Le mois de novembre file comme du sable entre mes doigts. Le temps est un éternel ennemi, après qui je cours sans jamais réussir à le rattraper.
Pour cesser d'être distraite par mon étrange inconnu, j'ai décidé de me jeter à corps perdu dans le travail. Entre les amphis, les révisions à la bibliothèque et les articles pour le journal de l'université, mes journées sont pleinement remplies.
Sans compter mon nouveau petit compagnon : Réglisse, le chat d'Hortense. Vous vous souvenez de lui ? Noir, à la truffe rose et aux yeux jaunes en forme d'amande. Ma gardienne me l'a confié le temps qu'elle revienne de voyage. Elle y tient comme à la prunelle de ses yeux, c'est donc une grande preuve de confiance qu'elle me fait.
Bon, j'avoue qu'au début, l'idée ne m'emballait pas franchement, j'ai déjà tellement à faire. Mais elle a insisté et je dois dire que je m'habitue petit à petit à cette présence féline et joueuse, que je retrouve chaque soir avec plaisir.
Du reste, je croise de temps à autre la Porsche de Caleb dans le parking le matin. Mais je fais mine de l'ignorer. Je suis bien décidée à l'éviter, lui et ses histoires louches. Derrière son charme ravageur, il sent les problèmes à plein nez.
J'aimerais comprendre ce que j'ai vu, c'est sûr, mais c'est une mauvaise idée, je le sais. Puis cette rouquine est sûrement sa copine...
De toute manière, il ne m'adresse pas un regard, pas un mot. Il doit me prendre pour une idiote après mon comportement de l'autre soir, quand j'étais complètement saoule. J'ai tellement honte maintenant que j'y repense.
Mais c'est très bien ainsi. Mieux vaut ne pas trop s'approcher de cette rose empoisonnée, au risque d'être piquée.
Ce jour-là, le soleil commence à se coucher lorsque je remonte à pied la rue qui mène à mon immeuble. Pour une fois, le temps est doux, le vent ne souffle pas et les derniers rayons de lumière nous gratifient de leur chaleureuse présence.
Un joli jour d'hiver, comme je les aime.
Lorsque j'arrive enfin dans mon appartement, je me déchausse et retire mon manteau en appelant mon petit acolyte à moustaches :
- Réglisse ! m'exclamé-je.
Aucune réponse. Je m'arrête en fronçant les sourcils et tends l'oreille. Pas un bruit. C'est bizarre, d'habitude il rapplique aussitôt.
- Sors de ta cachette si tu veux tes croquettes, insisté-je.
Toujours pas de réponse. À moins que...
Je crois alors entendre des miaulements se faufiler jusqu'à mon appartement depuis l'extérieur. Bordel, la fenêtre, j'ai laissé la fenêtre ouverte !
Merde, merde, merde.
Je me précipite vers l'encadrement et passe une tête dehors en scrutant les étages inférieurs. Je cherche cette crapule partout mais ne le vois nulle part. J'entends soudain un nouveau miaulement, cette fois-ci au-dessus de ma tête.
Je lève le nez et aperçois la queue noire de Réglisse dépasser de la terrasse de... Caleb.
Non, non, non.
Comment a-t-il fait pour grimper jusque-là ? Par la gouttière ? Par le rebord des fenêtres ? Putain il ne pouvait pas choisir un autre appartement ? Quelle bourrique !
- Réglisse ! Psstt Réglisse ! Redescends immédiatement espèce d'idiot, ordonné-je au chat, en gesticulant mes bras dans tous les sens pour qu'il me comprenne.
Réglisse fait alors passer sa tête entre les barreaux de la terrasse pour m'observer d'un air farceur et satisfait, sans bouger d'un poil. Puis il fait un dernier miaulement avant de disparaître de ma vue.
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Monomanie - Tome I - Rouge passion
RomantizmSa peau. Son parfum. Son regard. Pourquoi ce voisin m'obsède-t-il ? Que cache cet homme arrogant ? Il ne laisse dans son sillage que doutes, mystères et questions sans réponses. Ses yeux bleu lagon agitent mes nuits. Sa froideur hante mes jours. J...