jeff, j'aime ce qui est brut
les bars inchangés avec des journaux accrochés
"war is over"
ta voix au téléphone
ta voix que je connais par cœur et qui pourtant me surprend toujours
le son brouillé des enregistrements spontanés
tes mots gribouillésjeff, j'aime ta beauté
la tenue que tu as piquée à merri
les fleurs ficelées à ta guitare
tes mots sur l'amour et sur la grâce
tes mots sur le temps et sur l'orgasme
tu me fais rirecomment a-t-il osé vivre à ce point ?
à croire qu'on l'a puni pour ça
pourtant, moi aussi, j'aurais bien aimé
vivre de cette manière-là
j'aurais bien aimé le voir faire son art
et ne pas le découvrir trente ans après
j'aurais bien aimé dormir dans ses bras
pas dans des draps frais
écouter les grillons, l'été
le son des vagues
sans s'y baigner
j'aurais aimé tenir sa main
au lieu de jouer avec mes bagues
j'aurais aimé l'écouter chanter
au lieu d'écouter les grillons
et parler avec lui à trois heures du matin
au lieu d'écrire des poèmesjeff, j'aurais aimé t'aimer au lieu de te pleurer.
