Chapitre 7

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Je voudrais creuser un trou six pieds sous terre et m'y cacher jusqu'à la fin des temps. 

Seigneur, j'ai tellement honte, je me sens tellement ridicule.

Ce samedi matin, je suis dans la lune, bloquée devant mon thé fumant, les yeux dans le vide, une sacrée migraine en prime. 

Pour ne rien arranger, ma mémoire est défaillante. Elle me balance des souvenirs émaillés de la nuit dernière, à coups de flashs déconstruits. Qu'est-ce que j'ai encore fait... C'est peut-être même pire que ce dont je me souviens. Il faut vraiment que j'arrête l'alcool... C'est tout moi, impulsive et qui tombe dans mon propre piège dès que j'en ai l'occasion. 

Je lâche un grand soupir, la tête enfoncée dans les mains.

Caleb. Je le revois, je le ressens, c'est comme si son parfum embaumait la pièce. Deux fois qu'il me vient en aide, deux fois qu'il entre chez moi. 

Je le sais vivant depuis seulement quelques jours, et déjà, il hante mes pensées. Cet inconnu est comme un océan de glace, froid et impénétrable. Tout en étant un dangereux brasier, fascinant et addictif. En bref : une mauvaise idée.

Heureusement, je n'ai pas à sortir aujourd'hui, pas avec cette gueule de bois. Dehors le temps est pluvieux et couvert, le vent souffle contre la toiture créant une douce mélodie que je peux entendre depuis l'intérieur. Il fait chaud dans l'appartement, une chaleur réconfortante, comme je les aime. 

Je prends mon téléphone en me laissant tomber dans mon canapé et découvre les vingt messages que Camélia m'a envoyés. Elle est visiblement passée par toutes les émotions : de la colère, à l'incompréhension, jusqu'à l'inquiétude. 

Je la rassure avec un SMS, en lui expliquant que j'avais juste un coup de barre. Ce qui est, quand on y pense, plus ou moins vrai. Un demi-mensonge c'est acceptable, non ?

Je fais glisser un plaid sur mes jambes et lance une série Netflix. Mais après quelques minutes à regarder dans le vide, des flashs de la soirée toujours en tête, je décide d'être honnête avec moi-même : je veux en savoir plus. 

C'est peut-être inutile, sûrement ridicule, mais je dois en savoir plus sur ce type.

J'enfile un jogging, des chaussons et ouvre ma porte, glissant une tête d'un côté puis de l'autre, en espérant ne croiser personne, et surtout pas mon ténébreux inconnu. 

Je me rends à pas de loups au rez-de-chaussée de l'immeuble, là où se situent toutes les boîtes aux lettres disposées en rang d'oignons. L'endroit est vide, on peut juste entendre le vent s'engouffrer sous la porte d'entrée.

J'ai déjà un prénom, Caleb, il me manque seulement un nom de famille pour avancer. Mais hors de question de lui demander directement et de lui donner encore plus d'importance. Je devrais trouver ce dont j'ai besoin ici.

Face aux dizaines de boîtes aux lettres alignées, le cœur battant à la chamade de crainte d'être prise la main dans le sac, je passe en revue tous les écriteaux qui me semblent sans fin. 

Jusqu'au moment où mon doigt marque un arrêt :

- Alcaraz. Caleb Alcaraz. J'ai donc un nom, dis-je à voix haute, les yeux accrochés à la boîte aux lettres.

- Tu as besoin d'aide Iris ?

À cet instant, mon cœur fait un bond dans ma poitrine et un cri de surprise mêlée à de la peur m'échappe. Je me tourne vers l'entrée et découvre la gardienne, Hortense, sur le perron, son chat noir ronronnant à ses pieds. 

Elle me dévisage, abasourdie par ma réaction démesurée.

- Hortense, c'est vous... Vous m'avez fait peur, dis-je dans un soupir, en amenant ma main sur mon cœur.

Monomanie - Tome I - Rouge passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant