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La pluie battante martelait le sol, mêlant ses larmes à celles de la terre assoiffée. Elle battait tellement contre ma peau, qu'elle alliait ses gouttes d'eau claires à mes larmes invisibles.

Chaque goutte semblait résonner avec les émotions tumultueuses qui faisaient rage en moi, une tempête intérieure aussi violente que celle qui grondait autour de nous. Le champ de bataille était un tableau chaotique, une danse macabre entre la vie et la mort. Peter et moi, autrefois unis dans un amour improbable, étions désormais en opposition, nos épées tranchantes comme les mots acérés qui volaient entre nous.

— Abi', souviens-toi, sa voix cassée par l'effort résonnait dans l'air, portant une douleur qui ébranlait mon cœur. C'est nous deux ensemble, jusqu'à la fin.

Je resserrai ma prise sur mon épée, mes muscles tendus par la rage et la douleur. 

— Je me souviens de tout, Peter. Je me souviens de chaque mensonge, de chaque trahison. 

Les larmes se mêlaient à la pluie, emportées par le vent qui balayait le champ de bataille. Nous nous battions, mais ce n'était pas seulement contre l'autre. C'était contre nous-mêmes, contre les démons qui hantaient nos âmes tourmentées.

Putain, je serais prêt à brûler ce monde pour toi, ses mots étaient un écho de désespoir, une déclaration de loyauté dans un océan de trahison. Reviens-moi, Abigail. J'ai besoin de toi

Ma lame fendit l'air, cherchant à briser la barrière invisible qui nous séparait. Une décharge électrique sembla parcourir mon corps alors que ses paroles résonnaient en moi. Brûler le monde pour moi ? C'était une folie, une déclaration d'amour teintée de désespoir qui me frappa, malgré moi, en plein cœur.

— Tu n'as besoin de personne, Peter. Tu n'as jamais eu besoin de personne, crachai-je, ma voix rauque de colère contenue.

— Abigail, écoute-moi, insista Peter, ses yeux verts émeraudes cherchant les miens malgré le tumulte qui nous entourait. Je sais que tu es encore là, quelque part au fond de toute cette haine, de toute la manipulation que l'Ombre a pu construire autour de ton esprit. Laisse-moi t'aider à revenir. A me revenir.

Les éclairs illuminaient le ciel sombre, éclairant nos visages tendus par la tension. Nous nous battions, mais nos coups étaient moins violents, nos gestes plus hésitants. Car au fond de nous, nous savions que nous ne voulions pas nous faire de mal.

Alors que la pluie redoublait d'intensité, je sentis quelque chose changer en moi. Les paroles de Peter résonnaient dans mon esprit, faisant remonter des souvenirs enfouis, des émotions oubliées. Et malgré moi, je sentis une fissure se former dans l'armure de haine qui enveloppait mon cœur.

Peter le remarqua aussi, ses yeux sombres reflétant la surprise mêlée à l'espoir. Il continua à me parler, à ouvrir son cœur dans un ultime effort pour me ramener à la lumière. 

Je vacillai, mon épée s'abaissant alors que les émotions tourbillonnaient en moi. La pluie ruisselait sur mon visage, mêlant mes larmes à ses propres larmes célestes. Pour un instant, juste un instant, je revis les souvenirs de notre passé, les moments de tendresse et de camaraderie qui semblaient si lointains maintenant.

— Peter..., soufflai-je, ma voix à peine audible au milieu du fracas de la bataille.

Mais alors que le ballet mortel que nous menions jusqu'alors s'était subitement suspendu, une Ombre surgit de nulle part, brisant l'équilibre fragile de notre duel. L'Ombre du Chaos, son rire sifflant remplissant l'air, se jeta sur nous avec une férocité impitoyable.

Avec un cri de rage, elle se projeta vers notre duo, déterminée à nous séparer une fois pour toutes. Sans crier gare, je formais un bouclier de protection autour de nous, me retournant ainsi contre l'Ombre, utilisant la force qu'elle avait cherché à corrompre pour la repousser. L'étonnement se peignit sur son visage tordu de colère alors qu'elle réalisait que sa marionnette lui échappait.

— Je t'ai donné la toute-puissance, ses mots étaient un grondement menaçant, empli de colère et de déception. Et c'est ainsi que tu me remercies ? 

Je fus prise de court par sa présence soudaine, mais je refusai de fléchir devant elle. 

— En réalité, je n'ai jamais eu besoin de ton aide, l'Ombre, contrairement à toi, sifflais je. Tu n'es rien de plus qu'une créature pathétique en quête de pouvoir.

Elle ricana, un son glaçant qui fit frissonner mon échine. 

— Si il y a bien une chose que je déteste, c'est les petites créatures dans ton genre qui ne sont pas loyales, cracha-t-elle avec mépris. Le regret d'avoir oser me trahir fera que tu supplieras la mort elle-même de venir te chercher pour assouvir tes souffrances. Elle marqua une pause, ses lèvres s'étirant en un sourire malveillant. Oh ! J'oubliais... Je suis la mort, et je ne te l'accorderai jamais, ma jolie poupée de chair et de sang. Tu mérites un châtiment bien pire. 

Un frisson glacé parcourut mon échine, mais je me retins de reculer. Mes poings se serrèrent, une rage sourde brûlant dans mes veines. 

— Je ne crains plus tes menaces, sale entité maudite ! M'écriais je, ma voix portant au delà du torrent qui s'abattait désormais sur nous.

Mais alors que je me préparais à affronter son courroux, Peter s'interposa, son regard résolu défiant l'obscurité qui menaçait de nous engloutir. 

— Tu ne la toucheras pas, déclara-t-il avec une détermination implacable. Ou alors, il te faudra m'éliminer. 

L'Ombre ricana, ses yeux brillant d'une lueur malveillante. 

— Aucun problème, Roi Déchu, cracha-t-elle avec mépris. Ainsi, vous souhaitez du spectacle ? Vous allez en avoir. 

Et alors que la foudre illuminait le ciel sombre, l'Ombre du Chaos se lança dans une danse mortelle, ses mains invoquant une tempête d'ombres autour de nous. Dans un mouvement désespéré, elle lança un jet de magie noire en direction de Peter, son rire cruel remplissant l'air. Mon cri de détresse se mêla au grondement du tonnerre alors que je me précipitai vers lui, une vague de terreur me submergeant.

En cet instant, je sentis quelque chose en moi changer. Une force, longtemps enfouie, émergea à la surface, et sans réfléchir, je me plaçai entre Peter et le jet de magie noire. La douleur qui déchira mon corps fut comme un éclair dans l'obscurité, mais même alors que je vacillais, je sentis une force nouvelle m'envahir. Et dans un éclat de lumière et de clairvoyance, je compris enfin une chose : rien, pas même l'Ombre du Chaos, ne pouvait briser le lien qui m'unissait à Peter Pan.



peter pan & le retour au pays des songes [peter pan x oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant