triste

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jeff, ce soir je me sens triste. dream brother hurle dans ma chambre mais personne ne répond. les fenêtres grandes ouvertes, l'attente que quelqu'un escalade, qu'il me tue ou qu'il me prenne dans ses bras. l'attente que tu reviennes, désespérément. l'attente, toujours l'attente. je ne fais que ça : attendre. et j'en ai marre. j'attends les larmes, le bonheur, l'amour, la fierté, l'été, les fleurs imprimées. j'attends toujours, jeff. et maintenant que j'ai commencé, je me dois de persévérer. mais mes jambes fatiguent, ma tête est débranchée, elle a un vieux bug qui ne veut pas s'en aller, et puis on est en mai et mes mains continuent de trembler. que faire, jeff ? si je m'arrête, je ne repartirai jamais. j'essaie de me doper avec tout ce qui me passe sous la main : les nuits, ta voix, le soleil, les bras des autres. mais rien ne remplace des yeux, rien ne remplace mon oncle, rien ne remplace le monde. jeff, j'ai peur. je ne veux pas tomber. je cours sur un fil qui tient encore, je ne sais pas comment. je dois être adroite, pourtant je regarde sans cesse en bas. je ne sais pas si je regarde réellement le futur ou si je fuis le passé, probablement un peu des deux. je n'ai jamais regardé le présent dans les yeux, il serait temps de le faire, mais je regarde toujours en arrière car tu es resté là-bas. et même si tout le monde avance, moi je refuse de lâcher ta main. je refuse de t'abandonner. si je vois la suite, tu dois la voir aussi. tu dois voir les grandes vagues, les plages interminables, les beaux jardins, mes yeux bleus. tu dois empiler les calendriers. celui de 1997 s'est arrêté, mais je t'emmène partout avec moi, jeff. je te montre tout, des fenêtres aux parterres de lilas. je te montre les nouvelles voix, les nouveaux soleils, les nouveaux mondes, tout en voulant vivre dans le tien. la prochaine fois que tu passes, pense à venir me chercher. peu importe où tu vas, je te suivrai, je partirai. je laisserai tout derrière et je marcherai avec celui qui me retenait au siècle passé. mais que tu reviennes ou pas, sache que je ne te lâcherai jamais. tu es toujours avec moi, dans le pendentif que je porte et dans le CD qui voyage avec moi. tu es sur mes bagues, comme une fée entre mes doigts. tu es sur mes feuilles de philosophie, dans mes insomnies, tu es hier et aujourd'hui. et aujourd'hui se renouvelle, comme les fleurs et la pluie. ne lâche pas ma main, jeff, je te promets que je suis là, je te promets les nouveaux jardins et la paix, je te promets de ne pas t'oublier, jamais, jamais, jamais. tu pourrais te reposer dans le creux de ma main, rien ne t'atteindrait, tu pourrais laisser toutes tes larmes couler, tu pourrais simplement vivre et aimer, prendre une respiration douce et paisible, le cœur allégé, les yeux nouveaux, prêts à accueillir plus, mais gardant cette mélancolique urgence de vivre, cette urgence que tu me transmets lorsque j'écris parfois, lorsque je n'ai pas le temps mais que je voudrais l'avoir, lorsque les mots se bousculent et que mai et juin se fondent. juin est à peine arrivé qu'il finit déjà, oui je n'avais pas le temps et je reviens à toi, mai et juin se fondent et je t'aime, jeff, je te promets, je te promets.

les fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant