lui

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jeff,
il y a quelques années
un garçon me disait je t'aime
il perçait mon corps
il le piétinait
il m'accablait de mots
il était sans poésie
il était infâme
pourtant je prenais ses je t'aime
comme on cueille un trèfle à quatre feuilles
avec délicatesse et avec soin
une parole douce de sa part était si rare
que je transformais chacun de ses mots
pour qu'il entaille moins mon cœur
jeff, je cherchais un sauveur
mais c'était de lui qu'il fallait me sauver
je me suis tournée vers le chasseur
pourquoi diable y suis-je allée

jeff, je ne connaissais pas les belles âmes
je ne connaissais que les cœurs froids
alors si le sien dégelait un petit peu, j'étais heureuse
je demandais simplement qu'il m'aime
je me contentais de cela
j'aurais mendié pour un mot d'amour
alors je lui ai confié mon corps
avec dégoût,
avec hésitation
j'ai cédé, jeff
j'en ai tellement honte
personne ne sait
personne ne sait à part toi

je me souviens encore de sa façon menaçante de prononcer ses phrases
je me souviens encore de son visage
je n'ai plus rien de lui
seulement quelques mots écrits
je le suppliais de rester
je pensais que j'allais mourir sans lui
mais c'est lui qui m'a tuée

oh jeff,
comme je déteste l'avoir aimé

les fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant