L'énigme Du Cœur Brisé

Ceci est une invitation (2/2)

Neuf ans, depuis que Marta était au service des Mcgareth. Dès huit heures, elle passait d'abord faire le ménage dans la résidence secondaire, en vue de laisser aux maîtres de maison, le temps de s'affairer dans la principale, évitant ainsi toute interruption intime.

Le jeune couple était rarement présent, la plupart du temps il n'y avait que Mcgareth, mais il battait les oiseaux à la course, jamais il ne restait passer plus d'une semaine.

Tout en fredonnant elle gravit les escaliers, préférant ces derniers à l'ascenseur qu'elle trouvait trop lente, une pile de draps proprement pliée sur les bras, elle se dirigeait vers la chambre principale.

Elle tira sur la poignée de la grande porte qui s'ouvrit silencieusement, tout en laissant filer un rayon de soleil qui semblait aux aguets depuis des lustres.

Marta pénétra dans la pièce, se déchargea de son faix qu'elle déposa sur une table, puis s'appliqua à lier les rideaux qui obéirent à ses moindres gestes sans réticences.

- Oh ! fit Marta stupéfiée portant ses mains à sa bouche lorsqu'elle s'approcha du lit pour enlever les draps.

Une masse informe, enveloppée de tout le long dans un drap blanc occupait la totalité du grand lit.

Qu'est ce que c'était ? Reprenant ses esprits, elle courut chercher un balai. Bondissant de quatre en quatre les escaliers.

Marta n'était pas jeune et cette course avait fini par avoir raison de sa respiration qui saccadait. Mais peu fallait pour l'arrêter, pas question d'abandonner.

Armée de son balai, elle remontait vers la chambre, curieuse de savoir ce qu'était cette... chose drapée. Avec la pointe de son arme, elle donna deux coups à la masse, ce qui la fit bouger.

" Mais ça bouge ! ", sa curiosité était plus grande que la peur, elle tapa encore une deuxième fois, et entendit comme un ronronnement, ou peut être un grognement, en tout cas le son rentrait mal dans ses oreilles, pourtant si fines.

Sur la pointe des pieds, à pas de loups, elle s'approcha plus près du lit. D'une main bravée par un intérêt grandissant, elle tira le drap d'un coup, laissant place à une Rosa encore toute ensommeillée.

- Martha ! Mais qu'est-ce que vous faites ? la jeune femme se frotta les yeux, se demandant ce que Marta avait bien pu avoir, pour la réveiller de cette façon là.

- Oh madame ! J'ai eu l'une de ses peurs.

Elle posa une main sur son cœur qui semblait vouloir se défaire de cette étreinte, soulagée.

- Mais de quoi ? À quoi vous attendiez vous Marta ? À voir une extraterrestre tout droit sortie de Mars ?

- Oh Dieu merci madame ça n'a été rien de tout ça, sinon je crois que mon cœur aurait lâché.

Marta avait une façon comique de s'exprimer et elle était de loin la seule domestique que Rosa supportait, elle l'affectionnait même.

Tout en continuant à balayer l'air de ses lourdes mains de mouvements incohérents , elle poursuivit.
- C'est que vous dormez rarement dans cette maison, ça ne m'a même pas effleuré, que ce pouvait être vous.

Rosa ne comprenait sans doute rien aux palabres de Marta qui continuait à lui déblatérer un tas de discours, puisqu'elle n'y prêta plus attention.

Il faisait déjà jour de toutes les façons, autant quitter son confort et laisser Marta faire son travail. Quittant les draps, Rosa descendit du lit, se glissant mollement, faisant par la suite un innombrable de plis sur son passage.