.
Sauf que, spoiler alert : je n'ai rien d'une héroïne, mes cheveux ressemblent plus ou moins à un paillasson et je râle déjà de bon matin. La seule chose de vraie, c'est que chaque jour dans ce bas monde commence bel et bien par une nuit qui s'achève. C'est juste moins cool que sur le papier.
Pour la troisième fois, mon réveil se met à retentir, comme une injonction à commencer cette journée pour laquelle je n'ai aucune envie, ni énergie. Sérieusement, comment font les gens matinaux ? Donnez-moi le secret de ces extraterrestres !
Dans un sursaut de volonté, je me redresse, lâche un grand soupire et mets fin à cette sonnerie infernale. Tandis que mes yeux s'habituent doucement à la lumière, je me lève et me dirige à la vitesse d'une tortue vers la cuisine - toujours pas l'attitude d'une princesse, mais ça va venir, ne vous inquiétez pas.
Ma tasse brûlante de thé à la cannelle entre les mains, je m'affale sur mon canapé et allume la télévision pour prendre le pouls de l'actualité, comme tous les jours. Un incendie dans le sud de la France, des manifestations violentes en Espagne, un terroriste jugé aux États-Unis pour ses crimes commis dans une école... J'aurais mieux fait de ne pas allumer cette foutue télé. Parfois, l'humanité et le monde qu'elle s'est façonné me dépriment. Et dans ces moments-là, tout ce bordel me semble irrécupérable.
Après une douche brûlante, je laisse finalement ma mauvaise humeur au placard - il était temps - et commence à me préparer pour cette journée qui marque un nouveau et grand départ dans ma vie. Mon premier jour de fac. Déjà. Ma première année.
Pour vous faire un résumé, parce qu'on n'a pas franchement le temps ce matin, je rentre à la Sorbonne Paris, en licence de Lettres, dans l'espoir de devenir journaliste, comme l'a été mon père. Mon père...
À cet instant, c'est comme si une lame tranchante, imbibée de mélancolie, me transperçait le cœur de part en part. Je déglutis alors que des flashs incontrôlables m'assaillent : la panique, la neige, le sang... Ça recommence.
Non, non, non, pas encore.
Les images défilent à toute vitesse dans ma tête sans que je puisse les maîtriser.
- Stop ! dis-je à voix haute pour reprendre le contrôle sur moi-même.
Ça suffit ! Je ne dois pas repartir dans le passé. Je ne peux pas. J'ai 20 ans et toute la vie devant moi. Aujourd'hui marque le début d'un nouveau chapitre, que j'espère et veux moins sombre que le précédent.
Devant ma coiffeuse, je retrouve mes esprits et me toise, essayant d'émettre un jugement sur ce que je vois dans le miroir. Évaluons ensemble l'ampleur du chantier, vous voulez ?J'ai les yeux un peu fatigués, ce qui leur donne une forme plus en amande qu'à la normale. Ma mère disait souvent que j'avais le regard d'une biche, fait d'un marron très clair, avec des touches de jaune, comme les « flammes d'un brasier ardent ». Heureusement, mon teint rattrape ma mine défraîchie, encore halé des vacances sur la côte bretonne avec ma meilleure amie Camélia.
Quant à mes cheveux... Vous l'aurez compris, je les aime autant que je les déteste. Ils sont bruns aux reflets cuivrés, du genre longs et épais. Ils me tombent jusqu'au milieu du dos dans de légères ondulations et pour être honnête, je ne sais jamais trop quoi en faire. Pour aujourd'hui, ou plutôt, comme d'habitude, ce sera un bon vieux coup de brosse.
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Monomanie - Tome I - Rouge passion
Storie d'amoreSa peau. Son parfum. Son regard. Pourquoi ce voisin m'obsède-t-il ? Que cache cet homme arrogant ? Il ne laisse dans son sillage que doutes, mystères et questions sans réponses. Ses yeux bleu lagon agitent mes nuits. Sa froideur hante mes jours. J...