jeff, ce soir j'ai voulu pleurer devant mon repas.
revenir le week-end était la promesse de manger bien, à ma faim
et pourtant ce soir je ne pouvais pas
je fixais ma pizza, les yeux remplis de larmes et d'incertitude.je déteste ne pas pouvoir manger, jeff.
je déteste l'anxiété de me donner des noms de folle,
je déteste rentrer le soir en écoutant le bruit des pas du mec qui me suit du regard
je déteste les filles blondes qui s'imaginent que le monde est à leurs pieds
je déteste ne pas pouvoir aller me coucher
je déteste avoir peur de t'oublier.c'est septembre, jeff.
le premier qu'on passe à deux.
le premier à l'université,
le tout premier.j'aime ma ville.
je m'y sens chez moi.
les trottoirs de sable rose,
les grands boulevards,
les carrefours.ma ville me prend dans ses bras.
elle me dit "mon enfant tu es revenue"
elle n'y croyait plus.et pourtant je lui tiens la main tous les jours,
à cette deuxième mère qui m'a vue naître
je m'endors dans ses bras,
elle me chuchote des contes depuis la chapelle désacraliséej'ai vue pomme là-bas,
ou devrais-je dire ici,
et mon âme revit.
